
Plus de mille ans que Marie agit pour les hommes à Foggia (1001)
En avril 1001, un noble de la région de Foggia (Pouilles, Italie) fait un rêve étrange : il voit la Vierge Marie à l’intérieur d’un faisceau de lumière. Peu après, il part à la chasse dans une forêt jouxtant Foggia. Là, une lumière magnifique illumine subitement un chêne et le fait tomber de cheval. Pris de panique, il s’agenouille près de l’arbre et entend une « voix » qui l’invite à bâtir une chapelle. Puis la lumière disparaît, découvrant la présence sur une branche du chêne d’une statue de la Vierge, identique à celle qu’il vit en songe la nuit précédente. Cette apparition mariale, la plus ancienne de la péninsule italienne, a donné naissance à un pèlerinage parmi les plus importants. En 2001, l’Église a célébré avec faste le millénaire de l’apparition, mettant en relief la continuité du sanctuaire et du pèlerinage sur une durée de dix siècles.
Les raisons d'y croire
Les événements de Foggia sont extrêmement bien documentés. Depuis le XVIIe siècle, trente-trois livres ont été écrits à ce sujet par divers chroniqueurs, historiens, théologiens, sociologues, philosophes et psychologues.
Foggia n’est pas une « pieuse légende », la documentation historique prouve au contraire l’existence du sanctuaire dès le XIe siècle, ce qui correspond effectivement à l’époque des apparitions. Un rescrit de Ruggero II (1140) fait don de la statue couronnée à saint Guillaume de Verceil († 1142), fondateur de l’ordre de Montevergine ; une bulle pontificale datée de juillet 1156 met le sanctuaire sous la protection de l’évêque du diocèse de Troia (Pouilles, Italie).
Une tradition ininterrompue depuis le XIe siècle rapporte qu’en 1001, un berger nommé Strazzacappa met par dévotion une lampe à huile à brûler sur la branche du chêne de l’apparition. Sa flamme brûle de manière inexpliquée pendant des mois sans que le niveau de l’huile diminue, bien que les pèlerins en recueillent de grandes quantités et que les malades en soient oints.
La statue actuellement vénérée est de style roman, assise sur un trône avec l’Enfant Jésus dans les bras. Des analyses au carbone 14 ont permis de dater cette statue du XIIe siècle. Cette information ne contredit en rien la date de l’apparition (1001). Comme en de nombreux cas, il est probable que la statue originelle ait été simplement remplacée par une copie ultérieure, pour cause de perte, de vol ou de destruction accidentelle…
Depuis le XIe siècle, le sanctuaire n’a cessé de se développer : à la petite église originelle a succédé au début du XVe siècle une abbaye prestigieuse et, en 1950, l’endroit est transformé en un vaste complexe religieux dédié à la Vierge Marie, grâce à des dons et des aides diverses.
La fidélité des pèlerins a surmonté de façon inexplicable tous les aléas de l’histoire : conflits médiévaux entre cités italiennes, guerres napoléoniennes, redécoupage de l’Italie au XIXe siècle, rivalité entre républicains et papauté, crises économiques et sociales au tournant du XXe siècle, Seconde Guerre mondiale… L’apparition de « l’Incoronata » (« la couronnée ») à Foggia est fêtée le dernier samedi d’avril et le 1er janvier, date à laquelle l’Église célèbre Marie, en tant que mère de Dieu.
La pérennité du sanctuaire et la vitalité du pèlerinage, depuis le début du XIe siècle, et malgré les nombreuses vicissitudes de l’histoire dans cette partie de l’Italie, témoignent non seulement de l’extraordinaire engouement de toute la société pour ce lieu, mais aussi de l’origine surnaturelle des faits : l’amorce d’une dévotion locale ne peut pas provoquer un pèlerinage multiséculaire de cette dimension si, au commencement, les faits surnaturels allégués ne sont pas vrais.
De plus, le nombre de guérisons médicalement inexplicables qui sont recensées au sanctuaire ne cesse de croître. Ces guérisons physiques et spirituelles traduisent la présence et l’action de Dieu et de sa Mère à Foggia.
En savoir plus
Au mois d’avril 1001, le comte Guevara d’Ariano, aristocrate italien de la région de Foggia, dans les Pouilles, fait un songe étrange durant lequel il voit une statue de la Vierge Marie tenant l’Enfant Jésus. L’apparition, magnifique, toute baignée dans une lumière indescriptible, est plus réelle que la réalité quotidienne.
Peu de temps après, le comte part à la chasse comme il en a l’habitude. Parvenu dans un bois proche de Foggia, il est brusquement désarçonné : une clarté surnaturelle vient d’apparaître au pied d’un grand chêne. Il tombe de cheval et entend une « voix » féminine qui lui dit : « Mon enfant, je suis la Mère de Dieu et je veux que me soit érigée une chapelle pour y être vénérée par les fidèles pour qui je demande à Dieu beaucoup de grâces. »
Aussitôt après, la clarté disparaît, faisant apparaître sur l’une des branches du chêne une statue mariale couronnée. Le comte s’approche, bouleversé : il s’agit de l’œuvre qu’il a vue dans son rêve.
Dans les jours qui suivent, un paysan nommé Strazzacappa se rend près du chêne, où il allume une lampe à huile artisanale en l’honneur de la Madone. Tous les témoins sont frappés d’étonnement : l’huile éclaire la lampe sans interruption pendant de longs mois, jour et nuit, sans que son volume diminue. Pourtant, les pèlerins prélèvent constamment de cette huile pour parents et malades.
Le comte Guevara d’Ariano fait ériger une chapelle, de dimensions modestes. Ses vestiges sont localisés sous l’autel de l’église actuelle. Dans l’année qui suit, les gens accourent sur les lieux pour vénérer cette action de Dieu. Des guérisons sont alléguées régulièrement et il va en être ainsi jusqu’à nos jours.
A. Bianchi, archiviste et historien du site qui a contrôlé le bien-fondé de la tradition du XIe siècle, a démontré que les bras primitifs de la statue originelle avaient été lacérés et que l’Enfant Jésus avait complètement disparu. Le 24 mai 1987, saint Jean-Paul II vient en pèlerinage à Foggia. À cette occasion, en présence de trente mille personnes, il replace une statue de l’Enfant Jésus (réalisée en mars 1987 par la « ditta Atelier ») dans les bras de la statue de Marie.
Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.
Aller plus loin
René Laurentin et Patrick Sbalchiero, « Foggia (Italie) », dans Dictionnaire des « apparitions » de la Vierge Marie, Paris, Fayard, 2007, p. 355-357.
En complément
Abbé Pouget, Histoire des principaux sanctuaires de la Mère de Dieu, t. 2, Paris et Lyon, 1847, p. 67-86, et t. 4, 1847, p. 182-197.
G. D’Onorio De Meo, L’Incoronata di Foggia, Foggia, Ed. Santuario dell’Incoronata, 1975.
Domenico Marcuzzi, Santuari mariani d’Italia, Rome, Ed. Paoline, 1982, p. 83.