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Les saints
Italie et Europe centrale
Nº 496
1393 – 1476

Jacques de la Marche transmet la foi catholique à travers l’Europe (+1476)

Né le 1er septembre 1393 à Monteprandone (Marches, Italie), Jacques de la Marche devient un religieux franciscain parmi les plus célèbres de la péninsule italienne, en particulier pour ses talents exceptionnels de prédicateur. Doué sur le plan intellectuel, il se voit confier diverses missions diplomatiques et pastorales par les autorités de l’Église catholique, en Italie, en Pologne, en Bohême, en Bosnie et en Hongrie. Il y consolide l’autorité du pape et transmet la foi catholique à des groupes en marge de l’Église romaine. Ses contemporains voient en lui un « ami » privilégié de Dieu.


Les raisons d'y croire

  • Jacques n’hésite pas à prêcher devant des auditoires franchement hostiles à la foi catholique, car il sait apporter des arguments théologiques décisifs aux détracteurs du catholicisme.

  • Que cela soit en Allemagne, en République tchèque ou en Italie, ses succès d’évangélisation sont à tel point retentissants qu’on ne peut pas leur attribuer une cause uniquement naturelle. Deux cents jeunes gensse convertissent en une seule journée dans une ville d’Allemagne de l’Ouest où il venait de prêcher. En Norvège et au Danemark, on a calculé qu’il a administré le baptême à deux cent mille personnes. Les prédications de Jacques suscitent systématiquement les conversions des personnes qui l’écoutent, ainsi que des vocations religieuses et sacerdotales nombreuses : certes, son éloquence naturelle est grande, mais elle est surtout mise au service de la vérité et d’une foi absolue en Jésus-Christ.

  • Jacques a servi plusieurs papes successifs sans jamais, à aucun moment, qu’il soit question de remettre en cause la validité de ses écrits, de ses sermons ou de ses négociations avec les gens éloignés de la foi catholique.

  • Légat apostolique pour l’Europe centrale, il ne se contente pas d’accomplir sa mission diplomatique, mais il fonde parallèlement des couvents franciscains dans les villes où il séjourne. Il poursuit ces fondations de communautés jusqu’au soir de sa vie, faisant preuve d’une énergie sans pareille et d’un courage surhumain dans le contexte troublé du XVe siècle. Il atteste puiser lui-même son énergie dans la méditation de la vie de Jésus, à laquelle il songe à chaque étape importante de sa journée et de sa vie. Toutes ses réalisations, novatrices, puissantes et durables, tirent leur origine non d’une pensée humaine, mais des prières du bienheureux.

  • Plusieurs événements surnaturels sont rapportés dans la vie de Jacques de la Marche. En Italie, un batelier refuse de lui faire traverser le Pô sur son embarcation. Voyant cela, Jacques étend son manteau sur les flots et gagne l’autre rive sans difficultés.

  • Un autre jour, un homme qui vient d’entendre un sermon de Jacques sur l’impureté se sent personnellement visé. Il se poste discrètement sur son passage pour l’assassiner. Ce qu’il ignore, c’est qu’il se trouve à l’intérieur d’un sanctuaire marial. Il entend une voix féminine courroucée : « Malheureux ! Que fais-tu en ma présence ? Tu veux faire mourir mon serviteur et le serviteur de mon Fils ! » Le coupable, apeuré, renonce à son criminel dessein et raconte autour de lui sa frayeur.

  • À Prague, les hérétiques lui promettent de se convertir s’il est capable d’accomplir un miracle devant eux pour prouver que Dieu est avec lui. Après avoir invoqué le nom de Jésus et fait un signe de croix, Jacques avale un breuvage empoisonné, sans en ressentir le moindre effet.

  • Jacques de la Marche est proclamé bienheureux le 12 août 1624 par le pape Urbain VIII, puis canonisé par Benoît XIII le 10 décembre 1726, après que plusieurs guérisons survenues sur son tombeau ont été analysées et authentifiées.

  • Son corps est resté intact plusieurs années après sa mort, survenue le 28 novembre 1476, comme le prouvent les procès-verbaux successifs. En 2001, la dépouille est transférée de l’église du couvent Santa Maria la Nova de Naples jusqu’au sanctuaire Santa Maria delle Grazie, qu’il avait lui-même fondé à Monteprandone, en 1449. Aujourd’hui, les fidèles viennent encore le vénérer ; son corps, anormalement préservé, repose dans une magnifique châsse.


En savoir plus

Originaire de la Marche d’Ancône, en Italie, plus précisément à Monteprandone, Jacques, né le 1er septembre 1393, commence sa scolarité à Ascoli Piceno, qu’il poursuit à Pérouse en suivant un cursus universitaire de droit. En 1412, il est nommé juge à Bibbiena (Toscane, Italie), puis secrétaire communal à Florence.

Mais, depuis son adolescence, son projet de vie est différent. Son avenir est tout tracé : il sera religieux ou rien. Il désire d’abord devenir chartreux pour vivre réellement la radicalité de l’Évangile. Mais, dans sa région, des religieux franciscains lui font changer d’avis. En 1415, il frappe à la porte du couvent de la Portioncule, à Assise, où saint François avait vécu.

Ce choix est le bon. Dès son noviciat, accompli à l’ermitage des Carceri, il manifeste des qualités humaines et religieuses hors pair. Modèle d’humilité et d’obéissance, ses supérieurs découvrent en lui une recrue exceptionnelle. Son ascétisme draconien, qui aurait singularisé tout autre religieux (il mange très peu – jamais de viande, se contentant de pain et d’un peu d’herbe – et dort trois heures par nuit) s’inscrit harmonieusement dans la vie franciscaine telle qu’il la conçoit et telle qu’elle sera appliquée dans les couvents qu’il fondera.

Il fait sa profession religieuse le 1er août 1416, avant d’être ordonné prêtre à San Miniato, dans la province de Pise, en 1422. Commence alors pour ce jeune religieux zélé une illustre carrière de prédicateur. Élevé dans un milieu porteur en matière intellectuelle, lisant et méditant constamment la Bible, il possède une vaste culture classique et religieuse et apporte des arguments théologiques décisifs aux détracteurs du catholicisme.

Dès le 11 octobre 1426, le pape Martin V charge Jacques, âgé de trente-trois ans, de lutter contre les hérésies répandues en Europe, dans le contexte très difficile du grand schisme d’Occident. Le pape apprécie non seulement les qualités diplomatiques du bienheureux, mais aussi la profondeur de sa foi et la charité qu’il manifeste à l’égard de tous.

Il se retrouve à Prague, face aux hussites, qui ont été condamnés au concile de Constance (1414-1418), mais, en 1433, il parvient à une solution diplomatique avec une partie d’entre eux. Le 1er avril 1432, il est nommécommissaire général de l’Observance en Bosnie. Là, il réconcilie les Franciscains conventuels (partisans d’assouplissement de la règle primitive de leur ordre) et les Franciscains de l’Observance (favorables au maintien des observances originelles).

Le 22 avril 1436, le pape Eugène IV lui confie une mission difficile en Europe centrale : il devient inquisiteur pour l’Autriche et la Hongrie. Il s’en sort admirablement, sans violence, en convainquant catholiques et groupes spirituels divers de se réconcilier, prenant Jésus pour seul exemple. Puis il participe au concile de Ferrare-Florence (1437-1439), où, à l’arrivée de l’ambassade grecque venue demander de l’aide face à la menace turque, Jacques évoque avec quelques évêques la possibilité d’une réunion des Églises orientale et occidentale. Il rentre en Hongrie le 1er décembre 1438.

Dans les pays scandinaves, il baptise lui-même deux cent mille personnes, et chacune de ses prédications est ponctuée de prodiges et de guérisons diverses. Jacques reprend ses prédications à travers la péninsule italienne à partir de 1440 et il fait la connaissance de deux des plus grandes figures spirituelles de l’époque : saint Bernardin de Sienne, en qui il voit son père spirituel, et saint Jean de Capistran . Il s’intéresse à la fois à la vie quotidienne des simples gens, mais aussi aux princes et aux gouverneurs des cités. Il réconcilie les villes d’Ascoli et de Fermo en 1446 et 1463, rédige de nouveaux règlements juridiques pour onze villes, crée des confréries de clercs et de laïcs, fait creuser des puits et des citernes publiques, réalise l’édification de couvents, d’écoles, de bibliothèques et d’églises, parmi lesquelles, en 1430, le sanctuaire Maria Santissima dei Lattani, à Roccamonfina (Italie, Campanie).

C’est uniquement par l’exemple que Jacques veut convertir et persuader. C’est pour cette raison qu’il vit lui-même une vie ascétique dure et permanente. En tous lieux, il invoque le saint nom de Jésus en faveur duquel son maître spirituel, saint Bernardin de Sienne, l’a informé. Cette dévotion au nom de Jésus synthétise à ses yeux le mystère de l’Incarnation – Jésus, vrai homme et vrai Dieu –, dans toute son étendue dogmatique et morale : merveilleuse aide pour transmettre la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ à des hommes ignorants en matière spirituelle.

En 1475, le pape Sixte IV l’envoie en mission diplomatique à Naples, près du roi Ferdinand. Là, il ne s’installe pas au couvent de l’Observance mais dans la solitude la plus complète, pour échapper à une popularité dont il se juge indigne. Il y meurt en paix le 28 novembre 1476.

Des miracles surviennent près de sa tombe, dans l’église du couvent Santa Maria la Nova de Naples. Il est béatifié le 12 août 1624 par le pape Urbain VIII. En 1726, le pape Benoît XIII proclame sa sainteté. Le corps de Jacques est incorrompu depuis le XVe siècle. Les fidèles viennent le vénérer depuis 2001 dans l’église du sanctuaire de Santa Maria delle Grazie, qu’il fonda lui-même en 1449. Patron de Mantoue et copatron de Naples, Jacques de la Marche, par ses hauteurs de vues, son art de la prédication et l’exemple de toute sa vie, ouvre la voie aux grandes missions populaires modernes, notamment celles des Jésuites et des prédicateurs français.

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Au delà

Jacques de la Marche se considère lui-même avant tout comme un fragile instrument entre les mains du Seigneur : il met ses dons naturels au service exclusif de l’Évangile, en réconciliant adversaires et villes, en construisant couvents et églises, en implantant de nouvelles infrastructures publiques...


Aller plus loin

Abbé Fr. Lachère, La Vie de saint Jacques de la Marche, religieux-prêtre de la régulière Observance de Saint-François, Joseph Sirot, 1728.


En complément

  • Abbé L. Jaud, Vie des saints pour tous les jours de l’année, Mame, 1950.

  • San Giacomo della Marca e l’altra Europa. Crociata, martirio e predicazione nel Mediterraneo Orientale. Actes de la Conférence d’étude internationale, Monteprandone, les 24 et 25 novembre 2006. Par Fulvia Serpico, Sismel Edizioni del Galluzzo, 2007.

  • Giacomo della Marca tra Monteprandone e Perugia. Actes de la Conférence internationale d’études, Monteripido, 5 novembre 2011. Par Fulvia Serpico et Luigi Giacometti, Sismel Edizioni del Galluzzo, 2012.

  • Sur le site Santi e Beati, l’article «  San Giacomo della Marca  ».

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