Vendredi 5 décembre 2025
S'il y a une pureté parfaite, il y a des purifications possibles
5 décembre – Italie : Notre Dame de l'Annonciation (1470)
L’Église nous a appris qu'une créature est demeurée parfaitement en place au milieu de la déroute universelle. Immobile et non pas rétablie ; inviolée et non pas guérie ; droite et non pas rectifiée. Celle qui aux sources de son être n'a pas connu autre chose que l'ordre.
Et ce qui nous touche, ce qui nous est précieux, à nous hommes plongés dans l'épaisseur de notre aventure, le voici : elle est la Sainte Vierge, mais elle est une femme ; de notre chair et non pas un ange ; engagée comme nous dans un monde de péchés, et cependant intacte. Tendre, aimante, douloureuse comme toute femme. Et cependant admirablement juste ; alors même qu'elle ne sait pas, qu'elle ne comprend pas, qu'elle tremble, qu'elle est déchirée d'angoisse, n'inclinant jamais si peu que ce soit hors de la ligne impeccable.
Ainsi donc, si gauchie que soit notre humanité, si universel le mensonge, si empoisonnés les éléments et l'air, si pesante soit la loi de la trahison de l'esprit et de la chair, si désespéré soit ce monde où partout notre regard voit, en perçant le dehors, les incurables compromissions ; ainsi donc, il y a parmi nous, il fut parmi nous un être intact, charnel et absolument pur, temporel et cependant dans la vérité absolue !
Comment, à cette nouvelle d'une exception à la loi d'airain, ne pas frémir ! S'il y a une pureté parfaite, il y a des purifications possibles. S'il y a une rectitude, il peut y avoir des redressements. Dans l'universelle déviation, il y a un axe, et non pas céleste seulement, mais traversant notre terre, notre chair. Oui, l'Immaculée Conception est le point central autour duquel gravitent toutes les questions spirituelles, c'est-à-dire l'ordre des pensées ; éternelles, c'est-à-dire de destination divine ; et charnelles, c'est-à-dire de condition humaine.
Heureux l'homme ayant enclos dans son regard et introduit dans sa sensibilité le principe de la pureté, aura le courage de se laisser juger par lui, et, sans cesse se dégageant des compromissions, ramènera sa vie à l'axe unique de la création.
Paul Doncoeur (1880-1961). Prêtre jésuite et écrivain français