
Petits oiseaux
Mise en contexte
Cette Récréation Pieuse prend une place à part parmi les autres pièces théâtrales, car elle s’apparente au genre poétique avec ses 26 couplets, empreints d’une grande portée spirituelle. Thérèse l’a en effet pensée comme une petite célébration, pour la veillée de Noël du 25 décembre 1895. Chacune, l’une après l’autre, « par rang de religion », les sœurs viennent piocher un couplet, qui contient une offrande différente. L’heureuse destinataire du billet est invitée à présenter cette offrande à l’Enfant Jésus qui vient, cette nuit-là, tel un Divin petit mendiant, « demander l'aumône aux Carmélites » (titre). Ici, des « petits oiseaux ».
Thérèse m'écrit
Des petits Oiseaux
Ma sœur, vous désirez savoir
Ce que l'Enfant Jésus désire
Eh bien ! je vous dirai ce soir
Comment vous le ferez sourire.
Attrapez des oiseaux charmants
Faites-les voler dans l'étable
Ils sont l'image des enfants
Que chérit le Verbe Adorable.
A leurs doux chants
Leurs gazouillements
Son visage enfantin rayonne
Priez pour eux
Un jour dans les Cieux
Ils formeront votre couronne.
Je comprends
L’image du « petit oiseau » est une des métaphores qu’affectionne Thérèse pour décrire la petitesse, et la sienne avant tout. C’est ainsi à l’un d’eux qu’elle s’identifie dans le Manuscrit B pour expliquer son tiraillement entre la reconnaissance de son impuissance et son désir de la plénitude de l’amour : « faible petit oiseau couvert seulement d’un léger duvet », loin des « aigles » -les saints qui ont fait de « grandes choses »-, elle en a pourtant « les yeux et le cœur » car malgré « [sa] petitesse extrême », elle « veut rester à fixer son Divin Soleil ».
Ici, les « doux chants » et les « gazouillements » des petits oiseaux font « rayonner » l’Enfant Jésus car ils sont « l’image des enfants », qu’il « chérit ». Cette scène si charmante et poétique nous permet d’admirer à travers ces joyeux oiseaux les vertus enfantines que sont la simplicité, l’émerveillement, la confiance et l’abandon. Comme un doux secret chuchoté par Thérèse au creux de notre oreille pour cheminer sur la « petite voie » d’enfance spirituelle dont elle s’est fait l’apôtre !
« Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent ». (Marc, 10, 14)
Je prie et j'agis
Le couplet des « petits oiseaux » se conclut par cette demande de prière :
« Priez pour eux,
Un jour dans les Cieux
Ils formeront votre couronne. »
En cette octave de Pâques, où la Lumière de l’Enfant Sauveur du monde a vaincu les ténèbres du tombeau et de la mort, prions pour les enfants avec notre « petite Thérèse », pour leur ressembler, et pour que soit protégée leur petitesse et leur pureté ! Puissions-nous ainsi les suivre sans crainte en Ton Royaume, Seigneur !