
Jour nº9 - Vendredi 24 mars 2023
L’ange la quitta - L’envoi
Parole du Seigneur
« Alors l’ange la quitta. » (Luc 1, 38)
Méditation
Il faut prendre dans toute sa plénitude de sens cette Parole. L’ange la quitta, cela signifie que désormais Marie vivrait de cette Parole entendue et de ce « oui » prononcé. C’en est fini désormais pour elle des révélations angéliques, des manifestations surnaturelles, des avertissements divins. À travers les joies et les peines de son existence, elle allait en quelque sorte monnayer par toute sa vie ce « oui » initial, gardant pieusement en mémoire les paroles qui lui furent dites à l’Annonciation.
Pèlerinage de la foi
Malgré les monitions célestes dont elle avait été la bénéficiaire, Marie ne cheminait pas dans la claire vision mais bien dans l’obscurité de notre condition terrestre. Elle accomplissait son pèlerinage de foi. Elle ne comprenait pas tout (cf. Luc 2, 50) mais, avec saint Joseph, son époux, elle vivait de confiance en Dieu. Aussi, peut-on dire de la Vierge en ces années de Nazareth qu’elle « menait sur Terre une vie semblable à celle de tous, remplie par les soins et les labeurs familiaux » (Vatican II, Apostolicam actuositatem, 1965, § 4).
Dans son beau et long poème « Pourquoi je t’aime ô Marie », composé peu de temps avant sa mort, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897) exprime comment la Vierge Marie a voulu suivre la voie commune en marchant dans la foi :
« Je sais qu’à Nazareth, Mère pleine de grâces Tu vis très pauvrement ne voulant rien de plus Point de ravissements, de miracles, d’extases N’embellissent ta vie, ô Reine des élus !… Le nombre des petits est bien grand sur la Terre Ils peuvent sans trembler vers toi lever les yeux C’est par la voie commune, incomparable Mère Qu’il te plaît de marcher pour les guider aux Cieux. »
Apostolique
Aussitôt après que Gabriel l’a quittée, la Vierge se met en route en grande hâte. Qu’a-t-elle encore à faire avec l’ange quand c’est le Seigneur de l’ange qui l’habite désormais ? La charité la presse, comme il en va pour ceux qui viennent de communier. C’est le temps de l’envoi et de la mission. Car la messe, nul ne peut l’oublier puisque son nom même l’indique (missa = mission), est aussi un envoi en mission. C’est ainsi que Marie aussitôt se met en route portant en son sein son Fils et Seigneur.
Missa signifie en latin envoi. L’Eucharistie fait l’Église une et sainte mais l’Eucharistie fait aussi l'Église apostolique et catholique. Apostolique c’est-à-dire envoyée ; catholique c’est-à-dire universelle. Nous sommes envoyés pour évangéliser l’Univers. Comme le repas de la Pâque nous mangeons l’Eucharistie debout, les reins ceints et le bâton à la main. Pour être prêts à partir car la messe est essentiellement un envoi. Telle est en effet la pulsation de l’Église. Lors de l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne, nous sommes rassemblés pour être envoyés. L’Église est ce cœur de charité qui bat perpétuellement, se concentre et s’épanche. Cette pulsation eucharistique est la vie de l’Église.
Jusqu’à ce qu’il vienne !
Nous sommes en voie et non dans la patrie, nous cheminons dans la foi et non dans la claire vision. L’Eucharistie est figurée par la manne, mais la manne est une nourriture transitoire pour le temps du désert et non pour la Terre Promise. La manne nous donne faim de Dieu. Cette grâce nous fait tendre vers la gloire dont elle est le gage. L’Eucharistie n’est pas seulement en effet l’annonce de la gloire céleste mais aussi son anticipation, le gage de la gloire à venir. Nous attendons le jour où « nous boirons le vin nouveau dans le Royaume du Père » (Mt 26, 23). C’est le fameux « jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Cor 11, 26) : « Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. » Nous célébrons la messe, attendant la Bienheureuse espérance : l’avènement de notre Sauveur Jésus-Christ. Toutes les prières eucharistiques sont ponctuées de ces Marana Tha (1 Cor 16, 22) : Viens, Seigneur Jésus ! (Ap 22, 40).
Après l’Ascension, comme elle l’a attendu et espéré, Marie, ce jour où enfin elle retrouverait son Fils dans la gloire du Ciel ! Comment Marie vécut-elle au milieu de cette première communauté chrétienne que le livre des Actes nous montre « assidue à la fraction du pain » (Actes 2, 42) ? Quels pouvaient être ses sentiments et sa disposition tandis qu’elle participait à la Célébration eucharistique, présidée par les Apôtres ? Elle avait été si intimement associée à la Passion du Seigneur, comment en célébrait-elle le mémorial ? « Comment imaginer les sentiments de Marie, se demande saint Jean-Paul II, tandis qu’elle écoutait, de la bouche de Pierre, de Jean, de Jacques et des autres Apôtres, les paroles de la dernière Cène : “Ceci est mon corps, donné pour vous” (Lc 22, 19) ? Ce corps offert en sacrifice, et représenté sous les signes sacramentels, était le même que celui qu’elle avait conçu en son sein ! Recevoir l’Eucharistie devait être pour Marie comme si elle accueillait de nouveau en son sein ce Cœur qui avait battu à l’unisson du sien et comme si elle revivait ce dont elle avait personnellement fait l’expérience au pied de la Croix » (Ecclesia de Eucharistia, 2003, § 56).
Chant : Signes par milliers, traces de ta gloire
R/ : Allez par toute la Terre, Annoncer l’Évangile aux nations ! Allez par toute la Terre, Alléluia !
1. Chantez au Seigneur un chant nouveau, Chantez au Seigneur Terre entière, Chantez au Seigneur et bénissez son nom !
2. De jour en jour proclamez son Salut, Racontez à tous les peuples sa gloire, À toutes les nations ses merveilles !
3. Lui, le Seigneur, a fait les Cieux : Devant lui, splendeur et majesté, Dans son sanctuaire, puissance et beauté.
4. Rendez au Seigneur, famille des peuples, Rendez au Seigneur la gloire et la puissance, Rendez au Seigneur la gloire de son nom.
Intercession
Aujourd’hui Seigneur, nous te confions ceux qui doutent ou qui traversent une nuit de la foi. Donne-leur de trouver dans les promesses de leur baptême et de leur confirmation les sources de leur fidélité et de leur joie. Nous t’en prions, Seigneur.
Notre Père
Notre Père, qui es aux Cieux, Que ton nom soit sanctifié, Que ton règne vienne, Que ta volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses, Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous laisse pas entrer en tentation Mais délivre-nous du Mal. Amen.