
La merveilleuse histoire de Marie qui défait les noeuds
Connaissez-vous l’histoire du « miracle conjugal » qui s’est passé au XVIIème siècle, en Allemagne, grâce à l’intercession de l’aumônier du collège jésuite Saint-Ignace d’Ingolstadt, grand dévot de la Vierge Marie, et qui a donné naissance à la dévotion de Marie qui défait les nœuds ? Le tableau de Marie qui défait les nœuds que vous connaissez est en effet un ex-voto, réalisé pour remercier de ce miracle.
Le collège jésuite d’Ingolstadt et le père Jakob Rem (1545-1618)
Pour lutter contre la progression très forte du protestantisme en Allemagne au XVIème siècle le pape Paul III, sur la demande du duc Guillaume IV de Bavière, fit appel à saint fIgnace de Loyola pour installer à Ingolstadt une université de théologie. Celui-ci envoya donc trois des premiers fondateurs de l’ordre, le futur saint Pierre Canisius, ainsi que Claude Le Jay et Alfonso Salmeron. Dès 1556, un an après la paix d’Augsbourg, un collège fut créé, qui acquit rapidement une réputation d’excellence, au point d’accueillir comme élève le futur empereur romain germanique, Ferdinand II, qui entra à Ingolstadt dès l'âge de douze ans. Ce collège eut pour professeur et éducateur le père jésuite Jakob Rem (1545-1618), dont la réputation de discernement, de dévotion mariale et de profondeur spirituelle était telle que ses anciens étudiants venaient régulièrement le consulter. Le père Rem est d’ailleurs mort en odeur de sainteté et son procès de béatification est en cours. Il est actuellement « serviteur de Dieu », premier degré vers la canonisation.
Un couple en grande crise
Le couple Langenmantel était en danger en cette année 1612 : les époux se disputaient continuellement et la situation devenait si insupportable qu’ils songeaient sérieusement, bien que fervents catholiques, à divorcer.
C’est alors que Wolfgang Langenmantel eut l’idée d’aller trouver le père Jakob Rem pour lui demander conseil. W. Langenmantel se rendit à pied au monastère d’Ingolstadt où ce dernier résidait et les deux hommes prièrent longuement devant l’icône de la Vierge Marie. Lors de la troisième visite de son ancien étudiant, le père Rem lui demanda d’apporter pour la fois suivante son ruban de mariage. Ce ruban de noces était une jolie coutume locale : tandis qu’ils échangeaient leur promesse, on entourait les mains jointes des futurs époux dans un ruban de noces, ce qui symbolisait le caractère indissoluble de leur union. Les époux conservaient ensuite le ruban, signe visible de leur mutuel engagement devant Dieu.
Le « miracle conjugal »
C’est le 28 septembre 1615 que se produisit, dans la chapelle du monastère, un événement aussi extraordinaire que décisif pour l’avenir du couple. Tandis qu’il priait, le père Rem eut l’intuition de présenter devant l’icône de la Vierge le ruban de noces sur lequel on avait fait autant de nœuds que de problèmes conjugaux. Alors qu’il dénouait en priant le dernier nœud du ruban, celui-ci devint « d’une blancheur éblouissante ». En même temps, Wolfgang Langenmantel sentit en son cœur qu’il était complètement délivré de son ressentiment. Le couple fut ainsi sauvé du naufrage. L’exaucement de la prière a donc été manifesté sous deux formes : dans le cœur de W. Langenmantel, et par un signe visible, à savoir la blancheur du ruban.
L’ex-voto : le tableau de Marie qui défait les nœuds
Sans ce miracle, l’ex-voto (1) c'est-à-dire le tableau de Marie qui défait les nœuds, réalisé aux alentours de 1700 par le peintre baroque Johann Georg Melchior Schmidtner (1625-1705) et qui se trouve dans l’église Saint-Pierre de Perlach d’Augsbourg, n’aurait jamais été réalisé.
Le ruban que la Vierge Marie dénoue et qui est représenté sur le tableau est donc, à l’origine, le ruban de noces des époux Langenmantel. Par la suite, le ruban est devenu le symbole de toute vie et le nœud celui des épreuves que nous traversons tous.
Prions Marie qui défait les nœuds de dénouer les nœuds de notre vie !
(1) Un ex-voto est un tableau ou objet symbolique suspendu dans une église, un lieu vénéré, à la suite d'un vœu ou en remerciement d'une grâce obtenue.