
Marie qui défait les nœuds : le cadeau du pape François au monde (1986)
En 1958, à dix-neuf ans, Jorge Mario Bergoglio décide de rejoindre la Compagnie de Jésus. Quatre ans après avoir été ordonné prêtre, à trente-six ans, il est nommé provincial des Jésuites d’Argentine. Dans un pays mis à mal par une dictature sanglante, la Compagnie de Jésus est alors confrontée à des problématiques particulièrement difficiles. À ce poste, Padre Jorge redresse brillamment la barre. Son action lui vaut des amitiés indéfectibles… et de solides inimitiés. Il est brusquement écarté et relégué à un poste très subalterne. C’est alors que la Sainte Vierge, par des détours dont elle a le secret, va interpeller son vaillant serviteur et le ramener dans le jeu.
Les raisons d'y croire
Très tôt, Jorge Mario Bergoglio ressent une profonde dévotion pour la Sainte Vierge : « À onze ans, je sentais qu’elle était faite pour moi, que c’était une référence familière. » « Je crois en Marie, ma Mère, qui m’aime et ne me laissera jamais seul », écrit-il aussi, en 1969, la veille de son ordination.
En 1986, le père Bergoglio est clairement « mis sur la touche », sans grand espoir d’en sortir. Il se soumet à la hiérarchie argentine de la Compagnie de Jésus qui, pour soustraire Buenos Aires à son leadership, n’hésite pas à l’expédier à sept cents kilomètres de là, comme modeste prêtre de quartier. Il dira de cette époque : « C’était une nuit avec une certaine obscurité intérieure. »
Une religieuse, qui habite en Allemagne et n’a pas revu le père Bergoglio depuis de nombreuses années, lui envoie soudainement une petite carte figurant Marie qui défait les nœuds. La sœur n’a aucune raison particulière de le contacter ; ce courrier arrive pourtant précisément dans ce moment difficile de la vie de Padre Jorge.
L’impact de cette simple carte est extraordinaire. Au moment où il contemple la carte, les perspectives du père Bergoglio évoluent soudainement : il comprend que les nœuds de sa vie doivent être remis dans les mains de la mère de Jésus. Elle se chargera de les défaire ; il suffit d’avoir la foi.
Le père Bergoglio a alors l’inspiration et la force de mettre en œuvre le « marketing de fourmis », qui se révélera si efficace pour la diffusion de l’image en Argentine et ailleurs.
Trente-cinq ans après la réception de la petite carte, la neuvaine Marie qui défait les nœuds,écrite par le père Juan Ramon Celeiro, a été diffusée en douze langues, à plus d’un million d’exemplaires. Dans le monde entier, la quantité de personnes de tous âges, toutes origines et classes sociales qui ont recours à l’intercession de Marie pour défaire les nœuds qui étranglent leur vie est réellement impressionnante.
Seule la multitude des témoignages de grâces reçues à l'issue de ces neuvaines de prière toutes simples explique ce succès et le bouche-à-oreille croissant qui permet l'extraordinaire diffusion de cette dévotion.
En savoir plus
Il y a plus de 2 000 vocables sous lesquels la Vierge Marie est nommée. Beaucoup sont liés à des apparitions (comme à Lourdes par exemple), d’autres à des dogmes (Immaculée Conception), d’autres encore à des titres théologiques ou à des tournants dans l’Histoire... Dans le cas du dernier vocable en date – « Marie qui défait les nœuds » –, il n’y a rien pour l’expliquer, pas même une locution intérieure. Rien qu’une carte postale !
Elle représente un tableau peint il y a trois siècles par un peintre baroque de seconde zone ; tableau qui, depuis lors, est resté pratiquement inconnu, confiné dans une petite église du sud de l’Allemagne. Cette carte postale, partie de Bavière et arrivée à destination en Amérique du Sud, à Buenos Aires (Argentine), sera le détonateur d’une grande explosion de foi qui finira par irradier le monde entier.
Chacun des éléments parcellaires qui ont jalonné cette explosion est naturel, mais leur enchaînement est complètement inattendu et providentiel. Le point de départ est particulièrement improbable. Le fait que la dévotion de « Marie qui défait les nœuds » concerne d’abord des petits, des pauvres en esprit, confrontés à des difficultés a priori humainement insurmontables, permet aussi d’y voir le doigt de Dieu, ou plutôt la volonté maternelle agissante, ici, maintenant, de la Sainte Vierge.
Rappelons les faits. Nous sommes début décembre 1986, c’est la fin du printemps en Amérique du Sud. L’Argentine vient de sortir de la dictature militaire (30 000 morts ou disparus en six ans, une inflation qui a atteint 1 000 % par an et qui est tout juste jugulée, et le chômage afférent). Le père Jorge Mario Bergoglio, jésuite, aura cinquante ans le 17 décembre. C’est un homme d’une grande foi : « Je crois en Marie, ma Mère, qui m’aime et ne me laissera jamais seul », écrivait-il en 1969, la veille de son ordination. À trente-six ans, en 1973, il a été le plus jeune provincial, et les six années passées à la tête de la Province (qui comprend l’Argentine et l’Uruguay) – au cours desquelles il fut à plusieurs reprises en négociations difficiles avec le pouvoir étatique – lui ont conféré un riche palmarès.
Après une hémorragie de 50 % des effectifs de la Compagnie en quinze ans, il a su attirer à nouveau des vocations et remplir les églises.
Pour promouvoir la foi et restaurer la dignité des pauvres et leur accès au travail, il a construit cinq églises et ouvert des établissements d’enseignement.
Il a protégé les prêtres et bien d’autres personnes n’ayant aucun lien avec l’Église, poursuivies par la junte. On dit que plus d’une centaine d’entre elles lui doivent la vie.
Enfin, tâche particulièrement délicate, il a réussi à inverser la grave crise financière qui menaçait de faire sombrer la congrégation, asphyxiée par les dettes.
Mais, en ce début décembre, Padre Jorge a l’impression que tout ce qu’il a construit s’est écroulé. À l’initiative du commandement jésuite qui a pris sa suite, il commence une thèse sur Romano Guardini, mais il sent bien que cette demande vise à l’écarter des espaces décisionnaires. Alors que, peu de temps auparavant, il dirigeait encore la Compagnie, il est maintenant simple professeur et confesseur dans un collège, sans grande perspective d’évolution. Ses conditions de vie matérielles sont difficiles. On peut imaginer son état d’esprit…
N’ayant rien d’autre à faire, il ouvre son courrier et écrit des cartes de Noël aux amis qui ne l’ont pas oublié. De l’une des enveloppes reçues tombe une carte postale figurant une représentation inconnue de Marie : elle défait les nœuds d’un ruban que lui passe un ange. Cette carte, envoyée par une religieuse qu’il avait rencontrée autrefois, provoque en lui un choc puissant : en cette période difficile qu’il traverse depuis plusieurs mois, il comprend que les nœuds de la vie doivent être remis dans les mains de la mère de Jésus. Elle se chargera de les défaire ; il suffit d’avoir la foi. Padre Jorgefait l’expérience d’une fascination émerveillée.
La suite relève de l’épopée : une poignée d’amis restés fidèles, puis une armée toujours plus nombreuse se mettent à la disposition de Padre Jorge pour distribuer des reproductions de la fameuse carte. Les Argentins en comprennent immédiatement la symbolique et, à bout de souffrances, se confient à leur Maman du Ciel. Les files s’allongent devant les portes des églises où on en trouve une copie, jusqu’à nécessiter de célébrer les messes en plein air. Le curé d’une de celles-ci, le père Juan R. Celeiro, au cours d’une retraite sacerdotale, a l’intuition qu’il faut fournir une nourriture spirituelle à ces personnes affamées. Il écrit la fameuse neuvaine qui, depuis, a fait le tour du monde.
Le 27 juin 1992, Padre Jorge reçoit l’ordination épiscopale des mains du cardinal Quarracino. Le 13 mars 2013, il est élu 266e pape et prend le nom de François, car, pour lui, saint François est l’homme des pauvres, l’homme de la paix, l’homme qui aime et prend soin de la Création. Rapidement, il recevra ses hôtes, grands et petits, sous le regard bienveillant d’un tableau représentant Marie qui défait les nœuds.
Dominique Chollet a dirigé les Éditions du Gingko de 2000 à 2020, maison qui édite la neuvaine Marie qui défait les nœuds depuis son origine en Europe.
Au delà
Les innombrables témoignages de nœuds déliés à la suite de la prière à « Marie qui défait les nœuds » concernent la famille, la santé, le travail, le logement, l’argent, les dépendances, les études... Souvent, en conséquence d’un nœud défait s’établit une nouvelle confiance envers Dieu et le retour à la prière.
Aller plus loin
Eduardo Mattos, Notre-Dame qui défait les nœuds, le cadeau du pape François au monde, Éditions du Gingko, 2018, disponible via Marie de Nazareth.
En complément
Le livret de prière de neuvaine de Marie qui défait les nœuds. Disponible via le site Internet Marie de Nazareth en livrets thématiques.
Radio: « Entrevista con o padre Juan R. Celeiro », Radio Vaticana, 16 mai 2013.
Vidéo de la rencontre du pape François avec les médias du 16 mars 2013, Vatican News.
La vidéo de la chaîne YouTube Libreria Coletti : Intervista a padre Celeiro Juan R., autore della Novena a Maria che scioglie i nodi (17 mai 2013).
La vidéo de la chaîne YouTube Effatà Editrice: Intervista Maria che scioglie i nodi – Padre Juan R. Celeiro. TV 2000 (12 juillet 2013).