
Première lecture
En ces jours-là, Moïse avait entendu la voix du Seigneur depuis le buisson. Il répondit à Dieu : « J’irai donc trouver les fils d’Israël, et je leur dirai : “Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous. ” Ils vont me demander quel est son nom ; que leur répondrai-je ? » Dieu dit à Moïse : « Je suis qui je suis. Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : “Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : JE-SUIS. ” » Dieu dit encore à Moïse : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : “Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est LE SEIGNEUR, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob. ” C’est là mon nom pour toujours, c’est par lui que vous ferez mémoire de moi, d’âge en d’âge. Va, rassemble les anciens d’Israël. Tu leur diras : “Le Seigneur, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, m’est apparu. Il m’a dit : Je vous ai visités et ainsi j’ai vu comment on vous traite en Égypte. J’ai dit : Je vous ferai monter de la misère qui vous accable en Égypte vers le pays du Cananéen, du Hittite, de l’Amorite, du Perizzite, du Hivvite et du Jébuséen, le pays ruisselant de lait et de miel. ” Ils écouteront ta voix ; alors tu iras, avec les anciens d’Israël, auprès du roi d’Égypte, et vous lui direz : “Le Seigneur, le Dieu des Hébreux, est venu nous trouver. Et maintenant, laisse-nous aller dans le désert, à trois jours de marche, pour y offrir un sacrifice au Seigneur notre Dieu. ” Or, je sais, moi, que le roi d’Égypte ne vous laissera pas partir s’il n’y est pas forcé. Aussi j’étendrai la main, je frapperai l’Égypte par toutes sortes de prodiges que j’accomplirai au milieu d’elle. Après cela, il vous permettra de partir. »
Psaume
Le Seigneur s’est toujours souvenu de son alliance.
Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom, annoncez parmi les peuples ses hauts faits ; souvenez-vous des merveilles qu’il a faites, de ses prodiges, des jugements qu’il prononça,
Il s’est toujours souvenu de son alliance, parole édictée pour mille générations : promesse faite à Abraham, garantie par serment à Isaac.
Dieu rend son peuple nombreux et plus puissant que tous ses adversaires ; ceux-là, il les fait se raviser, haïr son peuple et tromper ses serviteurs.
Mais il envoie son serviteur, Moïse, avec un homme de son choix, Aaron, pour annoncer des signes prodigieux, des miracles au pays de Cham.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, dit le Seigneur, et moi, je vous procurerai le repos. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
Méditer avec les carmes
« Vous qui peinez et qui êtes surchargés »...
Jésus, en disant cela, s’adressait en premier lieu à tous ceux qui étaient écrasés et blessés par le fardeau ou le joug de la Loi, mais aussi, plus largement, à tous ceux qui pliaient sous le poids des épreuves. Et là, chacun de nous se sent rejoint, compris, et interpellé. Car les épreuves sont notre lot à tous, au moins à certaines heures ou à certains tournants de la vie :
épreuves de santé,
épreuves de famille,
épreuves dans la réalisation de nous-mêmes,
et, pour les consacrés, épreuves de la vie communautaire.
Même les personnes au caractère le plus heureux ou le mieux trempé peuvent se sentir un moment écrasés par l’épreuve ; et quand les soucis s’accumulent, elles accusent le coup, car le malheur leur semble sans issue.
« Venez à moi, dit Jésus, vous qui pliez sous le poids de la souffrance, vous qui pleurez un être cher, car je viens habiter votre solitude.
Venez à moi, vous qui êtes las de vous donner et de vous oublier, car avec moi cette mort sera féconde.
Venez, vous qui peinez au désert de la foi, car ma parole le fera refleurir.
Venez à moi, vous que la haine a chassés de votre pays, de votre maison ou des horizons de votre enfance, car avec moi vous serez dans le pays de Dieu.
Venez à moi, vous qui pleurez de ne pouvoir pardonner, car je suis doux et humble de cœur.
Venez à moi, et moi, je vous ferai reposer. »
Mais comment Jésus s’y prend-il, et quel ce repos qu’il nous promet ? Est-ce que le Seigneur enlève d’un seul coup de nos épaules toutes les charges et tous les jougs ?
Non : la plupart du temps nos fardeaux restent en place, même si parfois Dieu exauce nos prières de manière inattendue. Le plus souvent les fardeaux ne changent pas : c’est nous qui changeons sous le fardeau, à partir du moment où nous l’assumons comme le fardeau que Jésus nous demande de porter, et à partir du moment où, à l’école de Jésus, nous reprenons un chemin d’humilité et de douceur.
Car souvent c’est la révolte et l’agressivité qui nous ôtent toute force intérieure. Ce qui nous paralyse, c’est de deviner ou d’imaginer, derrière les épreuves, telle ou telle réaction trop humaine, telle ou telle incompréhension ou animosité, telle ou telle injustice, telle ou telle volonté de nous barrer la route.
Ce qui nous fait chavirer dans notre espérance, c’est d’interpréter nos souffrances comme un rejet de Dieu ou comme une absence de son amour.
À l’école de Jésus, on n’échappe pas forcément à l’épreuve, mais on apprend à lui donner un sens, à l’orienter le plus possible vers la vie, à l’assumer résolument dans la réponse à Dieu.
Le fardeau demeure, mais il devient léger, parce que c’est l’amour qui le porte : ce n’est plus le fardeau honni, mais le fardeau de Jésus. Le joug pèse encore sur les épaules, mais il ne fait plus mal, parce que Jésus lui-même l’a posé et l’ajuste chaque matin.
« Je vous ferai reposer », dit Jésus. Or son repos à lui fut rejoint à travers la Croix ; et c’est dans ce mystère qu’il nous invite à entrer : c’est par l’humilité et la douceur qu’il est entré lui-même dans le repos de Dieu.