
Première lecture
À qui pourriez-vous me comparer, qui pourrait être mon égal ? — dit le Dieu saint. Levez les yeux et regardez : qui a créé tout cela ? Celui qui déploie toute l’armée des étoiles, et les appelle chacune par son nom. Si grande est sa force, et telle est sa puissance que pas une seule ne manque. Jacob, pourquoi dis-tu, Israël, pourquoi affirmes-tu : « Mon chemin est caché au Seigneur, mon droit échappe à mon Dieu » ? Tu ne le sais donc pas, tu ne l’as pas entendu ? Le Seigneur est le Dieu éternel, il crée jusqu’aux extrémités de la terre, il ne se fatigue pas, ne se lasse pas. Son intelligence est insondable. Il rend des forces à l’homme fatigué, il augmente la vigueur de celui qui est faible. Les garçons se fatiguent, se lassent, et les jeunes gens ne cessent de trébucher, mais ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles ; ils déploient comme des ailes d’aigles, ils courent sans se lasser, ils marchent sans se fatiguer.
Psaume
Bénis le Seigneur, ô mon âme !
Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits !
Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse ;
Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; il n’agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses.
Évangile
Alléluia, Alléluia.
Il viendra, le Seigneur, pour sauver son peuple. Heureux ceux qui seront prêts à partir à sa rencontre !
Alléluia.
En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
Méditer avec les carmes
« Vous qui peinez et qui êtes surchargés »...
Jésus, en disant cela, s’adressait en premier lieu à tous ceux qui étaient écrasés et blessés par le fardeau ou le joug de la Loi, mais aussi, plus largement, à tous ceux qui pliaient sous le poids des épreuves. Et là, chacun de nous se sent rejoint, compris, et interpellé. Car les épreuves sont notre lot à tous, au moins à certaines heures ou à certains tournants de la vie :
épreuves de santé,
épreuves de famille,
épreuves dans la réalisation de nous-mêmes,
et, pour les consacrés, épreuves de la vie communautaire.
Même les personnes au caractère le plus heureux ou le mieux trempé peuvent se sentir un moment écrasés par l’épreuve ; et quand les soucis s’accumulent, elles accusent le coup, car le malheur leur semble sans issue.
« Venez à moi, dit Jésus, vous qui pliez sous le poids de la souffrance, vous qui pleurez un être cher, car je viens habiter votre solitude.
Venez à moi, vous qui êtes las de vous donner et de vous oublier, car avec moi cette mort sera féconde.
Venez, vous qui peinez au désert de la foi, car ma parole le fera refleurir.
Venez à moi, vous que la haine a chassés de votre pays, de votre maison ou des horizons de votre enfance, car avec moi vous serez dans le pays de Dieu.
Venez à moi, vous qui pleurez de ne pouvoir pardonner, car je suis doux et humble de cœur.
Venez à moi, et moi, je vous ferai reposer. »
Mais comment Jésus s’y prend-il, et quel ce repos qu’il nous promet ? Est-ce que le Seigneur enlève d’un seul coup de nos épaules toutes les charges et tous les jougs ?
Non : la plupart du temps nos fardeaux restent en place, même si parfois Dieu exauce nos prières de manière inattendue. Le plus souvent les fardeaux ne changent pas : c’est nous qui changeons sous le fardeau, à partir du moment où nous l’assumons comme le fardeau que Jésus nous demande de porter, et à partir du moment où, à l’école de Jésus, nous reprenons un chemin d’humilité et de douceur.
Car souvent c’est la révolte et l’agressivité qui nous ôtent toute force intérieure. Ce qui nous paralyse, c’est de deviner ou d’imaginer, derrière les épreuves, telle ou telle réaction trop humaine, telle ou telle incompréhension ou animosité, telle ou telle injustice, telle ou telle volonté de nous barrer la route.
Ce qui nous fait chavirer dans notre espérance, c’est d’interpréter nos souffrances comme un rejet de Dieu ou comme une absence de son amour.
À l’école de Jésus, on n’échappe pas forcément à l’épreuve, mais on apprend à lui donner un sens, à l’orienter le plus possible vers la vie, à l’assumer résolument dans la réponse à Dieu.
Le fardeau demeure, mais il devient léger, parce que c’est l’amour qui le porte : ce n’est plus le fardeau honni, mais le fardeau de Jésus. Le joug pèse encore sur les épaules, mais il ne fait plus mal, parce que Jésus lui-même l’a posé et l’ajuste chaque matin.
« Je vous ferai reposer », dit Jésus. Or son repos à lui fut rejoint à travers la Croix ; et c’est dans ce mystère qu’il nous invite à entrer : c’est par l’humilité et la douceur qu’il est entré lui-même dans le repos de Dieu.