
Première lecture
Frères, vous qui avez été appelés par Dieu, regardez bien : parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance. Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est ; ainsi aucun être de chair ne pourra s’enorgueillir devant Dieu. C’est grâce à Dieu, en effet, que vous êtes dans le Christ Jésus, lui qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification, rédemption. Ainsi, comme il est écrit : Celui qui veut être fier, qu’il mette sa fierté dans le Seigneur.
Psaume
Heureux le peuple que le Seigneur s’est choisi pour domaine.
Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu, heureuse la nation qu’il s’est choisie pour domaine ! Du haut des cieux, le Seigneur regarde : il voit la race des hommes.
Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine.
Nous attendons notre vie du Seigneur : il est pour nous un appui, un bouclier. La joie de notre cœur vient de lui, notre confiance est dans son nom très saint.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Je vous donne un commandement nouveau, dit le Seigneur : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. » Alléluia.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit.
Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.
Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : ‘Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres. ’ Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur. ’ Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : ‘Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres. ’ Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur. ’
Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : ‘Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient. ’ Son maître lui répliqua : ‘Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents ! ’ »
Méditer avec les carmes
Après l’infidélité par imprévoyance (parabole des dix jeunes filles), voici l’infidélité par paresse, illustrée par la parabole des talents.
14-15 : L’initiative, là encore, vient du maître. Il ne passe pas un contrat avec ses serviteurs, mais leur laisse une mission. Mission personnalisée, d’ailleurs : « à chacun selon ses capacités ». Le maître connaît ses employés et demande à chacun une efficacité à sa mesure ; après quoi il s’absente : les serviteurs seront donc vraiment et pleinement responsables.
vv. 16-18 : Le talent valait environ 6. 000 francs or. Les serviteurs, même le moins bien loti, se retrouvent donc à la tête de sommes importantes. La parabole ne dit pas comment les deux premiers ont fait fructifier leur dépôt, mais insiste sur leur empressement. Que représentent les talents ? Probablement ce que chaque homme trouve en lui-même pour servir Dieu dans ses frères.
19-23 : La récompense consistera à servir davantage encore, à entrer encore plus activement dans l’œuvre de Dieu, et à trouver dans ce service une joie qui anticipe la joie définitive.
24-28 : La passivité du troisième serviteur a une racine profonde : la peur. La mission reçue lui apparaît non pas comme une invitation à la créativité, mais comme une contrainte, comme un fardeau imposé. Les affaires du maître ne l’intéressent pas ; elles ne seront qu’une parenthèse dans son activité. Il préfère la sécurité à l’initiative, parce qu’il n’aime pas le maître qu’il sert. Le dépôt ? il le rendra tel quel. Il s’en tient à l’obligation stricte, et, par peur de risquer, il se ferme à la joie de servir.
29-30 : Lors du retour du Seigneur, celui qui « n’aura pas », c’est-à-dire : qui n’aura pas œuvré pour le Royaume selon ses forces et dans le cadre de sa mission personnelle, n’entrera pas dans la joie du Maître.
Pistes de réflexion :
1) Quels que soient ses dons et ses moyens d’action, le croyant n’est jamais que le gérant des intérêts de Dieu, « intendant des mystères de Dieu », c’est-à-dire de son plan de salut (1 Cor 4, 1).
2) La peur de Dieu peut être une épreuve passagère, une sorte de calvaire de l’espérance ; parfois elle s’installe comme une maladie spirituelle, qui embrume toute la vie du croyant sans lui ôter sa volonté de servir. Mais quand la peur de Dieu sert d’alibi à la paresse, c’est alors qu’elle stérilise l’existence.
3) Le bon moyen de garder les richesses du Royaume est de ne pas les garder pour soi. On ne les acquiert vraiment qu’en les risquant sans cesse pour les faire fructifier.
4) L’Eucharistie n’est-elle pas, pour nous, l’entrée dans la joie du Maître, le moment où, en Eglise, nous apportons au Père tous les fruits de notre activité à son service ?