
Première lecture
Bien-aimés, le menteur n’est-il pas celui qui refuse que Jésus soit le Christ ? Celui-là est l’anti-Christ : il refuse à la fois le Père et le Fils ; quiconque refuse le Fils n’a pas non plus le Père ; celui qui reconnaît le Fils a aussi le Père.
Quant à vous, que demeure en vous ce que vous avez entendu depuis le commencement. Si ce que vous avez entendu depuis le commencement demeure en vous, vous aussi, vous demeurerez dans le Fils et dans le Père. Et telle est la promesse que lui-même nous a faite : la vie éternelle. Je vous ai écrit cela à propos de ceux qui vous égarent. Quant à vous, l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin d’enseignement. Cette onction vous enseigne toutes choses, elle qui est vérité et non pas mensonge ; et, selon ce qu’elle vous a enseigné, vous demeurez en lui. Et maintenant, petits enfants, demeurez en lui ; ainsi, quand il se manifestera, nous aurons de l’assurance, et non pas la honte d’être loin de lui à son avènement.
Psaume
La terre tout entière a vu le salut de notre Dieu.
Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ; par son bras très saint, par sa main puissante, il s’est assuré la victoire.
Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations ; il s’est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d’Israël.
La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez.
Évangile
Alléluia, Alléluia. À bien des reprises, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils. Alléluia.
Voici le témoignage de Jean le Baptiste, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement : « Je ne suis pas le Christ. » Ils lui demandèrent : « Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? » Il répondit : « Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète annoncé ? » Il répondit : « Non. » Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? » Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. »
Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait.
Méditer avec les carmes
« As-tu vu Jean, celui qui baptise ? As-tu rencontré Jean ? » De plus en plus, à Jérusalem, les croyants les plus lucides, les plus sincères, n’avaient que cette question à la bouche. Jean, le prophète, intriguait par son style de vie, par son ascèse, par la vigueur de sa parole qui appelait à la conversion. Et par centaines les fidèles d’Israël allaient à lui, sur les bords du Jourdain, tous ceux qui avaient gardé loyauté et fraîcheur d’âme et qui ne voulaient pas manquer ce formidable sursaut spirituel.
Les autorités religieuses s’émeuvent. Des prêtres et des lévites viennent officiellement poser à Jean la question de confiance : « Qui es-tu ? », et surtout : « Que dis-tu de toi ? » « Si tu es le Messie attendu, tu dois en avoir conscience ! Si tu es Élie, ou’le prophète tel que Moïse’attendu pour la dernière ligne droite de l’histoire du monde, dis-le nous franchement ! Faut-il tout miser sur toi ? »
Réponse du Baptiste : « Je ne suis qu’une voix ». Non pas la Parole définitive, mais une voix, une alarme, un cri qui surprend, qui touche et fait se retourner. Et son message est un programme de vie : « Aplanissez dans le désert le chemin du Seigneur, comme l’a dit le prophète Isaïe » (40, 3).
Pourquoi « dans le désert » ? Parce que, à l’époque du prophète, le peuple de Dieu, depuis cinquante ans, vivait en exil près des fleuves de Baylone, si bien que le cri du prophète était porteur d’une immense espérance : Dieu, à travers le désert de Syrie, allait ramener lui-même son peuple au pays du bonheur et de la foi. Toutes les énergies étaient mobilisées pour ce retour : il fallait, dans le désert, aplanir la route pour le Seigneur et son peuple, pour le Seigneur à la tête de tous les siens, pour le peuple libéré à la suite de son Sauveur.
C’est de cette espérance que vit Jean le Baptiste ; c’est elle qu’il veut crier : le moment est venu pour cette marche avec Dieu ; c’est maintenant que Dieu vient guider son peuple, à travers le désert de la vie et de ses épreuves, vers le pays sans frontières, le pays de la fidélité et du bonheur.
Celui qui va prendre la tête de ce convoi des convertis, Jean va pouvoir le nommer : « Je ne le connaissais pas, dit-il, mais Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, c’est lui qui m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui va baptiser dans l’Esprit Saint. »
Déjà le Baptiste s’efface devant l’Envoyé de Dieu : « Je ne suis pas digne de dénouer la lanière de sa sandale. » Et dès le lendemain, voyant Jésus venir à lui, Jean déclare à ceux qui l’entourent : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».
Le baptême que donnait Jean dans les eaux du Jourdain était simplement un rite d’éveil, de conversion au sérieux de la foi. Jésus, lui, vient plonger les hommes dans l’Esprit Saint, qui est la force efficace de Dieu. Tous ceux et toutes celles qui remontent, ruisselants, de cette plongée dans l’Esprit Saint, sont recréés à l’image de Dieu et fortifiés pour la marche à la suite de Dieu, à travers le pays de Dieu, le pays de la liberté.