
Première lecture
En ces jours-là, dans sa fuite, Absalom se retrouva par hasard en face des serviteurs de David. Il montait un mulet, et le mulet s’engagea sous la ramure d’un grand térébinthe. La tête d’Absalom se prit dans les branches, et il resta entre ciel et terre, tandis que le mulet qui était sous lui continuait d’avancer. Quelqu’un l’aperçut et avertit Joab : « Je viens de voir Absalom suspendu dans un térébinthe. » Joab se saisit de trois épieux qu’il planta dans le cœur d’Absalom,
David était assis à l’intérieur de la double porte de la ville. Un guetteur allait et venait sur la terrasse de la porte, au-dessus du rempart ; comme il regardait au loin, il aperçut un homme seul qui courait. Le guetteur cria pour avertir le roi, et le roi dit : « S’il est seul, c’est qu’il a une bonne nouvelle à nous annoncer. » Le roi lui dit : « Écarte-toi et tiens-toi là. » Il s’écarta et attendit. Alors arriva l’Éthiopien, qui déclara : « Bonne nouvelle pour mon seigneur le roi ! Le Seigneur t’a rendu justice aujourd’hui, en t’arrachant aux mains de tous ceux qui se dressaient contre toi. » Le roi demanda : « Le jeune Absalom est-il en bonne santé ? » Et l’Éthiopien répondit : « Qu’ils aient le sort de ce jeune homme, les ennemis de mon seigneur le roi, et tous ceux qui se sont dressés contre toi pour le mal ! »
Alors le roi fut bouleversé, il monta dans la salle au-dessus de la porte, et il se mit à pleurer. Tout en marchant, il disait : « Mon fils Absalom ! mon fils ! mon fils Absalom ! Pourquoi ne suis-je pas mort à ta place ? Absalom, mon fils ! mon fils ! » On alla prévenir Joab : « Voici que le roi pleure : il est en deuil d’Absalom. » La victoire, ce jour-là, se changea en deuil pour toute l’armée, car elle apprit ce jour-là que le roi était dans l’affliction à cause de son fils. Et ce jour-là, l’armée rentra dans la ville à la dérobée, comme se dérobe une armée qui s’est couverte de honte en fuyant durant la bataille.
Psaume
Écoute, Seigneur, réponds-moi !
Écoute, Seigneur, réponds-moi, car je suis pauvre et malheureux. Veille sur moi qui suis fidèle, ô mon Dieu, sauve ton serviteur qui s’appuie sur toi.
Prends pitié de moi, Seigneur, toi que j’appelle chaque jour. Seigneur, réjouis ton serviteur : vers toi, j’élève mon âme !
Toi qui es bon et qui pardonnes, plein d’amour pour tous ceux qui t’appellent, écoute ma prière, Seigneur, entends ma voix qui te supplie.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Le Christ a pris nos souffrances, il a porté nos maladies. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus regagna en barque l’autre rive, et une grande foule s’assembla autour de lui. Il était au bord de la mer. Arrive un des chefs de synagogue, nommé Jaïre. Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie instamment : « Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » Jésus partit avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait.
Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans… – elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans avoir la moindre amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré – … cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus, vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement. Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. » À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui. Il se retourna dans la foule, et il demandait : « Qui a touché mes vêtements ? » Ses disciples lui répondirent : « Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : “Qui m’a touché ? ” » Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela. Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »
Comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de synagogue, pour dire à celui-ci : « Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ? » Jésus, surprenant ces mots dit au chef de synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. » Il ne laissa personne l’accompagner, sauf Pierre, Jacques, et Jean, le frère de Jacques. Ils arrivent à la maison du chef de synagogue. Jésus voit l’agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris. Il entre et leur dit : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort. » Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui étaient avec lui ; puis il pénètre là où reposait l’enfant. Il saisit la main de l’enfant, et lui dit : « Talitha koum », ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher – elle avait en effet douze ans. Ils furent frappés d’une grande stupeur. Et Jésus leur ordonna fermement de ne le faire savoir à personne ; puis il leur dit de la faire manger.
Méditer avec les carmes
Etrange présentation par saint Marc : deux miracles en un, deux miracles emboîtés, en quelque sorte : la femme au flux de sang est guérie sur le chemin, alors que Jésus se rend chez Yaïros, au chevet d’une fillette de douze ans.
Mais les deux guérisons, quoique différemment, soulignent la bonté et la manière de Jésus. La femme se voit guérie après un bel acte de foi ; l’adolescente est tirée de la mort sans avoir exprimé quoi que ce soit, par la pure pitié du Sauveur.
La femme, de toute la force de sa foi, voulait toucher le vêtement de Jésus, fût-ce par derrière, et elle était toute tremblante quand Jésus a regardé autour de lui ; l’adolescente n’a eu qu’à se mettre debout, à marcher, et à s’alimenter, sous le regard de Jésus.
Pour nous, le récit est plein de leçons. Tantôt le Seigneur compte sur notre foi, et il nous dit, comme à la femme : « Ta foi t’a sauvée ; va en paix ! » Tantôt le Seigneur voit notre impuissance ; et il nous sauve sans que nous ayons autre chose à faire que de nous lever et de vivre l’aujourd’hui devant lui et pour lui, en nous ouvrant à la foi, bien sûr, mais avec la certitude d’avoir été devancés par le regard et la pitié du Seigneur.
Complétant cet appel à la confiance, l’épître aux Hébreux nous replace sur l’axe du mystère pascal, qui est le véritable horizon de notre vie depuis notre baptême.
L’épître nous donne deux consignes de conversion.
Il faut d’abord nous alléger le plus possible, pour la course d’endurance qui nous attend. Rejeter ce qui nous alourdit, ce qui pèse sur nous et ce qui nous pèse, c’est avant tout renoncer au péché, qui sait si bien nous cerner et nous entraver, qui nous referme sur nous-mêmes et nous détourne d’aimer.
L’autre consigne rejoint notre désir profond : il nous faut fixer les yeux sur Jésus, sur Jésus seul. Il a été au point de départ de notre foi, il nous a fascinés, et c’est lui encore qui nous attend au bout de la course. Nous gardons dans les yeux la croix qu’il a endurée sans regarder à la honte, et nous le contemplons ainsi à la droite du trône de Dieu.
Son destin sera notre destin ; son chemin, notre chemin ; son mystère éclaire le nôtre. Et même si nous nous laissons « abattre par le découragement », lui viendra saisir notre main, comme il a fait pour l’adolescente déjà endormie dans la mort.