
Première lecture
Voici venir des jours – oracle du Seigneur – où j’accomplirai la parole de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda : En ces jours-là, en ce temps-là, je ferai germer pour David un Germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice. En ces jours-là, Juda sera sauvé, Jérusalem habitera en sécurité, et voici comment on la nommera : « Le-Seigneur-est-notre-justice. »
Psaume
Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme, vers toi, mon Dieu.
Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve.
Il est droit, il est bon, le Seigneur, lui qui montre aux pécheurs le chemin. Sa justice dirige les humbles, il enseigne aux humbles son chemin.
Les voies du Seigneur sont amour et vérité pour qui veille à son alliance et à ses lois. Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent ; à ceux-là, il fait connaître son alliance.
Deuxième lecture
Frères, que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous. Et qu’ainsi il affermisse vos cœurs, les rendant irréprochables en sainteté devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous les saints. Amen.
Pour le reste, frères, vous avez appris de nous comment il faut vous conduire pour plaire à Dieu ; et c’est ainsi que vous vous conduisez déjà. Faites donc de nouveaux progrès, nous vous le demandons, oui, nous vous en prions dans le Seigneur Jésus. Vous savez bien quelles instructions nous vous avons données de la part du Seigneur Jésus.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche.
Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »
Méditer avec les carmes
Deux images, en surimpression : cela suffit à saint Luc pour évoquer la pensée de Jésus sur l’histoire des hommes et la fin des temps.
Au premier plan : la chute de Jérusalem, avec le cortège habituel des catastrophes nationales : massacres, dispersion, captivité.
En arrière-fond : la venue en gloire du Fils de l’Homme, que Luc peint avec les couleurs vives traditionnelles des apocalypses, sur l’horizon de la fin du monde.
Entre les deux : « le temps des nations », ou des païens, qui donne au tableau la profondeur de champ, mais dont Jésus n’a jamais précisé la durée : « Il ne vous appartient pas, disait-il, de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité » (Ac 1, 7). Le temps des nations, c’est le temps de la mission, le temps de l’Église, de la patience et du service ; c’est notre temps de disciples, témoins de Jésus-Christ.
Toutes les composantes du malheur semblent s’être donné rendez-vous dans ce fragment de discours. Jésus y parle de dévastation, de détresse, d’angoisse et de frayeur. Puis, brusquement, balayant d’un revers de main toutes les ombres et tous les fantasmes de souffrance, il exhorte les disciples à l’espérance et à la fierté :
« Lorsque cela commencera d’arriver, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche ! »
Quand les épreuves commenceront à s’accumuler, quand toute issue sera fermée, quand la violence semblera victorieuse, « redressez-vous, relevez la tête ! »
Quand tout appui se sera éloigné, quand Dieu lui-même vous paraîtra trop absent pour écouter, trop lointain pour répondre, redites-vous : « La délivrance est proche ; le Fils de l’Homme vient nous sauver ! »
Cette consigne d’espérance, la génération du Christ l’a ressaisie lors de la chute de la Ville sainte ; le peuple de Dieu tout entier l’entendra de nouveau au terme de l’histoire ; mais elle vient nous surprendre et nous réconforter, nous les témoins de Jésus, tout au long du temps des nations, en chaque aujourd’hui de l’Église.
Chaque épreuve du peuple saint réédite en effet la détresse de Jérusalem et anticipe sur les douleurs dernières qui marqueront l’avènement du Fils de l’Homme. Mais, en raison de la folie d’amour que Dieu a faite pour le monde, il est encore plus vrai de dire que chaque épreuve, personnelle ou communautaire, nous situe, dans la foi, entre les deux victoires du Christ : sa victoire de Pâques, après le Golgotha, et sa victoire à la fin des temps, qui nous fera surgir de la mort.
C’est pourquoi, dans toutes ces paroles de Jésus sur les détresses de l’histoire et sur la fin du monde, nous avons à entendre avant tout un appel à la vigilance, personnelle et communautaire, et une promesse de la gloire.
Certes, le monde connaît des soubresauts, en ce début du nouveau millénaire ; certes nous percevons le désarroi de tant d’hommes et de femmes, de tant de jeunes, qui ne trouvent plus de repères face à un avenir qui leur semble menaçant ; et nous nous surprenons nous-mêmes à retomber dans la crainte, comme sous le coup d’un esprit de servitude (Rm 8, 15). Mais nous avons reçu, en réalité, l’Esprit de filiation, qui nous fait crier, depuis la terre des hommes : « Abba, Père ! »
Voilà pourquoi, par fidélité au Dieu de notre appel, et en solidarité avec ceux qui n’ont pas d’espérance, humblement, joyeusement, « nous nous redressons et relevons la tête », pour rendre témoignage, dès aujourd’hui, à la victoire de Jésus.