
Première lecture
Ce n’est pas à des anges que Dieu a soumis le monde à venir, dont nous parlons. Un psaume l’atteste en disant : Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? Tu l’as abaissé un peu au-dessous des anges, tu l’as couronné de gloire et d’honneur ; tu as mis sous ses pieds toutes choses. Quand Dieu lui a tout soumis, il n’a rien exclu de cette soumission. Maintenant, nous ne voyons pas encore que tout lui soit soumis ; mais Jésus, qui a été abaissé un peu au-dessous des anges, nous le voyons couronné de gloire et d’honneur à cause de sa Passion et de sa mort. Si donc il a fait l’expérience de la mort, c’est, par grâce de Dieu, au profit de tous. Celui pour qui et par qui tout existe voulait conduire une multitude de fils jusqu’à la gloire ; c’est pourquoi il convenait qu’il mène à sa perfection, par des souffrances, celui qui est à l’origine de leur salut. Car celui qui sanctifie, et ceux qui sont sanctifiés, doivent tous avoir même origine ; pour cette raison, Jésus n’a pas honte de les appeler ses frères, quand il dit : Je proclamerai ton nom devant mes frères, je te chanterai en pleine assemblée.
Psaume
Tu établis ton Fils sur les œuvres de tes mains.
Ô Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre ! Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ?
Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur ; tu l’établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds.
Les troupeaux de bœufs et de brebis, et même les bêtes sauvages, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer, tout ce qui va son chemin dans les eaux.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Accueillez la parole de Dieu pour ce qu’elle est réellement : non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu. Alléluia.
Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui. Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. » Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.
Méditer avec les carmes
Cette question du possédé, le monde plus que jamais la pose à Celui qui nous a aimés et s’est livré pour nous, car la prophétie du vieillard Syméon continue de s’accomplir sous nos yeux : l’Enfant né de Marie continue d’être « un signe en butte à la contradiction, afin que soient révélées les pensées des cœurs ».
Avec Jésus Messie la lumière est entrée dans le monde, une lumière qui est vie, et, dans l’histoire de l’humanité comme dans le cœur de chaque homme, cette lumière trace une frontière mouvante entre ce qui appartient déjà au monde futur et ce qui reste emprisonné dans les ténèbres du refus, de la tristesse et de la haine.
Non, le Messie de Dieu n’est pas venu « pour notre perte » ; il est venu au contraire « pour le relèvement d’un grand nombre dans l’Israël de Dieu », mais rien ni personne ne l’empêchera d’être à jamais ce qu’il est : le Saint de Dieu, le Dieu trois fois saint venu sanctifier les hommes. Nous savons que la sainteté de notre Dieu est à la fois :
une distance infinie par rapport à tout ce que nous connaissons de limité, de fini, de souillé et de périssable ;
une majesté fascinante, ou si l’on veut une emprise souveraine sur le cosmos et sur le cœur humain ;
une extraordinaire densité d’être et d’amour qui s’ouvre, par grâce, à la communion des hommes.
Ce Jésus, Saint de Dieu, Dieu saint venu dans notre chair, rien ni personne ne l’empêchera de parler avec l’autorité qu’il tient de son Père, et de révéler ce Père aux petits et aux humbles.
Ce Christ, tel que vous l’avez reçu dans la bonne nouvelle de l’Évangile, tel que vous avez appris à le connaître dans le cœur à cœur de l’oraison et dans la louange communautaire, c’est en lui qu’il vous faut marcher, parce qu’il est votre vie, et tout ce que vous avez à dire ou à faire doit être puisé dans l’amour du Christ par les racines de la prière ; c’est en lui qu’il vous faut bâtir, parce qu’il est la pierre d’angle choisie par le Père, et que toute pierre vivante qui vient s’ajouter à la construction s’aligne nécessairement sur cette première pierre pour trouver la dimension verticale et horizontale de la charité.
Ainsi, en vous appelant à entrer toutes ensemble dans la construction du Temple saint, Jésus le Christ vous a étroitement rapprochées dans l’amour, dans la joie fraternelle et par le signe certain de la présence de l’Esprit. Vous avez expérimenté combien ce rapprochement des cœurs a facilité l’épanouissement de votre intelligence spirituelle, et vous a aidées à pénétrer le mystère de Dieu, « le Christ parmi vous, espérance de la gloire ».
Une fois de plus ce sacrifice de louange et cette Eucharistie vous rassemblent toutes dans le Christ, Sagesse de Dieu venue converser avec les hommes, et par la communion au Corps de Jésus vous allez avoir accès aux mêmes trésors de sagesse spirituelle et de connaissance. « Pour le bel ordre qui règne chez vous », pour la solidité de votre foi au Christ, débordez d’action de grâces et prenez la coupe du Seigneur, coupe de passion et coupe de joie.