
Première lecture
Bien-aimés, tel est le message que nous avons entendu de Jésus Christ et que nous vous annonçons : Dieu est lumière ; en lui, il n’y a pas de ténèbres. Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, alors que nous marchons dans les ténèbres, nous sommes des menteurs, nous ne faisons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché. Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. Si nous reconnaissons nos péchés, lui qui est fidèle et juste va jusqu’à pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice. Si nous disons que nous sommes sans péché, nous faisons de lui un menteur, et sa parole n’est pas en nous. Mes petits enfants, je vous écris cela pour que vous évitiez le péché. Mais si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste. C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement les nôtres, mais encore ceux du monde entier.
Psaume
Bénis le Seigneur, ô mon âme !
Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits !
Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse.
Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; il n’est pas pour toujours en procès, ne maintient pas sans fin ses reproches.
Comme la tendresse du père pour ses fils, la tendresse du Seigneur pour qui le craint ! Il sait de quoi nous sommes pétris, il se souvient que nous sommes poussière.
Mais l’amour du Seigneur, sur ceux qui le craignent, est de toujours à toujours, et sa justice pour les enfants de leurs enfants, pour ceux qui gardent son alliance.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Tu es béni, Père, Seigneur du ciel et de la terre, tu as révélé aux tout-petits les mystères du Royaume. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.
Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
Méditer avec les carmes
« Nul ne connaît le Père, si ce n’est le Fils. »
Cette confidence de Jésus se trouve au cœur de la prière que nous rapporte l’Évangile, action de grâces enthousiaste, cri de bonheur du Fils de Dieu fait homme, qui rejoint un autre cri du cœur, celui que Jésus opposera à l’incrédulité de ses ennemis, lorsqu’il dira solennellement, à propos de son Père : « Moi, je le connais ! »
« Moi, je le connais ! »
Moi, j’ai de lui une expérience vitale et directe. Nous touchons là le point le plus vibrant, le plus inaccessible, du cœur humain et de la liberté humaine du Fils de Dieu. Pour Jésus, vivre, c’est être Fils ; aimer, c’est être Fils ; obéir, c’est être Fils ; mourir par amour pour les hommes, c’est vivre sa liberté de Fils.
Et puisque le Père nous a d’avance destinés à reproduire l’image de son Fils, toute joie qui habite notre cœur est destinée à rejoindre sa joie de Fils ; tout notre désir de voir Dieu nous fait rejoindre Jésus dans son retour au Père ; tous les balbutiements et toutes les impuissances de notre foi viennent se noyer dans le témoignage de Jésus, qui redit, devant nous et en nous : « Nul ne connaît le Père, sinon le Fils ».
Nous n’avons pas, ici-bas, d’autre connaissance du Père que cette participation, pauvre et heureuse, au bonheur du Fils, qui dit : « Moi, je le connais ! », et c’est l’Esprit qui nous la donne en partage.
Nous n’avons pas d’autre rassasiement que la volonté du Père, celle dont Jésus, tous les jours, faisait sa nourriture ; et c’est l’Esprit qui nous la découvre, dans la parole de Jésus.
Nous n’avons pas voulu garder d’autre richesse ni d’autre assurance que le regard posé sur nous du Père qui nous aime, ce regard que Jésus ne quittait pas du regard, et que l’Esprit nous fait pressentir ou retrouver.
Nous n’avons plus d’autre soulagement, lorsque nous plions sous le poids du fardeau, que de venir nous mettre sous le joug de Jésus, qui détend aussitôt toutes les fatigues du cœur, parce que, aussitôt, le Maître nous prend à son école.
« Venez à moi, redit Jésus, et moi je vous donnerai le repos ! »
Venez à moi, vous qui pliez sous le poids de l’épreuve, vous qui pleurez un être cher, car je viens habiter votre solitude.
Venez à moi, vous qui êtes las de vous donner et de vous oublier, car avec moi, cette mort sera féconde.
Venez à moi, vous que la haine a chassés de votre pays, de votre maison et des horizons de votre enfance, car avec moi vous serez dans le pays de Dieu.
Venez à moi, vous qui pleurez de ne pouvoir pardonner, car je suis doux et humble de cœur.
Ce que nous apportons aujourd’hui, et chaque jour, à l’Eucharistie du Seigneur, « pour la gloire de Dieu et le salut du monde », c’est le désir d’entrer dans cette humilité et cette douceur du Christ, c’est cette existence filiale, avec ses joies et ses secrets, c’est cette réponse au Père, authentifiée par notre vie fraternelle.
Si ce désir filial nous habite et nous fait cheminer, peu importe que nos mains soient vides, peu importe que nos moissons demeurent invisibles, peu importe que l’exode se prolonge et nous pèse, car Jésus, déjà, nous donne le repos, et Dieu, pour sa gloire, prépare la rencontre où nous serons vraiment fils dans le Fils, filles dans le Fils, parce que nous le verrons tel qu’il est ; et que nous le connaîtrons comme nous sommes connus.