
Première lecture
Le Seigneur glorifie le père dans ses enfants, il renforce l’autorité de la mère sur ses fils. Celui qui honore son père obtient le pardon de ses péchés, celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor. Celui qui honore son père aura de la joie dans ses enfants, au jour de sa prière il sera exaucé. Celui qui glorifie son père verra de longs jours, celui qui obéit au Seigneur donne du réconfort à sa mère.
Mon fils, soutiens ton père dans sa vieillesse, ne le chagrine pas pendant sa vie. Même si son esprit l’abandonne, sois indulgent, ne le méprise pas, toi qui es en pleine force. Car ta miséricorde envers ton père ne sera pas oubliée, et elle relèvera ta maison si elle est ruinée par le péché.
Psaume
Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies !
Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies ! Tu te nourriras du travail de tes mains : Heureux es- tu ! À toi, le bonheur !
Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse, et tes fils, autour de la table, comme des plants d’olivier.
Voilà comment sera béni l’homme qui craint le Seigneur. De Sion, que le Seigneur te bénisse ! Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie.
Deuxième lecture
Frères, puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonné : faites de même. Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait. Et que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés, vous qui formez un seul corps. Vivez dans l’action de grâce. Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres en toute sagesse ; par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés, chantez à Dieu, dans vos cœurs, votre reconnaissance. Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père. Vous les femmes, soyez soumises à votre mari ; dans le Seigneur, c’est ce qui convient. Et vous les hommes, aimez votre femme, ne soyez pas désagréables avec elle. Vous les enfants, obéissez en toute chose à vos parents ; cela est beau dans le Seigneur. Et vous les parents, n’exaspérez pas vos enfants ; vous risqueriez de les décourager.
Évangile
Alléluia. Alléluia.
Que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ ; que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse !
Alléluia.
Après le départ des mages, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils.
Après la mort d’Hérode, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. » Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays d’Israël. Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.
Méditer avec les carmes
Dieu a pris en main le cours des événements, et Il sauve Celui qu’Il vient de donner au monde comme sauveur ; et de même qu’il n’a pas cessé, dans l’ancienne Alliance, de commenter ses gestes de salut, Il révèle à Joseph son plan de salut pour l’enfant et sa Mère.
Mais, même révélé ainsi par Dieu, son dessein reste mystérieux, et sous bien des aspects.
D’abord Joseph reçoit une consigne très générale : « Fuis en Egypte ! »
Tout reste à inventer, à oser, à risquer, tout ce concret qui viendra de la libre initiative de l’homme, tout ce chemin d’audace et de prudence qui sera l’œuvre de Joseph.
Autre aspect du mystère : Dieu impose des délais, Dieu laisse faire le temps et ne donne au croyant que des signes de foi et d’espérance : « Fuis en Egypte, restes-y jusqu’à nouvel ordre ! »
Jusqu’à nouvel ordre... Joseph devra donc tout miser sur la Parole de Dieu... Un nouvel ordre de Dieu viendra, mais Dieu seul sait quand !
Cependant le mystère le plus déroutant dans le dessein de Dieu se situe ailleurs encore, et c’est celui-là que met en lumière le massacre des Innocents : Dieu, quand Il exauce un juste, n’interrompt pas forcément les menées de l’impie.
Dieu, tout en préservant l’avenir de l’Enfant Messie, laisse se déployer tout un projet criminel : « Hérode envoie tuer, dans Bethléhem et tout son territoire, tous les enfants jusqu’à deux ans ».
Seule la Résurrection de Jésus viendra donner un sens à ce martyre ; seule la certitude de retrouver près du Christ leur enfant aurait pu ce jour-là consoler toutes ces mères. Mais elles étaient inconsolables parce qu’elles ne pouvaient lire dans l’événement que la cruauté absurde d’un roi, comme Rachel, qui ne voulait pas que d’autres femmes la consolent, puisque les enfants de son peuple étaient partis en déportation (Jr 31, 35), comme tant d’hommes et de femmes, nos contemporains, que révolte la souffrance des innocents, et qui ne veulent pas, surtout pas, de consolation, préférant faire grief à Dieu, tant qu’ils vivront, de tant de morts insensées, de tant d’ivraie étouffant le bon grain.
Frères et sœurs, nous qui avons la foi, nous ne sommes pas pour autant immunisés contre l’épreuve, contre le deuil, contre la solitude ; mais nous savons une chose, qui nous rend la joie et la paix : c’est que nous avons du prix aux yeux de Dieu qui nous aime.
Disons oui au dessein de Dieu, qui nous rappelle tous d’Egypte, comme autant de fils et de filles, moyennant un Exode que lui seul conduira ; disons oui aux lenteurs de Dieu, et guettons chaque jour, dans la joie, son nouvel ordre, ce moment imprévisible, mais certain, où Jésus Berger, très doucement, sifflera de nouveau sa brebis.
Accueillons dans notre prière le non de tous ceux qui n’ont pas d’espérance, le non de toutes les mères inconsolables. Portons à Dieu, dans cette Eucharistie, le refus de ceux qui ne savent pas que Dieu les aime, et qu’Il fait de la vie avec toutes nos morts.