
Première lecture
En ces jours-là, le général syrien Naaman, qui était lépreux, descendit jusqu’au Jourdain et s’y plongea sept fois, pour obéir à la parole d’Élisée, l’homme de Dieu ; alors sa chair redevint semblable à celle d’un petit enfant : il était purifié ! Il retourna chez l’homme de Dieu avec toute son escorte ; il entra, se présenta devant lui et déclara : « Désormais, je le sais : il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël ! Je t’en prie, accepte un présent de ton serviteur. » Mais Élisée répondit : « Par la vie du Seigneur que je sers, je n’accepterai rien. » Naaman le pressa d’accepter, mais il refusa. Naaman dit alors : « Puisque c’est ainsi, permets que ton serviteur emporte de la terre de ce pays autant que deux mulets peuvent en transporter, car je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice à d’autres dieux qu’au Seigneur Dieu d’Israël. »
Psaume
Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations.
Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ; par son bras très saint, par sa main puissante, il s’est assuré la victoire.
Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations ; il s’est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d’Israël.
La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez.
Deuxième lecture
Bien-aimé, souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, le descendant de David : voilà mon évangile. C’est pour lui que j’endure la souffrance, jusqu’à être enchaîné comme un malfaiteur. Mais on n’enchaîne pas la parole de Dieu ! C’est pourquoi je supporte tout pour ceux que Dieu a choisis, afin qu’ils obtiennent, eux aussi, le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle.
Voici une parole digne de foi : Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons. Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera. Si nous manquons de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Rendez grâce à Dieu en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus.
Alléluia.
En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » à cette vue, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. »
En cours de route, ils furent purifiés. L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain. Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »
Méditer avec les carmes
Au temps de Jésus, en Palestine, avoir la lèpre, c’était, encore plus qu’aujourd’hui, être condamné à vivre en marge de la communauté humaine. La législation du Lévitique en témoigne : « Le lépreux portera ses vêtements déchirés et ses cheveux dénoués [. .] et il criera : Impur ! Impur ! [. .] Tant que durera son mal il demeurera à part ; sa demeure sera hors du camp » (Lv 13, 45).
Et de fait, c’est à l’entrée d’un village que Jésus entend qu’on l’appelle : « Jésus, maître, prends pitié de nous ! » Dix lépreux sont là, compagnons de misère, mais décidés à saisir la chance de leur vie, la dernière chance, puisqu’ils sont rejetés des hommes.
Ils se tiennent à distance, par habitude, par crainte, peut-être, d’indisposer Jésus en osant s’approcher ; et jamais la distance ne leur a paru si dure à supporter.
Ainsi en va-t-il de nous, dans notre relation à Jésus et à Dieu. Nous croyons que notre lèpre nous rend indignes de l’amour du Père et qu’elle va rebuter le Seigneur. Nous avons encore peur de nous approcher tels que nous sommes ; nous avons peine à croire que Dieu nous aime ainsi, tels que nous sommes ; non pas qu’il aime notre lèpre spirituelle, mais il nous aime tout lépreux que nous sommes, car il n’y a place, dans le cœur de Dieu, ni pour le rejet ni pour le dégoût : « D’un cœur broyé, Seigneur, tu n’as pas de mépris » (Ps 51, 19).
Nous imaginons sans cesse qu’une distance nous sépare du Christ. Or jamais le Christ n’est plus proche que lorsque nous souffrons, lorsque nous sentons le poids de la solitude et que nous nous croyons coupés de tout secours humain.
Et Jésus ne brusque rien. Il respecte la gêne des lépreux, qui se sentent si laids et si peu agréables. Il ne leur dit pas : « Approchez, approchez donc ; je vais vous guérir ! », mais, avec beaucoup de douceur et de doigté : « Allez vous montrer aux prêtres. »
En effet, d’après la Loi il revenait aux prêtres d’abord de faire le constat officiel de la guérison, puis d’offrir divers sacrifices, à la charge de l’homme guéri et à la mesure de ses possibilités financières.
« Allez... pour le constat ! » Jésus leur demande un acte de foi total : se mettre en route pour le constat de guérison, alors que leur lèpre est encore là, sous leurs yeux, qui leur ronge la chair. Ils partent néanmoins, sur la seule parole de Jésus.
Quelques instants plus tard, c’est la guérison, subite, complète, pour les dix en même temps.
Les dix ont cru ; mais un seul a remercié : le plus pauvre, le plus méprisé de tous, le seul samaritain de la petite bande de lépreux. Les neuf ont reçu le cadeau du Christ, et cela leur a semblé normal. La bonté de Dieu ne les a pas tirés de leur égoïsme ; ils ont saisi avidement le bienfait, sans entendre l’appel ; ils n’ont pas compris qu’à travers cette guérison, Jésus leur faisait signe, que Dieu les libérait pour la louange et le service.
Le samaritain, lui, est revenu, oubliant le constat ; il est revenu, fou de joie, parlant tout haut et ne cessant pas de remercier Dieu. Il a pris conscience que le Christ l’aimait au point de le guérir, et devant cette évidence bouleversante : « Jésus m’a aimé », il vient se prosterner aux pieds du Maître, pour lui dire avec son corps guéri, avec son cœur soudain adouci par la joie, le merci qui n’est dû qu’à Dieu.