
Première lecture
Frères, nous sommes réconfortés grâce à vous au milieu de toutes nos difficultés et de notre détresse, à cause de votre foi. Et maintenant nous revivons, puisque vous autres, vous tenez bon dans le Seigneur. Comment pourrions-nous assez rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour toute la joie que nous avons à cause de vous devant notre Dieu ? Nous le prions avec ardeur, jour et nuit, pour que nous puissions revoir votre visage et compléter ce qui manque à votre foi. Que Dieu lui-même, notre Père, et que notre Seigneur Jésus nous tracent le chemin jusqu’à vous. Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous. Et qu’ainsi il affermisse vos cœurs, les rendant irréprochables en sainteté devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous les saints. Amen.
Psaume
Rassasie-nous de ton amour, Seigneur : nous serons dans la joie.
Tu fais retourner l’homme à la poussière ; tu as dit : « Retournez, fils d’Adam ! » À tes yeux, mille ans sont comme hier, c’est un jour qui s’en va, une heure dans la nuit.
Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse. Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ? Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.
Rassasie-nous de ton amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants. Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu ! Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Veillez, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de l’homme viendra. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Veillez, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. Que dire du serviteur fidèle et sensé à qui le maître a confié la charge des gens de sa maison, pour leur donner la nourriture en temps voulu ? Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! Amen, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens. Mais si ce mauvais serviteur se dit en lui-même : “Mon maître tarde”, et s’il se met à frapper ses compagnons, s’il mange et boit avec les ivrognes, alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des hypocrites ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. »
Méditer avec les carmes
Deux paraboles sur la vigilance : la première s’adresse à tous, la seconde vise davantage les chrétiens en situation de responsabilité, mais d’une certaine manière, nous le sommes tous.
Dans la première parabole, le raisonnement de Jésus est une sorte de surenchère qui souligne l’urgence de veiller.
Si le maître de maison connaissait l’heure de la nuit à laquelle le voleur va venir, il veillerait... Comprenons : il veillerait quelques heures, pour surprendre l’intrus.
Or le voleur ne prévient jamais d’avance ; le propriétaire ne sait pas, et il ne veille pas, car il lui faudrait veiller toutes les nuits !
Eh bien vous, nous dit Jésus, vous ne savez pas, mais il vous faut veiller toujours, comme quelqu’un qui serait toujours sur le qui-vive et qui ne dormirait jamais que d’un œil.
Parce que nous ignorons l’heure où le Fils de l’Homme va venir, il faut nous tenir prêts avec toute l’Église. Parce que nous ignorons l’heure où Dieu nous rappellera à lui, il nous faut rester éveillés, « tout éveillés dans notre foi », et ne pas laisser le voleur percer notre maison. Un trou dans le mur, et toutes les richesses s’envont en une seule nuit ; un trou béant dans notre fidélité à l’oraison, et notre vie cachée perd son sens ; une brèche dans le mur de la confiance communautaire, et les richesses des cœurs ne sont plus en sécurité.
Dans la seconde parabole, c’est un serviteur qui est mis en scène, mais un serviteur de confiance sur qui son maître croit pouvoir s’appuyer, au point qu’il lui remet une part importante de son autorité et de sa gérance : aux frais de son patron, ce serviteur devra assurer la subsistance de tout le personnel.
Responsabilité de tous les jours, qui se fait lourde à mesure que le temps passe, que l’absence du Maître s’éternise et que son contrôle s’éloigne. « Mon maître tarde », pense l’homme, qui faiblit dans la solitude. Il ne devient pas malhonnête ; non, il ne renie pas totalement ses engagements premiers ; mais il devient agressif avec ses compagnons, ne supportant plus rien ; puis il perd le sens de l’effort et enfin toute dignité personnelle, ne vivant plus désormais que pour manger et boire avec les ivrognes.
C’est la déchéance, puis le châtiment de celui qui n’a pas su veiller, ou plutôt : qui n’a pas su attendre activement le retour du maître. Mais, à l’opposé, Jésus proclame la Béatitude des serviteurs que l’attente n’entame pas dans leur fidélité et qui vivent avec le même sérieux et le même dévouement paisible la présence et l’absence du Maître : « Bienheureux ce serviteur que son maître en arrivant trouvera en train de faire son travail », c’est-à-dire, en train de pourvoir au bonheur des autres. En vérité, il l’établira sur tous ses biens... Bienheureux ce serviteur sur qui le temps n’a pas de prise : il ne sait pas quand reviendra le Maître, mais il vit chaque journée comme sous le regard de l’absent.
Bienheureux ceux qui ne se lassent pas de servir dans l’ombre où Jésus les a laissés ; le Seigneur leur donnera un cœur universel.