
Première lecture
Frères, par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres ; les femmes, à leur mari, comme au Seigneur Jésus ; car, pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l’Église, le Christ est la tête, lui qui est le Sauveur de son corps. Eh bien ! puisque l’Église se soumet au Christ, qu’il en soit toujours de même pour les femmes à l’égard de leur mari.
Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle, afin de la rendre sainte en la purifiant par le bain de l’eau baptismale, accompagné d’une parole ; il voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel ; il la voulait sainte et immaculée. C’est de la même façon que les maris doivent aimer leur femme : comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime soi-même. Jamais personne n’a méprisé son propre corps : au contraire, on le nourrit, on en prend soin.
C’est ce que fait le Christ pour l’Église, parce que nous sommes les membres de son corps. Comme dit l’Écriture : À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église. Pour en revenir à vous, chacun doit aimer sa propre femme comme lui-même, et la femme doit avoir du respect pour son mari.
Psaume
Heureux qui craint le Seigneur !
Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies ! Tu te nourriras du travail de tes mains : Heureux es- tu ! À toi, le bonheur !
Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse, et tes fils, autour de la table, comme des plants d’olivier.
Voilà comment sera béni l’homme qui craint le Seigneur. De Sion, que le Seigneur te bénisse ! Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Tu es béni, Père, Seigneur du ciel et de la terre, tu as révélé aux tout-petits les mystères du Royaume ! Alléluia.
En ce temps-là, Jésus disait : « À quoi le règne de Dieu est-il comparable, à quoi vais-je le comparer ? Il est comparable à une graine de moutarde qu’un homme a prise et jetée dans son jardin. Elle a poussé, elle est devenue un arbre, et les oiseaux du ciel ont fait leur nid dans ses branches. » Il dit encore : « À quoi pourrai-je comparer le règne de Dieu ? Il est comparable au levain qu’une femme a pris et enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »
Méditer avec les carmes
Une graine infime devient un arbre. Ainsi en va-t-il du Royaume de Dieu : la même loi de disproportion se vérifie, et aussi un miracle de vie encore plus inouï.
Car le Royaume de Dieu n’est pas une sorte de territoire découpé sur terre, mais une réalité intérieure. Au temps de Jésus, on appelait Royaume de Dieu, ou mieux « règne de Dieu », « royauté de Dieu », l’emprise de Dieu sur le cœur de l’homme, la place de Dieu dans le cœur de l’homme, la seigneurie de Dieu que l’homme doit reconnaître et sa volonté de salut dans laquelle il doit entrer.
Et c’est bien de cela qu’il s’agit dans la parabole de Jésus que nous lisons aujourd’hui.
L’amitié de Dieu avec le croyant commence et recommence toujours sans bruit, sans éclat, sans insistance. C’est une lumière d’un instant, un moment d’espérance, la certitude d’être aimé et pardonné. C’est souvent un instant bref et fugitif, apparemment sans importance et sans conséquences, pas plus épais dans la vie qu’une graine de sénevé qui roule entre les doigts.
Mais si nous savons reconnaître la visite de Dieu, si nous avons le courage de dire : « C’est Dieu qui passe », si nous donnons tout son prix à cet amour que Dieu nous propose sans s’imposer, une grande aventure d’espérance peut commencer, dont Jésus sera le maître.
Si nous faisons confiance à la grâce et que nous laissons se déployer le mystère de la vie, si nous laissons agir le Vivant et son mystère, l’amour de Dieu en nous devient un arbre tout bruissant : Dieu, une fois accueilli, vient accueillir en nous ceux qu’il nous donne à aimer.
Nous avons tous expérimenté dans notre existence personnelle, dans notre vie de foi, le mystère de certains commencements, qui parurent, à nos yeux, d’une pauvreté désespérante, et qui pourtant étaient riches, déjà, de toute la force de Dieu. Mais cette loi de disproportion, qui est au fond une certaine élégance de la puissance de Dieu, nous sommes beaucoup moins prêts à la reconnaître dans la vie de nos communautés.
Après des années d’efforts et de fidélité, de reprises et de demi-conversions, il nous arrive de sentir, parfois avec une sorte d’angoisse, la disproportion de nos forces avec les exigences nouvelles du témoignage, et l’avenir nous semble alors hasardeux, ténu, sans épaisseur, comme la graine de sénevé qu’on sent à peine entre ses doigts.
C’est alors que Jésus nous rejoint pour nous dire : « Gardez confiance et gardez l’unité par le lien de la paix, et moi, de la graine minuscule de votre foi et de votre charité, je ferai un grand arbre. »
L’arbre, jamais nous ne le verrons en train de pousser, car aucun œil humain n’est fait pour ces longues patiences. L’important est que cet arbre grandisse sous le regard de Dieu.
De même, Dieu seul sait quand la pâte de notre communauté aura suffisamment levé pour la fournée qu’il prépare. Ce qu’il nous demande à tous c’est d’être levain, ferment de prière et ferment d’unité. Ferment caché, enfoui, comme le Fils de Dieu dans notre humanité.