
Première lecture
Révélation de Jésus Christ, que Dieu lui a confiée pour montrer à ses serviteurs ce qui doit bientôt advenir ; cette révélation, il l’a fait connaître à son serviteur Jean par l’envoi de son ange. Jean atteste comme parole de Dieu et témoignage de Jésus Christ tout ce qu’il a vu. Heureux celui qui lit, heureux ceux qui écoutent les paroles de la prophétie et gardent ce qui est écrit en elle, car le temps est proche.
Jean, aux sept Églises qui sont en Asie mineure : à vous, la grâce et la paix, de la part de Celui qui est, qui était et qui vient, de la part des sept esprits qui sont devant son trône.
J’ai entendu le Seigneur qui me disait : À l’ange de l’Église qui est à Éphèse, écris : Ainsi parle celui qui tient les sept étoiles dans sa main droite, qui marche au milieu des sept chandeliers d’or : Je connais tes actions, ta peine, ta persévérance, je sais que tu ne peux supporter les malfaisants ; tu as mis à l’épreuve ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas ; tu as découvert qu’ils étaient menteurs. Tu ne manques pas de persévérance, et tu as tant supporté pour mon nom, sans ménager ta peine. Mais j’ai contre toi que ton premier amour, tu l’as abandonné. Eh bien, rappelle-toi d’où tu es tombé, convertis-toi, reviens à tes premières actions.
Psaume
Au vainqueur, je donnerai de goûter à l’arbre de la vie.
Heureux est l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, ne siège pas avec ceux qui ricanent, mais se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit !
Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt ; tout ce qu’il entreprend réussira. Tel n’est pas le sort des méchants.
Mais ils sont comme la paille balayée par le vent, Le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra.
Évangile
Alléluia. Alléluia.
Moi, je suis la lumière du monde, dit le Seigneur. Celui qui me suit aura la lumière de la vie.
Alléluia.
Alors que Jésus approchait de Jéricho, un aveugle mendiait, assis au bord de la route. Entendant la foule passer devant lui, il s’informa de ce qu’il y avait. On lui apprit que c’était Jésus le Nazaréen qui passait. Il s’écria : « Jésus, fils de David, prends pitié de moi ! » Ceux qui marchaient en tête le rabrouaient pour le faire taire. Mais lui criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! » Jésus s’arrêta et il ordonna qu’on le lui amène. Quand il se fut approché, Jésus lui demanda : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Il répondit : « Seigneur, que je retrouve la vue. » Et Jésus lui dit : « Retrouve la vue ! Ta foi t’a sauvé. » À l’instant même, il retrouva la vue, et il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu. Et tout le peuple, voyant cela, adressa une louange à Dieu.
Méditer avec les carmes
L’aveugle de Jéricho avait deux minutes pour crier, et il a crié de toutes ses forces, pour ne pas manquer le passage de Jésus, la chance de sa vie. Il criait sans rien voir ; il criait justement parce qu’il ne voyait pas : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! »
Jusque là il mendiait au bord du chemin, tendant la main vers la pitié des hommes. Brusquement il se met à crier, pour réclamer ce qu’aucun passant ne pouvait lui donner : il voulait la pitié de Jésus, sa pitié forte, seule capable de le sauver, de le tirer de la nuit : « Fils de David, aie pitié de moi ! »
Le voilà devant Jésus, et Jésus l’interroge : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » La question peut paraître superflue ; mais Jésus sait bien qu’il a affaire à un aveugle. L’homme ne voit pas le visage de Jésus; il ne peut rien lire, rien deviner ; il lui faut le son de sa voix pour savoir que le Seigneur s’est tourné vers lui.
« Seigneur, que je voie ! » C’est la prière d’un pauvre qui vit dans la nuit son existence personnelle et communautaire. Que je voie, pour connaître enfin les êtres que je rencontre chaque jour. Que je voie, et que les autres puissent lire dans mon regard autre chose qu’une flamme morte. Que je voie ceux que j’aime, et que, voyant mon regard, ils se sachent aimés. Et Jésus lui dit : « Vois. Ta foi t’a sauvé ! » Ce qui sauve, en effet, ce qui sauve de la nuit, de la tristesse et de la solitude, c’est de croire en ce que Jésus peut faire, et de croire qu’il le fera pour nous.
Tant que l’on est aveugle, on est pour tout en alerte. Il faut calculer tous les gestes, interpréter tous les sons, pressentir partout l’obstacle, et même si l’on récupère courageusement tout son espace, pour maint détail on reste dépendant, alors qu’on entend les autres marcher, s’affairer, et créer en toute aisance le bonheur qu’ils partagent. Les mêmes contraintes se retrouvent, transposées, dans notre cécité spirituelle. Nous n’apercevons pas le terme de la route, ni le chemin à prendre aujourd’hui. Il nous faut avancer à tâtons, dans un environnement qui nous paraît hostile ; et une sorte de crainte diffuse nous retient de décider et de faire confiance.
En nous donnant de voir, Jésus nous rend l’espace spirituel et la liberté. Pas n’importe quelle liberté, mais une liberté filiale, qui nous rend capables d’aimer, de servir, et de suivre le Maître partout où il va.
La première chose que l’aveugle ait vu, c’est le visage du Christ, le regard du Christ. Et quelle a été sa réaction immédiate ? - « il suivait Jésus en rendant grâces à Dieu ! » Quel programme de vie ! C’est la définition même d’une existence vouée à l’Évangile. L’aveugle illuminé s’est mis à suivre Jésus ; or Jésus montait à Jérusalem, où l’attendaient la passion et la mort.
Nul ne peut dire qu’il a vu le Christ, s’il ne se met à le suivre ; car tout regard sur le Fils de Dieu nous conforme à son mystère de mort et de vie, de mort pour la vie ; jusqu’au moment où nous le découvrirons dans la gloire. Alors nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’il est.