
Première lecture
Les âmes des justes sont dans la main de Dieu ; aucun tourment n’a de prise sur eux. Aux yeux de l’insensé, ils ont paru mourir ; leur départ est compris comme un malheur, et leur éloignement, comme une fin : mais ils sont dans la paix. Au regard des hommes, ils ont subi un châtiment, mais l’espérance de l’immortalité les comblait. Après de faibles peines, de grands bienfaits les attendent, car Dieu les a mis à l’épreuve et trouvés dignes de lui. Comme l’or au creuset, il les a éprouvés ; comme une offrande parfaite, il les accueille. Au temps de sa visite, ils resplendiront : comme l’étincelle qui court sur la paille, ils avancent. Ils jugeront les nations, ils auront pouvoir sur les peuples, et le Seigneur régnera sur eux pour les siècles. Qui met en lui sa foi comprendra la vérité ; ceux qui sont fidèles resteront, dans l’amour, près de lui. Pour ses amis, grâce et miséricorde : il visitera ses élus.
Psaume
J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants.
Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ?
J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour admirer le Seigneur dans sa beauté et m’attacher à son temple.
Écoute, Seigneur, je t’appelle ! Pitié ! Réponds-moi ! Mon cœur m’a redit ta parole : « Cherchez ma face. » C’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face.
Mais j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. « Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur. »
Deuxième lecture
Frères, c’est un mystère que je vous annonce : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés, et cela en un instant, en un clin d’œil, quand, à la fin, la trompette retentira. Car elle retentira, et les morts ressusciteront, impérissables, et nous, nous serons transformés. Il faut en effet que cet être périssable que nous sommes revête ce qui est impérissable ; il faut que cet être mortel revête l’immortalité. Et quand cet être périssable aura revêtu ce qui est impérissable, quand cet être mortel aura revêtu l’immortalité, alors se réalisera la parole de l’Écriture : La mort a été engloutie dans la victoire. Ô Mort, où est ta victoire ? Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort, c’est le péché ; ce qui donne force au péché, c’est la Loi. Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ.
Évangile
Alléluia. Alléluia. Moi, je suis la résurrection et la vie, dit le Seigneur. Celui qui croit en moi ne mourra jamais. Alléluia.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : "Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !" Alors les justes lui répondront : ‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu... ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? ’ Et le Roi leur répondra : "Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait."
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : "Allez-vous en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité." Alors ils répondront, eux aussi : "Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?" Il leur répondra : "Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait."
Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »
Méditer avec les carmes
« Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un des ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».
Je suis tombé hier dans un parloir sur une brochure qui présente l’œuvre et les fondations de Mère Teresa de Calcutta, plus précisément sur une citation de Mère Teresa : « Pensez à l’enfance abandonnée. Un jour j’ai vu un petit enfant qui ne mangeait pas ; sa mère était morte. Alors j’ai trouvé une sœur qui ressemblait à sa mère et je lui dis de ne rien faire d’autre que de jouer avec l’enfant. L’appétit est revenu … ». Et cette phrase de Mère Teresa m’a rappelé cette sœur indienne d’une de ses communautés, que j’ai rencontrée dans son bidonville de Port au Prince, en Haïti. Seule ce jour-là au milieu d’une cinquantaine de malades condamnés. Seule, mais souriante, avec son point bleu sur le front.
« C’est à moi que vous l’avez fait... ». Instinctivement, pour illustrer cette parole de Jésus, nous évoquons ces vies toutes livrées au service des pauvres et des malades, ces femmes qui vont les mains vides à la rencontre de la souffrance et de la mort, ces consacrées totalement libérées par leur pauvreté, reflet direct de la miséricorde de Dieu pour toute détresse.
Et nous nous disons : « Quelle place ont dans ma vie les pauvres de Dieu ? De fait, quand nous sommes rassemblés durant des heures pour l’oraison silencieuse, quand nous sommes occupés par notre métier, accaparés par nos responsabilités et nos soucis immédiats, nous ne sommes pas en train de jouer avec un enfant qui ne mange plus. Sommes-nous pour autant des minus de la charité ? sommes-nous exclus du groupe des porteurs de vie ? l’appel de Jésus nous a-t-il disqualifiés pour le service des pauvres ? Non, bien sûr, mais nous avons besoin de réveiller notre foi pour nous situer à notre place dans la charité. En fait, tout autant que la sœur du bidonville nous pouvons entrer dans l’amour des pauvres comme Jésus aujourd’hui nous y appelle, mais c’est au prix d’un triple effort d’authenticité :
1°) Authenticité de notre vie d’oraison, qui nous fait rejoindre tous les pauvres du monde directement dans le cœur de Dieu qui les aime : pauvres de biens matériels, pauvres de ressources affectives, pauvres d’amis, pauvres dans l’estime des autres.
2°) Authenticité de notre regard sur l’argent et le pouvoir qu’il donne, dans la fidélité à la pauvreté que nous avons vouée personnellement au Seigneur.
3°) Authenticité de notre vie fraternelle, attention aux réalités quotidiennes, qui nous permettent de reconnaître dans la sœur toute proche, quotidienne et trop connue, cette affamée, celle assoiffée, cette étrangère, cette grelottante, cette malade et cette prisonnière, qui a besoin de nous, de notre patience, de notre sourire, et que Jésus nous donne à aimer.
Aujourd’hui, ce que je ferai pour elle, Jésus le prendra pour lui.