
Première lecture
Bien-aimé, dis ce qui est conforme à l’enseignement de la saine doctrine. Que les hommes âgés soient sobres, dignes de respect, pondérés, et solides dans la foi, la charité et la persévérance. De même, que les femmes âgées mènent une vie sainte, ne soient pas médisantes ni esclaves de la boisson, et qu’elles soient de bon conseil, pour apprendre aux jeunes femmes à aimer leur mari et leurs enfants, à être raisonnables et pures, bonnes maîtresses de maison, aimables, soumises à leur mari, afin que la parole de Dieu ne soit pas exposée au blasphème. Les jeunes aussi, exhorte-les à être raisonnables en toutes choses. Toi-même, sois un modèle par ta façon de bien agir, par un enseignement sans défaut et digne de respect, par la solidité inattaquable de ta parole, pour la plus grande confusion de l’adversaire, qui ne trouvera aucune critique à faire sur nous.
Car la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.
Psaume
Le salut des justes vient du Seigneur.
Fais confiance au Seigneur, agis bien, habite la terre et reste fidèle ; mets ta joie dans le Seigneur : il comblera les désirs de ton cœur.
Il connaît les jours de l’homme intègre qui recevra un héritage impérissable. Quand le Seigneur conduit les pas de l’homme, ils sont fermes et sa marche lui plaît.
Évite le mal, fais ce qui est bien, et tu auras une habitation pour toujours, Les justes posséderont la terre et toujours l’habiteront.
Évangile
Alléluia. Alléluia.
Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ; mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui.
Alléluia.
En ce temps-là, Jésus disait : « Lequel d’entre vous, quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs : “Viens vite prendre place à table” ? Ne lui dira-t-il pas plutôt : “Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive. Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour” ? Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ? De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : “Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir” »
Méditer avec les carmes
Nous voilà à première vue bien loin des habitudes sociales qui ont prévalu en Occident : Jésus met en scène un serviteur qui, après une journée de labour ou de marche derrière le troupeau, doit encore préparer le repas du maître et attendre, en tablier, qu’il ait fini tranquillement de manger et de boire.
Même pour l’époque de Jésus les traits sont volontairement forcés, et le maître, dans le texte, insiste comme à plaisir sur ses droits d’employeur. Il ose même dire, sans sourciller, au serviteur : « Tu mangeras et tu boiras... après ! »
Le plus surprenant, et le plus révoltant en un sens, est que le serviteur ne semble avoir droit à aucun merci, alors qu’il a accompli tout ce qu’on lui demandait. Les faits sont présentés par Jésus comme pour faire monter en nous la réprobation et le scandale. Jésus compte, visiblement, sur notre réaction indignée, et il souligne le cynisme des maîtres humains pour mieux mettre en lumière les droits de Dieu.
Dieu notre Maître n’a besoin ni de manger ni de boire, mais c’est lui qui nous fait connaître sa volonté. Dieu ignore la tyrannie, et pourtant, du lever au sommeil, tout le temps de nos journées lui appartient. Dieu ne réclame jamais, mais il a droit à tout.
Pour Jésus, cette seigneurie de Dieu sur la vie quotidienne de l’homme est une donnée immédiate, une sorte d’évidence paisible : nous sommes les serviteurs du Maître de l’histoire. Et parce que cette destinée de service est notre réel devant Dieu, elle ne doit susciter en nous, selon Jésus, qu’une joie toute simple, la joie de coïncider jour après jour, et tout le long du jour, avec le vouloir du Père : « Quand vous aurez fait tout ce qui vous a été commandé (sous-entendu : par Dieu), dites : Nous sommes des serviteurs (maintenant) inutiles. Ce que nous devions faire, nous l’avons fait. C’est tout ! »
De fait ce paradoxe d’une fidélité toujours plus oublieuse d’elle-même se vérifie dans la vie des serviteurs et des servantes de Dieu.
À partir du moment où le vouloir de Dieu devient notre nourriture, nous restons toujours sur notre faim. Même quand nos journées sont remplies à ras bord, nous les sentons encore pauvres d’amour.
Quand nous avons fait ce que nous devions faire, nous avons tout juste préparé la page où Dieu va écrire. Ce n’est pas rien qu’une journée soumise et remise à Dieu, mais c’est si peu que rien en regard des besoins du Royaume.
Et surtout, plus nous essayons d’aimer notre Dieu, plus il nous semble normal de le servir. Quand la fidélité sera devenue le quotidien, notre quotidien de pauvres de cœur, quand la remise à Dieu des œuvres de nos mains sera devenue un réflexe et un plaisir, quand l’obéissance filiale, les années passant, sera devenue ordinaire, alors nous nous serons approchés de la sagesse de notre Maître ; car notre Dieu merveilleux est passionné de vie ordinaire, et c’est dans l’ordinaire qu’il aime accomplir ses merveilles.
C’est bien pourquoi Jésus a vécu trente ans à Nazareth.
Un jour viendra - et Dieu en garde le secret - où nous dirons, comme Jésus au sommet de sa vie, au sommet de la Croix : « Tout est accompli ». Alors, au repas de la gloire, le Fils de Dieu lui-même nous servira, comme il nous sert déjà aujourd’hui pour le repas du voyage.