L'offrande personnelle du ministre ordonné (Benoît XVI)
L'institution de l'Eucharistie par le Christ au Cénacle révèle l'unité profonde entre le sacrement de l'Ordre et la célébration eucharistique, où le prêtre, en personne du Christ, devient médiateur du sacrifice rédempteur. Ce lien sacré souligne le rôle essentiel du sacerdoce, appelé à imiter le Christ prêtre par un don total de soi, reflet vivant de l'amour et du service au peuple de Dieu.
Le lien intrinsèque entre Eucharistie et Sacrement de l'Ordre découle des paroles mêmes de Jésus au Cénacle : « Faites ceci en mémoire de moi » (Lc 22, 19).
En effet, Jésus, à la veille de sa mort, a institué l'Eucharistie et fondé en même temps le sacerdoce de la Nouvelle Alliance. Il est prêtre, victime et autel : médiateur entre Dieu le Père et le peuple (cf. He 5, 5-10), victime d'expiation (cf. 1 Jn 2, 2 ; 4, 10) qui s'offre elle-même sur l'autel de la croix.
Personne ne peut dire « ceci est mon corps » et « ceci est la coupe de mon sang » si ce n'est au nom et en la personne du Christ, unique souverain prêtre de la nouvelle et éternelle Alliance (cf. He 8-9). [...]
La doctrine de l'Église fait de l'ordination sacerdotale la condition indispensable pour la célébration valide de l'Eucharistie[1].
En effet, « dans le service ecclésial du ministre ordonné, c'est le Christ lui-même qui est présent à son Église en tant que Tête de son Corps, Pasteur de son troupeau, grand prêtre du sacrifice rédempteur »[2].
De façon certaine, le ministre ordonné « agit aussi au nom de toute l'Église lorsqu'il présente à Dieu la prière de l'Église et surtout lorsqu'il offre le sacrifice eucharistique »[3]. [...]
Le sacerdoce, comme le disait saint Augustin, est amoris officium[4], est l'office du bon pasteur, qui offre sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10, 14-15). [...]
Dans le choix du célibat sacerdotal, le dévouement qui conforme le prêtre au Christ et l'offrande exclusive de lui-même pour le Règne de Dieu trouvent une expression particulière[5]. Le fait que le Christ lui-même, prêtre pour l'éternité, ait vécu sa mission jusqu'au Sacrifice de la croix dans l'état de virginité constitue le point de référence sûr pour recueillir le sens de la tradition de l'Église latine sur cette question.
[1] Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 10 ; Congrégation pour la doctrine de la foi, Lettre sur quelques questions concernant le ministre de l'Eucharistie Sacerdotium ministeriale (6 août 1983) : AAS 75 (1983), pp. 1001-1009 ; La Documentation catholique 80 (1983), pp. 885-887.
[2] Catéchisme de l'Église catholique, n. 1548.
[3] Catéchisme de l'Église catholique, n. 1548.
[4] Cf. In Iohannis Evangelium Tractacus 123, 5 : PL 35, 1967
[5] Cf. Proposition 11.
Benoît XVI,
Exhortation apostolique Sacramentum Caritatis § 23-24.