10 décembre : Notre Dame de Lorette (facultative)
Le sanctuaire de Lorette, gardien de la Maison de la Vierge Marie, invite à contempler le mystère de l’Incarnation où le Verbe s’est fait chair, faisant de ce lieu un précieux témoignage vivant de la foi chrétienne et un appel à la sainteté familiale. À travers son histoire, ses reliques et son rayonnement spirituel, Lorette révèle la présence maternelle de Marie et sa mission unique dans le plan du salut.
Le rayonnement de ce sanctuaire italien est si grand que le calendrier liturgique catholique romain propose une mémoire liturgique pour célébrer la "Translation de la Maison de Lorette", le 10 décembre.
Le mot "translation" signifie "transport" : l'actuel sanctuaire, construit au XVe et XVIe siècle, abrite une maison, "la Maison", dont les pierres sont une relique de la maison de la Vierge Marie de Nazareth.
Sixte V (pape de 1585 à 1590), fit graver en lettres d’or sur façade de la Basilique à peine achevée : « Maison de la Mère de Dieu où le Verbe s’est fait chair ».
Il est tout à fait saisissant d’entrer en ce lieu, de se prosterner là, et de penser qu’entre ses pierres, quand la Vierge prononça son Oui, le Verbe s’est fait chair dans son sein virginal, et qu’il a vécu parmi nous.
Fêtes
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Le 10 décembre, mémoire liturgique de la translation de la maison.
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25 mars, fête de l’ Annonciation : l’Annonciation a eu lieu à Nazareth, et les murs de cette maison si simple rendent ce mystère palpable.
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8 septembre, fête de la Nativité de Marie : il est particulièrement juste d’honorer la naissance de Marie dont la sainteté est toute orientée vers sa mission exceptionnelle : devenir la mère de Jésus le Christ, vrai Dieu et vrai homme.
Accès facile par le train sur la ligne Milan-Lecce.
Le sanctuaire a une double administration : pontificale et franciscaine (les Capucins).
Le fameux récit de 1472, la Translatio miraculosa
On entend encore parler aujourd’hui de l’ouvrage Translatio miraculosa (Translation miraculeuse), composé vers 1472 par Pietro Giorgio di Tolomei, dit « le Teramano », qui fut recteur du sanctuaire de Lorette de 1450 à 1473. On y raconte comment, lorsque les habitants de Nazareth accueillirent la religion musulmane, la « chambre de la maison de Marie » fut transportée par les anges d’abord à Tersatto, près de Fiume (Rijeka) en Croatie, puis sur le territoire de Recanati en trois sites différents : dans la forêt d’une certaine Loreta, sur la colline de deux frères qui se disputèrent pour le partage des offrandes recueillies, et enfin au milieu d’une voie publique.
Certains mystiques ont repris cette idée, ce qui ajoute à la confusion car les lecteurs ne savent pas toujours discerner dans leurs "révélations" ce qui vient des connaissances de leur temps et ce qui vient de la lumière divine.
En tout cas, au fil du temps, cet ouvrage a généré de nombreuses polémiques, jusqu’à ce que la recherche moderne situe les choses plus sérieusement, et plus sereinement.
Les fouilles archéologiques sous la Maison entre 1962 et 1968
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La maison est sans fondations : elle repose directement sur la voie publique.
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On a retrouvé des monnaies de 1452 dans le sous-sol de la Maison, dont certaines très importantes. Elles nous ramènent à l’année 1294, retenue par la tradition comme date du commencement de la présence à Lorette de la Maison.
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Certains graffitis tracés sur les pierres de la Maison ont causé une grande surprise. Ils représentent des croix de forme inhabituelle (croix avec « waw », « cosmiques », monogrammes, à double taille, à deux ou trois cornes...) qu’Emmanuele Testa et Bellarmino Bagatti, experts franciscains de Terre, ont déclaré d’origine palestinienne et judéo-chrétienne. De telles croix sont identiques à celles trouvées à Nazareth et remontant au IIIe siècle. Ce sont des symboles christologiques qui proclament la puissance de la croix de Jésus. Ces pierres couvertes de graffitis évoquent la patrie de Marie et rendent plausible leur transport de la Palestine à Lorette.
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La position et l’orientation de la maison de Lorette, très surprenante par rapport aux usages locaux, devient lumineuse lorsqu’elle est rapprochée de la position avec la grotte de Nazareth qui en constituait le prolongement.
Le témoignage de l’art
Contrairement à ce que l’on pensait, les premiers témoignages iconographiques concernant le déplacement de la maison de Marie depuis Nazareth jusqu’à Lorette ne représentent pas un vol aérien par des "anges", mais un transport maritime. Ainsi en est-il de deux bas-reliefs de la fin du XVe siècle : les anges portent la Maison non pas dans les airs, mais immergée dans les flots.
Les documents administratifs
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Les notes de frais d’un transport par bateau au compte de la famille « Angeli »,
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La mention des « saintes pierres extraites de la maison de notre Dame la vierge mère de Dieu » dans un acte notarié concernant un mariage entre la famille « De Angelis » et celle de Philippe d’Anjou,
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La présence d’une pièce de monnaie de la famille d’Anjou, murée dans les murs de la maison.
Il s’agit donc d’un transport de reliques par une famille chrétienne
Le transport aurait ainsi été organisé par une famille noble, De Angeli, dans le but de préserver ces précieuses pierres contre les attaques des Turcs. Les résultats permettent aussi de comprendre comment on est passé du transport par la famille « Angelis » (ange), à la légende d’un transport par les anges.
Il ne faut pas s’étonner de ce transport des reliques de Terre jusqu’en Italie. Il suffit de penser aux reliques de la Croix et à la Scala Santa qui furent acheminées à Rome par Hélène, la mère de Constantin.
JeanPaul II au sanctuaire de Lorette (1994)
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"Une relique", une précieuse “icône concrète”.
À l’occasion du VIIe centenaire du sanctuaire de Lorette (1994), JeanPaul II, tout en « laissant [...] pleine liberté à la recherche historique pour enquêter sur l’origine du sanctuaire et sur la tradition de Lorette », a évoqué la signification de la Maison quand il a affirmé : celle-ci « n’est pas seulement une relique, mais aussi une précieuse “icône concrète” ». Le pape retient implicitement comme une donnée historique minima que la Maison contient quelque élément de la chambre de Marie à Nazareth ; autrement elle ne pourrait pas être considérée comme une « relique » (ce qui reste d’une personne ou d’une chose sacrée, ou un objet venu en contact avec elles). Sans un « quelque chose » de relationnel avec la maison de Marie, sans allonger les « racines... dans l’Orient chrétien » (n° 9).
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Le mystère de l’Incarnation
Or, insiste le pape, le mystère de l’Incarnation s’est accompli en trois moments qui « renferment chacun à son tour les grands messages que le sanctuaire de Lorette est appelé à tenir vivants dans l’Église ».
Ce sont : – 1. La salutation de l’ange, c’est-à-dire l’Annonciation ; – 2. La réponse de foi, le « fiat » de Marie ; – 3. Le sublime événement du Verbe qui se fait chair. Nous pourrions les résumer dans les trois paroles : « grâce, foi et salut... » (no 3).
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Un lieu pour la famille
Le souvenir de la vie cachée de Nazareth « réveille le sens de la sainteté de la famille, exposant d’un seul coup tout un monde de valeurs, aujourd’hui tellement menacées, comme la fidélité, le respect de la vie, l’éducation des enfants, la prière, que les familles chrétiennes peuvent redécouvrir à l’intérieur des murs de la Maison, première et exemplaire “église domestique” de l’histoire » (no 8).
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Un sanctuaire qui porte de bons fruits
JeanPaul II établit aussi un sage principe qui s’applique à Lorette : « L’importance du sanctuaire lui-même ne se mesure pas selon la base d’où il a tiré ses origines, mais aussi sur la base de ce qu’il a produit », selon le critère évangélique qui juge l’arbre à ses fruits (no 2). Le même pontife reconnaît que le sanctuaire de la Maison « a eu une part très active dans la vie du peuple chrétien pendant quasiment tout le cours du second millénaire » (no 9).
Benoît XVI, le 4 octobre 2012, à Lorette.
« La foi nous fait habiter, demeurer, mais nous fait aussi marcher sur le chemin de la vie. À ce propos aussi, la Maison de Lorette nous donne un enseignement important. Comme nous le savons, elle était située sur une route. La chose pourrait apparaître plutôt étrange : de notre point de vue en effet, la maison et la route semblent s’exclure. [...]
Ainsi, nous trouvons ici à Lorette, une maison qui nous fait demeurer, habiter et qui en même temps nous fait cheminer, nous rappelle que nous sommes tous pèlerins, que nous devons toujours être en chemin vers une autre maison, vers la maison définitive, celle de la Cité éternelle, la demeure de Dieu avec l’humanité rachetée. (cf. Ap 21, 3). »
Extrait de Benoît XVI, Homélie du 4 octobre 2012, à Lorette.
Autres visiteurs illustres
Vers 1462/64, le cardinal Pietro Barbo (1417-1471), d’origine vénitienne, est atteint de la peste. Il se fait porter au sanctuaire de Notre-Dame de Lorette. Là, « il s’endormit, et vit dans son sommeil la bienheureuse Vierge qui lui promit non seulement qu’il guérirait, mais que très prochainement il serait élevé sur la chaire de saint Pierre ». Il guérit et fut élu pape en 1464, sous le nom de Paul II.
Saint François de Sales, saint Louis-Marie Grignion de Montfort, saint Alphonse de Liguori... ne se sont pas privés d’un séjour à Lorette pour se raffermir dans l’esprit et contempler dans la joie le grand mystère de l’Incarnation.
Parfois, comme cela s’est passé dans le mouvement des Focolari, Lorette représente une expérience fondamentale, comme en témoigne Chiara Lubich, la fondatrice.
[1] Stefano DE FIORES, article « LORETTE I », dans : René LAURENTIN et Patrick SBALCHIERO, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007.
[2] Giuseppe SANTARELLI, Nuove fonti letterarie, in Theotokos 1997, n° 2, pp. 707-724, extraits des pages 716-724 (Giuseppe SANTARELLI, basilica della « santa Casa », 60025 Loreto).
Synthèse par F. Breynaert
Dans ce chapitre :
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