Isis et Marie ?
Le culte marial en Égypte, souvent comparé au culte pharaonique d’Isis, révèle en réalité une profonde distinction théologique et spirituelle : Marie, mère vierge et humble servante de Dieu, incarne une maternité divine unique, bien différente de la figure païenne d’Isis. Cette différence essentielle souligne la singularité de la foi chrétienne et la pureté du rôle de Marie dans le mystère de l’Incarnation.
Certains auteurs affirment que le culte marial en Égypte dériverait du culte pharaonique envers Isis, mère du dieu Horus.
Ils illustrent leur propos en comparant des images de Marie et d’Isis en train d’allaiter.
À cette théorie s’opposent des observations évidentes :
La première observation, toute simple, est que pour qu’une religion nouvelle dépende d’une religion ancienne, il faut que les fidèles de la nouvelle religion aient une sympathie pour l’ancienne. Or, c’est exactement l’inverse !
Clément d’Alexandrie dit :
« Maudit soit celui qui introduit le culte de la mère des dieux, celui qui a fait cela a introduit les orgies. »
(Clément d’Alexandrie, Proteptico, 4, 50, 3 ; sources chrétiennes 2, 112.)
Isis est une déesse passionnée et corrompue. Marie est et vierge.
En Égypte, lorsque Celse veut parler de l’influence des mythes païens sur l’idée chrétienne de la conception virginale de Marie, le contraste est si fort qu’Origène n’a pas besoin d’autres arguments qu’un manque d’honnêteté.
L’argument théologique est aussi très puissant. Dans la tradition pharaonique, Isis est une déesse, elle est mère d’un dieu par sa nature propre. Dans le Christianisme, Marie est une créature, elle est mère de Dieu non pas par sa propre nature mais parce que Dieu descend et s’incarne en elle.
L’argument artistique est très facile : les représentations de Marie qui allaite sont toutes très tardives, après le VIe siècle. Et au VIe siècle, l’opposition entre les chrétiens et le culte pharaonique était à son apogée. De plus, au musée du Caire on trouve de nombreuses statues de femmes qui allaitent, des mères qui ne sont ni Isis ni Marie. Le fait qu’Isis et Marie soient représentées en train d’allaiter ne signifie rien d’autre que le geste naturel de toutes les mères.
Cf. Gabriele GIAMBERARDINI, Il culto mariano in Egitto, Jerusalem 1974, vol 2, p. 254-265
Synthèse Françoise Breynaert