1 octobre (gréco-catholique) : Le Voile, la Protection de la sainte Mère de Dieu
La fête de la Protection de la Vierge Marie, instituée en 1975 par le patriarche melkite, célèbre Marie comme refuge et mère protectrice, dont le voile symbolise l’abri spirituel offert à l’Église et à chaque croyant face aux épreuves du monde. En honorant cette mission maternelle unique, cette solennité invite à reconnaître en Marie la source vivante de grâce, de patience et de compassion, véritable modèle de la protection divine.
En l’an 1975, année de la femme, le patriarche greco-catholique melkite institue la fête de la protection ou voile de la Mère de Dieu. La fête existait déjà dans l’Église russe et dans les Églises de langue slave.
Voici un extrait du mandement instituant la fête :
Si l’on réfléchit sur les causes qui font trébucher les hommes d’aujourd’hui dans leur recherche d’une solution à leurs problèmes privés ou sociaux ou sur les causes de leur impuissance à mettre une limite à l’anarchie de leurs pensées ou de leurs mœurs, on découvre que, tout en affirmant une volonté de redresser leur tête vers le ciel, c’est de la terre qu’ils cherchent le chemin de leurs solutions. Les hommes oublient qu’ils ont au ciel un Père qui est leur Dieu, un frère rédempteur qui est le Christ-Seigneur, et aussi une mère à qui le Crucifié Ressuscité les a confiés : la Vierge Marie. […]
[Une fête]
« Les fêtes constituent des motifs d’allégresse, extirpent les soucis du cœur, et versent dans tout l’être de l’homme fatigué une nouvelle poussée de force qui renouvelle ses énergies intellectuelles, corporelles et spirituelles. » […]
[Dans la Bible, le mot « protection » se dit « voile » ]
« Je voudrais demeurer à jamais dans ta tente, me réfugier à l’abri de tes ailes » (Ps 60, 5).
« Celui qui s’abrite sous l’abri du Très Haut repose à l’ombre du Tout-Puissant » (Ps 90, 1).
Dans le même sens figuré, l’homme peut aussi constituer un voile de protection pour l’homme, comme en Isaïe 16, 4, où la ville de Jérusalem est sollicitée de servir d’abri ou de cachette aux fugitifs de Moab qui fuient devant la dévastation. (1)
(1) : Dans toutes ces citations de l’Écriture, la version arabe de la Bible, utilisée par le texte original de ce Mandement, parle du « voile » de protection. Le mot arabe Sitr est le même que le mot hébreu de l’Ancien Testament « Seter » ; dans les deux langues, le même mot peut exprimer le sens matériel (voile, abri) et le sens figuré (protection, refuge, sécurité).
[L’homme et la femme, créés à l’image de Dieu, participent à l’énergie divine de la protection]
Cette énergie divine de la « protection » se manifeste dans l’homme, qui est créé à l’image de Dieu, et est participée par lui. Mais l’image de Dieu est indissociablement et complémentairement « l’homme et la femme » (Gn 1, 27). […]
Les aspects caractéristiques de la protection apparaissent chez la femme dans la patience et la résistance, la compassion et la bienveillance, le don de soi et le sacrifice sans limites. […] Gardienne du foyer et de ses vertus solides, de ses saines traditions et de sa réputation, c’est elle qui très souvent doit protéger l’homme contre lui-même. Enfin, l’histoire est jalonnée d’exemples de ces héroïnes qui ont défendu la foi et la patrie.
[Marie]
Or Marie est la femme parfaite, Vierge « comblée de grâce ». Mère du Fils de Dieu selon la chair parce que « la puissance du Très Haut l’a couverte de son ombre » (Lc 1, 35) et figure personnelle de l’Église, qui, dans le désert de son exode, trouve son refuge auprès du Dieu vivant qui la nourrit (Ap 12, 6 et 14).
En elle se manifestent toutes les qualités du mystère de la protection propres à la femme.
Étant la Mère du Sauveur et participant avec lui à toutes les étapes de la victoire sur la mort et sur le péché, de sa Conception à sa Dormition, elle est désormais Notre Dame, trésor et dispensatrice de la Grâce de l’Esprit Saint. C’est à elle que le Seigneur Jésus, en livrant sa vie, a confié son Église et son Esprit (Jn 19, 26-30). Cette mission singulière dans l’économie du salut du monde a inspiré au pape Paul VI de la proclamer Mère de l’Église : Oui, Mère du Rédempteur, et en lui de tous les hommes, elle étend sur tous le vaste Voile de la puissante Protection dont l’amour du Père l’a revêtue.
[L’institution de la fête dans l’Église greco-melkite catholique]
La fête que nous instituons aujourd’hui ne constitue qu’une vénération morale, spirituelle, rendue à la protection de la Vierge Marie, sans aucune référence à une relique quelconque de ses vêtements. […]
Nous ordonnons donc l’institution dans notre Église d’une nouvelle fête de la Très Vierge Marie Mère de Dieu, fête que nous appellerons « Notre Dame de la Protection » ou « du voile de la Mère de Dieu ». Nous la fixons au premier jour d’octobre de chaque année, comme dans les Églises slaves qui l’ont gardée.
Maxime V Hakim
Mandement patriarcal instituant la fête de « la Protection de Notre Dame »,
ou du « voile de la Mère de Dieu ».
Dans "le lien", revue du patriarcat grec-melkite catholique, n° 42, 1977, 5-6.
Maxime V Hakim (né le 18 mai 1908, mort le 29 juin 2001) fut le patriarche de l’Église grecque-catholique melkite avec le titre de « patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem des melkites » de 1967 à 2000.