Historicité de la fuite en Égypte

La fuite en Égypte de la Sainte Famille, guidée par l’ange, révèle la protection divine accordée à Marie et à l’Enfant Jésus face à la menace d’Hérode, accomplissant ainsi une prophétie ancienne et soulignant le rôle de Marie comme refuge et mère attentive dans l’histoire du salut. Cette étape, bien ancrée dans le contexte historique, invite à contempler la confiance en la providence divine qui accompagne le mystère de l’Incarnation.


« Après leur départ, voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit :

"Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte ; et restes-y jusqu’à ce que je te dise. Car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr." Il se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Égypte ; et il resta là jusqu’à la mort d’Hérode ; pour que s’accomplît cet oracle prophétique du Seigneur : D’Égypte j’ai appelé mon fils. »

(Matthieu 2,13-15)

Les fuites en Égypte de familles juives suspectes, les violences d’Hérode, et surtout l’installation en Galilée pour échapper à la terreur qui caractérise les 9 années de l’ethnarchat d’Archélaus, fils d’Hérode et de Malphée, tout cela correspond à ce que nous savons de ce triste temps[1].

L’Égypte, distante de 5 à 6 journées de marche, était traditionnellement une terre de refuge, déjà au temps des rois (1R 11, 40) et davantage durant la période maccabéenne. Sa conquête par Octave, en l’an 30 avant Jésus Christ, l’avait incorporée à l’Empire romain.

Si donc nous n’avons pas d’arguments qui infirment les récits de Matthieu, nous n’avons pas non plus de preuves décisives qui les confirment : seulement des indices. Et cela n’a rien d’étonnant pour l’histoire obscure d’un enfant passé inaperçu.

Du moins constatons-nous une conformité sans anachronisme ni distorsion avec l’histoire connue, et des recoupements possibles ou probables que chacun pourra évaluer.

De toute manière la fuite en Égypte a été de courte durée, puisque Jésus est né peu avant la mort d’Hérode, et qu’il est revenu, au début du règne d’Archélaus. L’exil serait donc au maximum d’1 à 2 ans.


[1] P. Bonnard, Évangile selon Matthieu, Neufchâtel, 1963, p. 28. Cf. Flavius Josèphe, Antiquités 17,9-13 ; §206-355 (2) Contre Celse, 1,28, éd. Sources chrétiennes, 132, p. 153


Père René Laurentin

Extraits de :

R. Laurentin, Les de l’Enfance du Christ

Desclée, Paris, 1982, pp. 437-439

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