Marie, Eve et la terre vierge dans les apocryphes
Dès les premiers siècles, les Pères de l’Église ont établi un lien profond entre l’Annonciation et la Genèse, voyant en Marie la nouvelle Ève qui, par sa virginité et son oui, répare la chute originelle et ouvre le salut. Cette symbolique mariale, riche de sens théologique, éclaire la mission unique de Marie dans le mystère de la Rédemption.
Le rapprochement entre l'Annonciation et la Genèse sera un grand thème patristique dès le second siècle. Il est significatif de trouver des fragments, modestes et fugaces, chez les auteurs inconnus des apocryphes : Marie-Ève (Protévangile) ; Marie Vierge - terre vierge (Évangile de Philippe).
Selon une légende hébraïque, le serpent aurait eu relation sexuelle avec Ève. Sur ce fond légendaire, l'auteur du Protévangile de Jacques imagine que Joseph en voyant Marie enceinte aurait pensé : « Qui a commis ce délit dans ma maison et a corrompu cette Vierge ? Que ne se répète pas l'histoire d'Adam qui, pendant qu'il glorifiait Dieu, le serpent trouva Ève seule et le trompa ? En serait-il arrivé de même à moi ? » (Protévangile de Jacques, XIII).
L'Évangile de Philippe rapproche l'Annonciation et la Genèse : « Adam exista au moyen de deux vierges : l'esprit et la terre vierge. Donc le Christ est né d'une Vierge, pour rétablir de la chute initiale. » ( Évangile de Philippe, n. 119).
A. Gila