IIIè siècle, les pères de l’Église et Marie

Dès les premiers siècles, les Pères de l’Église ont reconnu en Marie la Mère de Dieu, affirmant sa virginité perpétuelle et son rôle central dans le mystère de l’Incarnation, témoignant ainsi de la place essentielle qu’elle occupe dans la foi et la liturgie chrétiennes. Cette tradition apostolique, riche en enseignements et en prières anciennes, révèle la profondeur spirituelle et théologique de la dévotion mariale dès l’origine de l’Église.


La lecture des Pères de l’Église ont conduit, entre autres, le bienheureux John Henry Newman à l’Église catholique, au prix de sa prestigieuse carrière universitaire à Oxford au sein de l’Église anglicane. Ce qui l’a convaincu, c’est que les Pères défendaient dès le début universellement des doctrines de la foi ; celles-ci n’ont donc pas simplement été ajoutées plus tard. Cela vaut également pour les croyances concernant la Sainte Vierge. Bien que les dogmes marials n’aient été officiellement déclarés que plus tard, leurs doctrines étaient déjà présentes dès le début. Au 3e siècle, nous voyons Origène, Tertullien et Clément d’Alexandrie parler de Marie comme Theotokos-Mère de Dieu et comme Vierge.

Le développement de la doctrine mariale

Ce développement ne signifie pas que tout ait déjà été clair ou incontesté. Les Pères de l’Église étaient aux prises avec certains problèmes, et se sont parfois trompés en exagérant dans leur combat contre les hérésies. Tertullien, par exemple, met l’accent sur la maternité de Marie dans l’incarnation du Christ contre le docétisme (qui reniait le corps matériel du Christ), et proclame sa virginité jusqu’à la naissance du Christ, moment où il pensait qu’elle l’avait perdue. Malheureusement son esprit polémique et son souci de clarté l’ont empêché de rendre justice aux mystères de la foi.

Mais Clément d’Alexandrie « témoigne de la foi de l’Église dans le mystère de la virginité perpétuelle de Marie ». Plus que cela, Marie devient pour lui le modèle du mystère de l’Église. Pour Origène également, la virginité perpétuelle de Marie fait « partie intégrante du dépôt de la foi ».[1] Celle-ci fait donc essentiellement partie de la foi depuis le début, même si certaines confusions surgissent.

La Vierge Marie dans la liturgie

Marie fait clairement partie de la tradition apostolique depuis le début. Elle est mentionnée deux fois au centre de la célébration eucharistique, pendant l’anaphore, lorsque le célébrant rend grâce. Lors du rite du baptême de la veillée pascale, qui contient le plus ancien exemple du Credo apostolique, le catéchumène est questionné ainsi : « Crois-tu en Christ Jésus, Fils de Dieu, né par l’Esprit Saint de Marie la Vierge ? »[2]. Au cœur de la liturgie et du baptême, on se souvient donc de la conception virginale du Christ par l’opération du Saint-Esprit et de la Vierge Marie, et de Sa naissance. La Vierge Marie est en effet essentielle au mystère de l’Incarnation. Ces formulations allaient trouver leur forme définitive dans le Credo de Constantinople :

« Pour nous les hommes et pour notre salut, il descendit du ciel, et s’incarna de l’Esprit Saint et de Marie la vierge, et s’est fait homme »[3]

Dévotion à la Vierge Marie

Mais le plus émouvant est peut-être la première prière connue à la Sainte Mère, à savoir le « Sub Tuum Praesidium » (« Sous ta miséricorde, nous nous réfugions, mère de Dieu ») qui a été découvert sur un papyrus grec en Égypte en 1917. Il a été écrit au plus tard au troisième siècle et la prière est probablement encore plus ancienne. Il exprime magnifiquement la confiance de l’Église primitive envers Marie, vers laquelle les croyants peuvent se tourner avec confiance (culte d’imitation).


Organisation du thème ‘Les Pères de l’Église au 3e siècle’ de l’Encyclopédie mariale

Dans cette section, les articles examinent l’importance de la Sainte Vierge dans la tradition apostolique et la liturgie. Ils présentent également les enseignements de Tertullien , Hippolyte de Rome , Origène et Clément d’Alexandrie . Enfin, la première prière mariale connue est également présentée.

[1] Luigi Gambero, Mary and the Fathers of the Church: The Blessed Virgin Mary in Patristic Thought, transl. by Thomas Buffer. San Francisco/ CA : Ignatius, 1999, p. 75

[2] Tradition Apostolique 21, texte français par B.BOTTE, SC 11 bis, Cerf 1968, p. 84

[3] Pour en savoir plus sur le Credo , dans l’Encyclopédie mariale


Par Marie Meaney

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