Oecuménisme : Duns Scot et l'Ecriture... à creuser
Marie, « vierge de l’Alliance » et « fille de Sion », incarne la perfection de la rédemption en accomplissant pleinement le dessein divin, où son Immaculée Conception révèle la réussite parfaite du plan créateur et rédempteur, un mystère à redécouvrir dans la lumière de l’Alliance biblique et de la pensée de Duns Scot, source d’espérance pour l’unité chrétienne.
La recherche de groupe des Dombes [1] ne constitue pas un point final, mais un point de départ.
Il est légitime et excellent de rester désireux d’approfondir le dialogue en vue de l’unité des chrétiens.
La pensée de Duns Scot fut historiquement décisive dans la maturation du dogme de l’Immaculée Conception, et il se pourrait qu’il offre aujourd’hui encore des pistes d’unité.
Repartir de l’Alliance biblique
« L’Immaculée conception ne doit se comprendre qu’en référence au mystère de l’Incarnation » lit-on dans un paragraphe dédié aux éléments du consensus du Groupe des Dombes [2].
Or, nous mesurons mieux aujourd’hui que l’Incarnation est un mystère d’Alliance et que l’Annonciation reflète, reprend, accomplit, l’Alliance du Sinaï.
Dans l’Alliance, la rédemption préservative (Immaculée conception) est un don de Dieu, la sainteté parfaite de Marie est la réponse humaine.
Le groupe des Dombes pense qu’il n’y a pas d’appuis scripturaires au dogme catholique [3] mais il dit cela sans aborder
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ni la question posée par Rm 5 : Paul compare Jésus au nouvel Adam, dont l’humanité immaculée appelle l’humanité de la nouvelle Ève, conçue, elle aussi, immaculée. (Et nous ne pouvons pas ignorer que le thème de la Nouvelle Ève a été justement un thème favori des premiers pères de l’Église.)
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ni surtout la question du "reste saint" et de la réussite de l’histoire du salut, l’histoire d’Alliance.
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Or c’est bien dans cette perspective de l’Alliance qu’il faut lire le texte de l’Annonciation. Et donc c’est bien dans cette perspective de l’Alliance qu’il faut ensuite interpréter Lc 1, 28 et Lc 1, 35 (pour y lire la sanctification de Marie parfaite et donc dès la conception).
Nous le savons, la pensée de Duns Scot est centrée sur l’Alliance, et la nécessité que le plan Créateur et Rédempteur réussisse parfaitement au moins en une créature : que le plan rédempteur s’accomplisse à un tel degré de perfection que la faute soit prévenue et pas seulement pardonnée.
La recherche biblique et l’approfondissement de Duns Scot sont liés
JeanPaul II, juste avant de donner cinq audiences sur la sainteté de Marie et son Immaculée Conception, a donné une audience présentant Marie comme la « fille de Sion », « la vierge de l’Alliance », « celle qui représente l’humanité entière », « l’épouse de l’Alliance... mieux que tout autre membre du peuple élu » [4].
Ce n’est pas un hasard.
En effet, Marie fait réussir le plan divin : « l’enseignement sur l’Immaculée affirme que... l’Alliance de Dieu en Israël n’a pas échoué mais est devenue un rejeton qui dans son épanouissement a donné le Sauveur. » [5]
La préservation de toute tache est :
la perfection de la rédemption,
la perfection de la réconciliation,
l’accomplissement parfait du plan créateur et rédempteur,
l’accomplissement parfait des noces de l’Alliance,
et l’argumentation de Duns Scot ne finit pas de nourrir le dialogue œcuménique.
[1] Groupe des Dombes, Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints. Tome II : controverse et conversion, Bayard, Paris 1998, § 266-275 [2] Ibid., § 269 [3] Ibid., § 267 et 273 [4] JeanPaul II, audience 1° mai 1996 [5] Card. J. Ratzinger, La fille de Sion, édition Parole et Silence 2002, p.79
Françoise Breynaert