La réforme protestante et Marie
L’évolution de la pensée mariale dans les traditions protestantes révèle un cheminement complexe, où la reconnaissance de Marie comme Mère divine, vierge et sainte connaît des fluctuations marquées par les contextes historiques et les débats théologiques. Aujourd’hui, un renouveau œcuménique invite à redécouvrir la richesse spirituelle de Marie et son rôle essentiel dans l’histoire du salut, suscitant un dialogue respectueux entre catholiques et protestants.
Aujourd’hui :
« L’étude de la pensée de Luther et de Calvin, ainsi que l’analyse de certains textes de chrétiens évangéliques, ont contribué à créer une attention renouvelée de certains protestants et anglicans à l’égard des divers thèmes de la doctrine mariale.
Certains sont même parvenus à des positions très proches de celles des catholiques, en ce qui concerne les bases fondamentales de la doctrine sur Marie, telles que la maternité divine, la virginité, la sainteté, la maternité spirituelle.
La préoccupation de souligner la valeur de la présence de la femme dans l’Église encourage l’effort de reconnaître le rôle de Marie dans l’histoire du salut.» [4]
Avec le recul des siècles :
« Du XVI° au XX° siècle, l’évolution de la réflexion mariale dans la tradition protestante peut se résumer de la manière suivante : à l’origine, chez les réformateurs, Marie tient une place relativement importante, déterminée par le contexte de l’époque. Puis cette préoccupation diminue pour des raisons de polémiques confessionnelles, même si nous trouvons ça et là des exceptions intéressantes.
Au XX° siècle, elle trouve un regain d’intérêt dès les années 1920[1], grâce au dialogue œcuménique. Intérêt qui culmine dans les années 1960 (décennie de la parution d’ouvrages remarqués[2].
À partir des années 1980, elle connaît un nouveau recul. Il conviendra d’emblée de relever le contraste, souvent discordant, entre la pensée mariale des réformateurs et les positions actuelles des Églises issues de la Réformation. »[3]
[1] Il s’agit du début des mouvements comme « Église et liturgie » en Suisse romande, de la « confrérie Saint Michel » en Allemagne. Ce renouveau liturgique et marial luthérien ou réformé se veut proche du dialogue œcuménique.
[2] Walter Tappolet, Das Marienlob der Reformatoren, Tubingen, 1962.
Max Thurian, Marie, Mère du Seigneur, Figure de l’Église, Taizé, 1963.
[3] Groupe des Dombes, Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints. Tome I : Dans l’histoire et l’Écriture. Bayard, Paris 1998, § 52
[4] Jean-Paul II, audience générale du 12 novembre 1997
Synthèse F. Breynaert