Les caractéristiques indigènes à Guadalupe

L’image de la Vierge de Guadalupe, riche en symboles mêlant traditions aztèques et foi chrétienne, a joué un rôle fondamental dans l’éveil identitaire des Mexicains métis, incarnant la présence maternelle de Marie comme source de réconciliation culturelle et spirituelle. Véritable hiéroglyphe sacré, cette image miraculeuse révèle la puissance de Marie à unir un peuple nouveau sous le signe de la foi et de la grâce divine.


Le visage métis indien a eu un rôle non négligeable dans la prise de conscience de leur propre identité de la part des Mexicains vis-à-vis des Espagnols.

En effet, l’élément visuel joue toujours un rôle important au niveau populaire.

La force de l’image, qui est comme un vrai hiéroglyphe, un enchevêtrement de symboles, a beaucoup contribué à ce que les Indiens, surtout, donc les métisses et finalement les « criollos » réussissent à s’identifier avec la Vierge de Guadalupe. [1]

Les symboles les plus significatifs :

  • Le visage brun = couleur du nouveau peuple naissant ;

  • Tunique rouge pâle = auparavant, c’était la couleur de Huizilopotchtli, le dieu du sang et de la vie ; maintenant c’est la couleur du sang du vrai Rédempteur ;

  • Manteau vert-bleu = auparavant, c’était couleur des empereurs Aztèques ; c’était aussi la couleur-synthèse du dieu Ometèotl, un "dieu-deux", masculin-féminin ; maintenant c’est la couleur de l’Impératrice du monde ;

  • Ceinture noire = signe aztèque de grossesse : c’est Marie qui porte le Messie à travers l’œuvre d’évangélisation de l’Église ;

  • Le soleil éclipsé par la Vierge = la divinité du soleil et du sang est maintenant éclipsée et au service de la Mère de Dieu ;

  • La lune sous les pieds et les étoiles sur le manteau = réconciliation entre le soleil et la lune et les étoiles, après le long conflit mythique-cosmologique ;

  • Ange porteur de la Vierge = le porteur d’une nouvelle ère, celle de la foi et de la grâce ;

  • Les deux croix = une croix chrétienne au cou et une indigène (quincunce) sur le ventre, symbole du croisement cosmique ; c’est un signe de l’harmonie de la foi chrétienne et du peuple aztèque.

L’histoire de l’image vénérée aussi a son importance

L’histoire même de l’image vénérée est toute enveloppée de mystères et de miracles, aussi bien en son origine et son histoire, que dans sa constitution picturale. [2]

Parmi les trois éléments de l’événement de Guadalupe : histoire, légende, Nican Mopohua et image (tilma), il semble que l’élément le plus déterminant soit vraiment l’image. [3]

Maintenant, que signifie le processus de réinterprétation de l’apparition ? Il montre que le peuple est objet et en même temps sujet actif d’une histoire socio-religieuse complexe.


Clodovis BOFF

[1] Cf. LAFAYE, Jacques, Quetzalcóatl et Guadalupe. La formation de la conscience nationale au Mexique, Gallimard, Paris 1974), surtout le tome III p. 352, 386-388.

[2] Cf. A. ALCALÁ ALVARADO e S. CARRILLO, Santuário de Guadalupe : la sagrada imagen y las ciencias. El mensaje teológico de Guadalupe, Col. Mariológica del V Centenário 14-15, Bogotá 1986 ; J. J. BENITEZ, O mistério da Virgem de Guadalupe, Mercuryo, São Palo 1991.

[3] Cf. Alfonso ALCALÁ ALVARADO, Santuario de Guadalupe : la sagrada imagen y las ciencias, in CELAM, Nuestra Señora de América, n. 14, Ed. CELAM, Bogotá 1986 ; Salvador CARRILLO, El mensaje teológico de Guadalupe, Ibidem, n. 15, p. 49-96 ; Claudio PERFETTI, Guadalupe. La tilma della Morenita, Paoline, Cinisello Balsamo (MI) 1987 ; NEBEL, Richard, Santa María Tonazin Virgen de Guadalupe. Religiöse Kontinuität und Transformation in Mexiko, Neue Zeitschrift für Missionswissenschaft, Supplementa, Band 40, Immensee 1992 (trad. spagn. Santa María Tonantzin : Virgen de Guadalupe, Fondo de Cultura económica, México 1995). II parte : p. 131-202. N.B. Prêtre Servite de Marie Né à Concordia (Brésil) en 1944 ; missionnaire en Amazonie et professeur de Théologie à Curitiba (Brésil) et à l’université pontificale théologique Marianum (Rome).

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