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Les apparitions et interventions mariales
Colline de Tepeyac (Mexico), XVIe siècle
Nº 508
Décembre 1531

La Vierge Marie porte la Bonne Nouvelle aux Indiens du Mexique (1531)

En décembre 1531, la Vierge Marie apparaît à un Indien, Juan Diego, sur la colline de Tepyac, au nord-ouest de Mexico. Marie lui délivre un message d’amour et demande la construction d’une église. Elle le prie aussi d’informer l’évêque de Mexico de sa volonté. Mais le prélat doute du témoignage de Juan, à qui il demande une preuve pour accréditer son histoire. Revenu à l’évêché, Juan Diego ouvre son manteau, duquel tombe de magnifiques roses épanouies, bien que la saison ne permette pas de telles fleurs. Une image figurant une jeune femme aux traits palestiniens est comme « imprimée » miraculeusement sur le tissu de son manteau : Notre-Dame de Guadalupe.


Les raisons d'y croire

  • Les apparitions sont clairement documentées depuis toujours. Le plus ancien récit, le Nican Mopohua, écrit en hahuatl, la langue du peuple aztèque, date d’une dizaine d’années seulement après les faits. La première traduction en latin, réalisée par Antonio Valeriano, un Indien converti, est imprimée avant 1605. Par ailleurs, le Codex Escalada, une feuille de parchemin, datée du milieu du XVIe siècle et découverte en 1995, illustre une apparition de Marie sur la colline de Tepeyac.

  • Le 12 décembre 1531, l’oncle de Juan Diego, Juan Bernardino, très gravement malade depuis plusieurs jours, est guéri instantanément pendant que son neveu tentait d’aller chercher un prêtre à Mexico pour qu’il reçoive les derniers sacrements. La Vierge, qui apparaît à Juan Diego en chemin, l’avertit prophétiquement de la guérison de son oncle.

  • Le témoignage de Juan Diego peut difficilement être remis en question. L’homme semble être moralement au-dessus de tout soupçon et il a conservé exactement le même genre de vie après les apparitions : une existence marquée par l’humilité, la pauvreté et l’obéissance.

  • Mais l’évêque de Mexico, Mgr Juan de Zumarraga, ne se laisse pas aisément convaincre. Il interroge longuement Juan Diego. Pour croire que c’est bien le Ciel qui envoie l’Indien, il demande qu’un signe fort lui soit donné. Ce qu’il voit le lendemain le convainc pleinement. C’est pourquoi l'évêque lance sans tarder la construction de la chapelle demandée par la Vierge.

  • En effet, le manteau de Juan Diego, la tilma, est à lui seul un miracle permanent . Depuis 1531, tous peuvent observer l’image extraordinaire qui est mystérieusement apparue pour convaincre l’évêque de Mexico. Aucun scientifique n’est en mesure d’expliquer le mode d’impression de cette image unique, ni la composition des pigments.

  • Les fruits spirituels des apparitions de 1531 vont au-delà de l’entendement. Dès 1537, huit millions d’Indiens mexicains avaient demandé le baptême, marquant un tournant dans l’évangélisation du continent latino-américain. Le sanctuaire de Guadalupe est aujourd'hui le plus grand pèlerinage catholique du monde : 20 millions de personnes s’y rendent chaque année.

  • Les apparitions de Guadalupe présentent donc des points communs majeurs avec d’autres mariophanies reconnues par l’Église : parfaite orthodoxie théologique des messages recueillis, fruits spirituels et humains de premier plan, guérisons inexpliquées, établissement d’un sanctuaire durable et développement d’un pèlerinage international.


En savoir plus

En 1531, Juan Diego , originaire de Cuautitlan, est un Indien veuf et pauvre, âgé de 57 ans, converti au christianisme depuis six ou sept ans. Le 9 décembre 1531, il se rend à Mexico de bon matin. Parvenu à proximité de la colline de Tepeyac, au nord-ouest de Mexico, il est surpris d’entendre une « voix » l’appeler. Il grimpe alors à travers la végétation jusqu’au sommet de la colline. Là, il découvre « un spectacle paradisiaque». « Une dame avec une longue robe éclatante de soleil, les rochers et les pierres des alentours étaient brillants comme des pierres précieuses et plusieurs arcs-en-ciel inondaient le ciel et la terre », a expliqué Juan. L’apparition lui précise rapidement qu’elle est la Vierge Marie, et qu’elle est venue jusqu’à lui pour le prier d’aller trouver l’évêque de Mexico, Mgr Juan de Zumarraga, afin qu’il accepte de faire construire une chapelle en son honneur sur la colline où elle est apparue. Bien qu’effrayé et ignorant sur son action à mener, le voyant accepte et se rend à l’évêché sans attendre.

Juan est reçu par l’évêque mexicain dans les heures qui suivent. Le prélat, quelque peu incrédule, l’interroge longuement, mais avec bienveillance. Il finit par le congédier en lui expliquant qu’il réfléchira à son histoire, sans plus.

Le futur saint retourne alors sur la colline de Tepeyac. La Vierge Marie l’y attend. Le pauvre Indien lui relate sa rencontre avec l’évêque et avoue son impuissance. Constatant que Marie désire que ce soit lui, et lui seul, qui soit le responsable de ce projet de sanctuaire, Juan demande à l’apparition de trouver « un noble ou une personne en vue et estimée » pour présenter sa requête à l'évêque car lui est trop pauvre pour être pris au sérieux. Mais Marie insiste et le prie de retourner voir l’évêque dès le lendemain.

Ce dimanche 10 décembre 1531, Juan Diego est ainsi de retour à l’évêché de Mexico. L’évêque l’écoute patiemment puis l’interroge avec la collaboration d’un traducteur car Juan ne parle pas espagnol, et le prélat ignore le nahuatl. Finalement, l’évêque demande un « signe » digne de ce nom afin de croire définitivement que c’est le ciel qui l’envoie. Juan Diego retourne à nouveau sur la colline pour communiquer la réponse épiscopale. Marie lui demande de revenir le lendemain pour y recevoir le fameux « signe » qu’elle offrira.

Le lendemain, Juan décide de ne pas se rendre tout de suite sur la colline car, ce jour-là, son oncle est très malade. Le mardi 12 au matin, il va plutôt à Mexico pour trouver un prêtre qui accepterait de donner les derniers sacrements à son oncle. Il emprunte un raccourci en évitant la colline des apparitions. Mais la Vierge lui apparaît bientôt et l’invite à poursuivre ses démarches auprès de l’évêque, toutes affaires cessantes, car, ajoute-t-elle, son oncle est guéri.

Comme lui demande l’apparition, Juan monte sur la colline de Tepeyac où il découvre un parterre de fleurs extraordinaires. Juan ne peut expliquer la présence de ces roses épanouies car c’est l’hiver et le sol de la colline est rocailleux et impropre à ce type de culture. Il cueille nombre de fleurs qu’il glisse dans son manteau. Obéissant à la Vierge Marie qui lui a demandé d’aller voir l’évêque, et d’ouvrir son manteau devant lui pour lui en dévoiler le contenu.

Juan pénètre une nouvelle fois dans l’évêché. Là, devant l’évêque, il ouvre son manteau, laissant tomber les fleurs au sol, et à cet instant, un miracle a lieu : l’image de la Vierge, telle que Juan est en train de la voir, s’imprime instantanément sur la tilma. Le saint et l’évêque tombent à genoux.

Dès le lendemain, l’évêque de Mexico, accompagné de plusieurs prêtres, se rend sur la colline des apparitions. Il y ordonne la construction d’une petite chapelle. Lorsqu’il demande à Juan de lui indiquer le lieu de la dernière apparition, une source d’eau pure jaillit à cet endroit précis. Pendant ce temps, l’oncle miraculé de Juan est interrogé. Celui-ci explique que l’apparition lui a demandé qu’on l’honore sous le vocable de Notre-Dame de Guadalupe.

Une petite chapelle sort rapidement de terre. On y dépose le précieux manteau du voyant que des milliers de croyants viennent vénérer. En quelques années, 8 millions d’Indiens demandent le baptême dans la région et au-delà. Le pèlerinage de Guadalupe connaît un essor prodigieux.

En 1666, l’Église de Mexico ouvre un procès apostolique pour décider de la reconnaissance officielle des apparitions. Les prêtres recueillent à cet effet de multiples informations, grâce aux interrogatoires de vingt témoins assermentés, dont quelques-uns ont connu personnellement Juan Diego. Les actes de ce procès sont envoyés au pape Alexandre VII. Puis, en 1723, une enquête est menée sur la vie du voyant.

Les informations collectées en 1666 et en 1723 sont transmises à la Congrégation des Rites qui reconnaît la valeur spirituelle des apparitions. Puis le pape Benoît XIV reconnaît les faits à son tour, en déclarant que « Dieu n’a jamais rien fait de tel pour aucune autre nation. »

En 1746, le patronage de Notre-Dame de Guadalupe s’étend à toute la Nouvelle-Espagne, de la Californie au Salvador actuel. En 1895, l’image de la Vierge est couronnée et en 1910, saint Pie X déclare Notre-Dame de Guadalupe patronne de l’Amérique latine, titre étendu aux Amériques par Pie XII en 1946. Saint Paul VI, puis le pape François, ont offert chacun une rose d’or au sanctuaire de Guadalupe. Saint Jean-Paul II y est venu trois fois en pèlerinage.

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Au delà

Ces apparitions de 1531 ouvrent la voie à l’évangélisation du continent latino-américain. Pour la première fois de l’histoire des peuples amérindiens, la Vierge Marie porte la parole de Jésus parmi des populations locales, encore largement non-chrétiennes, non pas en espagnol, mais en langue autochtone, permettant ainsi une parfaite inculturation de l’évangile à leur culture.


Aller plus loin

Patrick Sbalchiero, « Guadalupe (Mexique, diocèse de Mexico) », dans Dictionnaire des apparitions de la Vierge Marie, Paris, Fayard, 2007, p. 402-409.


En complément

  • François Brune, Les Miracles et autres prodiges, Paris, Philippe Lebaud, 2000, p. 203-207.

  • Patrick Sbalchiero, « Guadalupe (Notre-Dame) », dans Dictionnaire des miracles et de l’extraordinaire chrétiens, Paris, Fayard, 2002, p. 334-336.

  • Jean Mathiot, L’Indien Juan Diego et Notre-Dame de Guadalupe, Paris, Téqui, 2003.

  • L.B. Hall, Mary, Mother and Warrior: The Virgen in Spain and The Americas, Austin, University of Texas Press, 2004.

  • M.-M. Leprêtre, « Guadalupe et la dévotion mariale au Mexique », dans Bruno Béthouart et Alain Lottin, La Dévotion mariale de l’an mil à nos jours, Artois Presses Université, 2005, p. 145-158. 

  • Angel Adams, La Toute puissante Notre-Dame de Guadalupe. La Vierge aux plus puissants miracles, Bussière, 2015.

  • L’article 1000 raisons de croire «  La tilma de Guadalupe  ».

  • L’article 1000 raisons de croire «  Une image de la Vierge Marie à l’épreuve des bombes  ».

  • L’article 1000 raisons de croire «  La Guadalupe espagnole  ».

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