L’Annonciation dans l’art
La scène de l’Annonciation, souvent placée sur l’arc triomphal des églises, invite les fidèles à contempler le mystère de l’Incarnation, où Marie, humble et pleine de foi, reçoit le message divin par l’ange Gabriel, envoyé de Dieu, symbolisant ainsi la rencontre vivante entre le Ciel et la terre. Cette représentation riche en symboles théologiques souligne la mission unique de Marie comme nouvelle Ève, médiatrice de la miséricorde et mère du Sauveur, appelant à une profonde méditation sur le mystère de l’amour divin.
La position de la scène de l’Annonciation dans l’édifice religieux :
La représentation sur l’arc triomphal est fréquente depuis le V° siècle jusqu’au XV° siècle. Les fidèles voient donc l’Annonciation quand ils regardent vers l’autel. Cette position rappelle discrètement que c’est le même Jésus-Christ qui est né de la Vierge Marie et qui vit dans l’Eucharistie.
L’ange Gabriel :
Dans l’antiquité, l’ange Gabriel est représenté debout.
La représentation de l’ange Gabriel agenouillé date du XIIIe siècle. On le voit agenouillé dans une sculpture du cloître de Silos (Espagne), au XII° siècle, mais c’est un exemple isolé. C’est la réflexion de saint Thomas d’Aquin au XIIIe siècle qui a provoqué la diffusion de ce type, d’abord en Italie, puis partout ailleurs.
Les iconographes, Duccio ou Jan van Eyck, placent dans les mains de l’ange Gabriel une « virga viatoria », c’est-à-dire une tige métallique décorée à l’extrémité : c’était l’enseigne des envoyés de l’empereur romain. La reprise de cette enseigne signifie que l’ange est un envoyé de Dieu.
D’autres peintres ont mis dans les mains de l’ange un rameau verdoyant qui symbolise la paix que Dieu veut établir avec les hommes.
La Vierge Marie :
Dans les premiers siècles, Marie est représentée sur un trône, ou debout.
À la fin du Moyen Âge en Occident, on la représente agenouillée, souvent dans sa chambre.
La représentation de Marie agenouillée devant l’ange vient probablement des drames sacrés. On représentait la lutte entre la miséricorde et la justice de Dieu, puis la décision divine en faveur de la miséricorde. L’ange Gabriel est alors envoyé pour annoncer à Marie qu’elle serait la mère du Sauveur. La position agenouillée de Marie évoque son intercession en faveur de cette miséricorde divine.
La virginité de Marie est représentée par un lys.
Le livre, le rouleau...
Le livre dans les mains de Marie signifie que Marie était en train de prier quand l’ange entra. Certains récits apocryphes précisent que la Vierge Marie était en train de lire Isaïe 7, 14 : « Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils » (Septante).
Le rouleau dans les mains de l’ange signifie que l’ange est le messager de Dieu. Ce rouleau peut aussi évoquer le Verbe de Dieu lui-même (qui est une parole vivante et non pas un livre écrit).
Les Personnes Divines :
L’Esprit Saint à l’Annonciation est représenté comme une colombe, depuis le V° siècle sur l’arc triomphal de Marie Majeure.
Dieu le Père est représenté dans l’acte d’envoyer l’Esprit Saint sur un rayon de lumière qui part de ses mains, ou de sa bouche, ou de son cœur. Dieu le Père est ainsi représenté sur presque toutes les Annonciations du XIV° au début du XVI° siècle.
Dieu le Fils est parfois représenté comme un petit enfant qui part de Dieu et vient vers Marie (hors de l’Italie, ce schéma est rare). À Marie de Transtévère (Rome), l’Annonciation attribuée à Cavallini représente le Fils envoyé par le Père et portant déjà une petite croix.
Actuellement, le Centro Aletti représente Dieu le Fils par un rouleau de parchemin : il est le Verbe qui s’incarne, la Parole faite chair.
Adam et Ève :
Par sa foi, la Vierge Marie est l’avocate d’Ève, elle est la nouvelle Ève. C’est pourquoi le péché originel est parfois représenté, notamment par Fra Angelico.
Les fleurs :
Le vase de fleurs représente l’époque de l’Annonciation, c’est-à-dire le printemps. Il est aussi possible de mettre ces fleurs en relation avec la ville de Nazareth qui, selon certaines exégèses, signifie « fleur ». Saint Bernard dit : « la fleur (Jésus), veut naître d’une fleur (la Vierge) dans une fleur (Nazareth), au temps des fleurs (le printemps) ».
Quelques exemples :
Voir aussi
Françoise Breynaert
Cf. Giuseppe Maria Toscano, La vita e la missione della Madonna nell’arte, II,
Carlo Pellerzi editore, 1989, p. 31-35
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