La Présentation de Jésus au Temple dans l'art
La Présentation de Jésus au Temple est un thème iconographique très présent dans l’art. Il est tiré de l’évangile de saint Luc, relatant l’enfance du Christ (Lc 2, 22 s). Il a été traité dans l’art oriental comme dans l’art occidental à travers plusieurs esthétiques.
La Présentation de Jésus au Temple (Lc, 2,22s)
La Vierge Marie et saint Joseph présentent et offrent leur fils Jésus au Temple de Jérusalem. Il y est reçu par le vieillard Syméon. Ils accomplissent ainsi une prescription de la loi juive qui dit que
« Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur » (Ex 13, 2,11-13)
Le thème iconographique de la Présentation de Jésus au Temple
Le thème iconographique de la Présentation au temple est présent dès l’art paléochrétien. Ainsi, la première représentation connue de la Présentation de Jésus au Temple se trouve sur une mosaïque de Sainte-Marie Majeure. Elle date du Ve siècle. Ce thème est présent à la fois dans l’art oriental et dans l’art occidental.
La fête de l’Hypapante (fête de la rencontre, célébrée dans la liturgie byzantine le 15 février) a donné lieu à de nombreuses icônes de la Présentation de Jésus au Temple, dont la représentation s’est fixée aux IXe et Xe siècles. Cette rencontre, à travers les personnages de la Vierge Marie, de l’Enfant Jésus et de Syméon, est celle du Christ et de son peuple à Jérusalem.
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Icône de la Présentation du seigneur, Novgorod, XVe s.
L’icône de la Présentation de Jésus au Temple de Novgorod date du XVe s. La Vierge Marie offre son Enfant, habillé de blanc, symbole de lumière, au vieillard Syméon, qui, à l’entrée du temple, se prosterne devant le petit Enfant, Jésus, Grand-prêtre entrant dans le saint des saints. L’Enfant se trouve au centre de l’icône. Syméon accueille ainsi Celui dont il est dit, dans l’Apocalypse, qu’il est le nouveau Temple :
« Mais de temple, je n’en vis point dans la cité, car son temple, c’est le Seigneur, le Dieu tout-puissant ainsi que l’agneau. » (Ap 21,22).
Les mains de Syméon sont voilées en signe de respect. Il est suivi de la prophétesse Anne et de Joseph, qui porte les deux colombes, qui ont pris, au fil du temps, un sens symbolique : celui de
« L’Église d’Israël et de celle des gentils, ainsi que les deux Testaments, dont le Christ est l’unique Tête »[1]
La Présentation au temple dans l’art occidental
Le thème iconographique de la Présentation de Jésus au Temple est très présent dans l’art oriental comme dans l’art occidental. Nous nous limiterons ainsi à quelques exemples de cette représentation dans l’art occidental.
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Saint-Pierre de Chauvigny. La Vierge Marie offrant son Fils au vieillard Syméon.
Dans l’art roman, la Vierge Marie est représentée dans l’offrande de son enfant : en témoignent quelques chapiteaux et sculptures célèbres, par exemple celui de Chauvigny.
Bartolo di Fredi. Présentation de Jésus au temple, v. 1351. Dom.pub, via Wikimedia Commons.
Le tableau de Bartolo di Fredi, qui date de 1351, met en scène un prêtre, qui, à l’arrière-plan de la scène, note le nom de l’enfant, donné par Joseph, selon la coutume juive, tandis que le vieillard Syméon, au premier plan, recueille l’Enfant Jésus des mains de Marie. Les mains sont voilées, selon la coutume juive qui consiste à se cacher les mains pour porter une chose précieuse. La scène est construite selon une forme ascendante, à la fois en triangle et en demi-cercles.
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Guido Reni. La Présentation de Jésus au Temple, v.1635.
La Purification de Marie au Temple de Guido Reni, que l’on voit ci-dessus, date de 1635 environ. La Vierge Marie, agenouillée, est au centre du tableau, vêtue d’une robe écarlate. Dans l’axe et dans le fond à gauche, le Vieillard Syméon reçoit l’Enfant. Il porte une mitre de grand prêtre juif, ses mains sont également voilées. Les yeux levés au ciel, il prononce sa prophétie. Guido Reni, peintre bolonais du début du XVIIe siècle, nous offre une scène d’une grande harmonie, et très complète, centrée à la fois sur la Vierge Marie, sur la Présentation de Jésus sur la prophétie de Syméon, et, au premier plan, sur l’offrande des tourterelles, grâce à une construction savamment orchestrée en diagonale ascendante et conforme à une esthétique classique. L’enfant qui regarde les tourterelles au premier plan à gauche permet à l’artiste de compléter la construction du tableau dans un demi-cercle au premier plan et de donner un caractère vivant à la scène, y ajoutant une touche d’enfance.
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Rembrandt. La Présentation de Jésus au Temple, 1631.
D’autres artistes ont centré l’épisode de st Luc sur la prophétie de Syméon, ou bien encore ont insisté sur la lumière apportée par Jésus, « Lumière des nations », en jouant sur les effets de clair-obscur. On peut citer par exemple la Présentation de Jésus au Temple de Rembrandt, de 1631, d’une esthétique totalement différente, baroque, jouant sur les contrastes pour conférer à la scène une spiritualité de la lumière. La composition est ordonnée et centrée à partir des trois personnages essentiels : la Vierge Marie, d’abord, placée comme une Vierge d’humilité, dont le visage est en pleine lumière et dont les mains sont expressives : la main gauche sur le cœur, en signe d’émotion[2], la main droite placée sur le ventre encore gonflé de sa récente grossesse, témoignant de sa maternité divine, à l’origine du salut ; l’Enfant Jésus, clairement désigné comme « Lumière des nations », dont le visage rayonnant est source de lumière ; Syméon, enfin, dont le visage, représenté de profil, est tourné vers le ciel, signe de l’inspiration prophétique, et dont la bouche ouverte prononce déjà le fameux cantique. Les autres personnages comme le décor du temple sont représentés dans la pénombre, voire dans l’ombre, selon divers degrés d’obscurité. Ils s’intègrent ainsi de façon mineure, mais présente, dans la composition générale. Le manteau richement orné de Syméon fait également partie de la composition : posé par terre, il forme comme un chemin qui guide notre œil vers la lumière.
Au premier plan, vu de dos, immense et solennel, le grand prêtre leur donne la bénédiction.
Ces quelques variations sur un même thème permettent de montrer la façon dont l’artiste peut conférer à cette scène un sens théologique profond, mettant en valeur tel ou tel aspect de l’événement et sa portée symbolique, voire spirituelle.
Source :
-Léonide Ouspensky et Vladimir Lossky, Le Sens des icônes, Paris, Le Cerf, 2004.
-Marie-Gabrielle Leblanc. L’enfance du Christ dans l’art. Paris : Téqui, 2020.
[1] Léonide Ouspensky et Vladimir Lossky, Le Sens des icônes, Paris, Le Cerf, 2004, pp. 154.
[2] La première des sept douleurs de la Vierge est celle de la prophétie de Syméon.
Dans ce chapitre :
Bartolo di Fredi : Présentation de Jésus au temple, XIV° Sienne
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