Un concours de poésie mariale (Honfleur, France)
Née à la fin du XVe siècle, la tradition du Puy aux Palinods célèbre la poésie mariale en honorant la Vierge Marie comme source de lumière et d’espérance, un héritage spirituel renaissant aujourd’hui à Honfleur où la beauté de la foi se mêle à l’art poétique. Cette coutume, portée par des voix fidèles à Marie, invite à contempler son rôle unique de médiatrice et de guide vers Dieu, dans un élan de prière et de louange.
L'initiateur de cette coutume fut un certain Pierre Daré, lieutenant-général du bailli de Rouen à la fin du XVe siècle. Élu prince, en 1486, d'une confrérie mariale dite "de la Conception", il décida que les poésies seraient jugées et récompensées publiquement sur une tribune qui serait nommée Puy (du grec podion : tribune, jubé) aux palinods (du grec : palin : nouveau, et ôdé : chant).
Mais peu à peu le concours changea de visage.
Il ne s'agissait plus de célébrer la Vierge, mais la gloire de Louis XIV et ses victoires ; sous la tourmente révolutionnaire, c'était la liberté dont il fallait faire l'éloge tout en parlant de Marie. Ainsi s'éteignit le "Puy aux Palinods".
La renaissance actuelle du Puy aux palinods.
Au milieu du XXe siècle, un écrivain normand, René Herval, eut à cœur de le ressusciter. Il fonda la "Nouvelle Académie des palinods de Normandie" et renoua avec la tradition de la "fête aux Normandes", qu'on célèbre désormais à Honfleur, en la chapelle Notre-Dame-de-Grâce, le dimanche le plus proche du 8 décembre.
Deux prix sont aujourd'hui décernés :
le premier couronne des pièces de poésie profane ;
le second, fidèle à la tradition, les meilleures pièces de poésie mariale.
En 1986, c'est Marie Baudouin-Croix qui remporta le premier Prix marial des Palinods de Normandie.
Marie, ô merveilleux canal D'où coule sur terre une eau vive Source du torrent virginal Dont tu inondes toute rive
Tu es pour nous le jardin clos Où s'évente la souvenance Dans la fraîcheur et le repos Des parures de verdoyance
La tendresse de ton regard Nous rend heureux prêts à la fête En l'air bleuté des grands départs Hissant la voile des prophètes
Ta voix chevauche l'océan Dans les matins de transparence Et se noue en rose des vents Sur les monts où la neige danse
Notre-Dame aux mille et un noms Sculptés dans la pierre bénie À la couronne ombrant ton front Tu te tiens comme arche fleurie
Garde-nous tous, pauvres pécheurs Par les Ave de nos prières Sous ton manteau contre ton cœur Pour nous mener à la lumière
Au grand royaume de l'espoir Conduis les enfants que nous sommes Ö Mère quand viendra le soir Pour trouver Dieu qui se fit homme.
Marie Baudouin-Croix, 1er prix des Palinods de Normandie 1986
Père Descouvemont