Dante, La divine comédie, Le Paradis (Italie, vers 1320)

Dans son voyage mystique au cœur du Paradis, Dante révèle Marie comme la rose divine, source de lumière et de grâce, dont la contemplation prépare l’âme à la vision du Verbe incarné. Guidé par saint Bernard, il invite à s’abandonner à la prière mariale, véritable clé spirituelle pour accéder à l’amour et à la présence de Dieu.


La divine comédie est un poème de Dante Alighieri composé entre 1307 et 1321. Le poème est divisé en trois parties : l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis.

Il s'agit d'un voyage dans l'au-delà. Arrivant au Paradis, Dante est guidé par une muse, Béatrice, puis par un saint, saint Bernard. Le paradis comporte neuf cieux : les premiers sont la demeure des saints, le huitième est la perception du Triomphe du Christ et de la Vierge, le neuvième est la perception de la présence de la Trinité.

Dans le huitième ciel :

Là est la rose où le Verbe divin se fit chair et là se trouvent les lis, dont le parfum enseigne le bon chemin.

(Dante, Le Paradis 23, 73)

[Cette rose, c'est Marie. Le triomphe du Christ et de sa mère a plongé le poète dans un véritable océan de lumière. Et désormais, son guide n'est plus Béatrice, mais saint Bernard. Saint Bernard invite Dante à regarder le visage de Marie afin d'acquérir les dispositions nécessaires pour contempler le visage du Verbe Incarné :]

Or regarde en la face qui du Christ le plus s'approche parce que sa clarté seule peut te disposer à voir le Christ.

[...]

Je vis une telle allégresse l'inonder portée sur elle par les saints Esprits, créés pour voler parmi ces hauts lieux,

que tout ce que l'avais pu voir avant d'enchantement grand ne me ravit, ne me montrant de Dieu pareille ressemblance.

Et cet amour qui premier descendit avec le chant Ave Maria, pleine de grâce par devant Elle ses ailes étendit.

(Dante, Le Paradis 31, 85-88)

[Saint Bernard avertit le poète qu'il est temps désormais de s'employer à la contemplation de Dieu et d'en demander la grâce tout d'abord à Celle qui peut l'aider. Alors jaillit la Prière des lèvres de saint Bernard :]

O Vierge Mère, Fille de ton Fils humble et élevée plus qu'aucune créature, but prédestiné de l'Éternel Conseil.

[...]

Tu es ici pour nous, brûlant flambeau de charité ; Et parmi les mortels, là-bas, Tu es fontaine vive d'espérance.

Dame, tu es si grande et si puissante, Que quiconque veut grâce et à toi ne recourt Voudrait que son désir volât sans aile.

Ta bienveillance, non seulement secourt Qui t'implore, mais plus d'une fois Libéralement, prévient la demande.

[...]

[Saint Bernard prie encore pour Dante pour doit retourner sur la terre :]

et je te prie encore, Reine qui peux ce que tu veux, de conserver saints après cette vision, ses sentiments.

Fais-le vainqueur des entraînements humains.

[et Dante, évoque les yeux de Marie qui s'abaissent en signe de maternel acquiescement à la prière de Bernard, ce sont des yeux chéris de Dieu et vénérés :]

Les yeux chéris de Dieu et vénérés, fixés sur l'orateur, nous démontrèrent combien les prières saintes lui furent agréables ;

Puis ils cherchèrent la lumière éternelle où l'on doit croire qu'aucun autre regard de créature si clairement ne pénètre.

(Dante, Le Paradis 33, 1-34)


Extraits de Dominique Mondrone, sj, La Madone dans la poésie italienne, dans Hubert du Manoir, Maria, tome 2, Beauchêne Paris 1952, p. 176-181

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