P-P. Rubens, L’adoration des bergers, vers 1615

L’Adoration des Bergers de Pierre-Paul Rubens, alliant réalisme flamand et lyrisme italien, révèle la profondeur spirituelle de l’Incarnation à travers la présence lumineuse de la Vierge Marie, qui, en allaitant l’Enfant Jésus, manifeste la vérité du mystère divin fait chair et invite le fidèle à contempler la Trinité et la rédemption offerte par Dieu. Cette œuvre, fidèle aux recommandations du concile de Trente, engage le regard et le cœur dans une prière vivante, où Marie se révèle médiatrice et modèle de foi attentive à la Parole de Dieu.


Pierre-Paul Rubens, L'adoration des bergers, vers 1615. (Musée de Rouen. Huile sur toile, 340x 248 cm). Voir : cliquez.

Quelques mots sur Rubens [1]

Après une formation auprès du peintre maniériste Otto Venius et un séjour de huit ans en Italie de 1600 à 1608, Rubens ouvre un atelier à Anvers en 1609. La ville vient d’être reconquise sur les protestants et les commandes affluent des divers ordres religieux. Le succès des sujets religieux de Rubens se propagera bien au-delà d’Anvers, grâce à un atelier à l’immense capacité de production (on recense environ 2300 tableaux de Rubens et son atelier).

L'adoration des Bergers de Rouen

Vue d’ensemble :

Apprécions l’art de Rubens, sa synthèse entre le réalisme flamand et le lyrisme italien, en traduisant à la fois la saveur rustique du quotidien et la chaleur des sentiments humains.

Rubens est très proche des recommandations du concile de Trente, il représente avec simplicité le décor et les personnages, et, en cela, il reflète l’Évangile ; il touche le spectateur pour l’inviter à la foi et à la prière. La Vierge Marie est bien visible, comme elle est bien présente par son intercession dans la vie des fidèles.

Une bergère offre trois œufs à l’Enfant Jésus et les dépose sur la paille - c’est un symbole compréhensible de la naissance du Christ, promesse de rédemption divine, en même tant qu’une allusion à la trinité par les trois œufs [1]. En effet, l’Incarnation est à la fois l’œuvre et la révélation de la Trinité, Père, Fils et Esprit Saint : Jésus est le Fils du Très Haut, que Marie a conçu quand l’Esprit Saint l’a couverte de son ombre (cf. récit de l’Annonciation).

La Vierge allaite, fait très rare dans l’œuvre de Rubens (il se retrouve également dans l’Adoration des Bergers de la cathédrale de Soissons).

Heureux seins ! heureuse femme croyante !

Or il advint, comme Jésus parlait ainsi, qu’une femme éleva la voix du milieu de la foule et lui dit : "Heureuses les entrailles qui t’ont porté et les seins que tu as sucés !" Mais il dit : "Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l’observent !"

(Luc 11, 27-28)

Tout lecteur de l’Évangile de saint Luc sait que Marie écoute la parole de Dieu, la médite, et la garde (Lc 2, 19. 51) !

L’allaitement de la Vierge Marie est riche de signification [2] :

Par le lait, Marie manifeste clairement l’authenticité du corps de Jésus.

En Jésus, l’Éternel est vraiment entré dans notre matière, dans notre temps. Et Marie lui a communiqué la vie biologique, physiologique.

Le salut vient par le contact avec le corps réel de Jésus, et c’est dans ce corps que se joue le dessein surnaturel. Ne soyons donc pas plus spirituel que Dieu !


[1] Adoration-des-Bergers-8.htm > https://www.rouen-musees.com [2] Cf. Gian Paolo e Serena BONANI, Ave Verum Corpus, edizioni centro Studi Galaktotrophousa, Roma 2005.


Synthèse F. Breynaert

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