L'inspiration et la vérité de l'Écriture dans le concile Vatican II (1965)

L’Écriture Sainte, inspirée par le Saint-Esprit et transmise fidèlement par l’Église, révèle avec vérité et sans erreur le dessein salvifique de Dieu, invitant le croyant à une lecture attentive, éclairée par la foi et la Tradition vivante. Dans cette Parole vivante, Marie, modèle parfait de docilité à l’Esprit, nous guide vers une compréhension profonde de la sagesse divine qui s’est fait proche en prenant notre humanité.


  1. Ce qui a été divinement révélé, et qui est contenu et exposé dans la Écriture, a été consigné sous l'inspiration du Saint-Esprit.

Des Livres composés sous l'inspiration du Saint-Esprit

Les livres entiers tant de l'Ancien que du Nouveau Testament, avec toutes leurs parties, la Mère Église les tient, en vertu de la foi reçue des Apôtres, pour saints et canoniques, parce que, composés sous l'inspiration du Saint-Esprit (39), ils ont Dieu pour auteur, et ont été transmis comme tels à l'Église elle-même (40). Pour la rédaction des Livres saints, Dieu a choisi des hommes ; il les a employés en leur laissant l'usage de leurs facultés et de toutes leurs ressources (41), pour que, lui-même agissant en eux et par eux (42), ils transmettent par écrit, en auteurs véritables, tout ce qu'il voulait, et cela seulement (43).

Puis donc qu'on doit maintenir comme affirmé par le Saint-Esprit tout ce qu'affirment les auteurs inspirés ou hagiographes, il s'ensuit qu'on doit confesser que les livres de l'Écriture enseignent nettement, fidèlement et sans erreur, la vérité telle que Dieu, en vue de notre salut, a voulu qu'elle fût consignée dans les Saintes Lettres (44). C'est pourquoi « toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice : l'homme de Dieu peut ainsi se trouver accompli, équipé pour toute bonne œuvre » (2 Tim. 3, 16-17 grec).

Comment il faut interpréter la Écriture

  1. Puisque Dieu parle dans la Écriture par des intermédiaires humains, à la façon des hommes (45), l'interprète de la Écriture, pour saisir clairement quels échanges Dieu lui-même a voulu avoir avec nous, doit rechercher ce que les hagiographes ont eu réellement l'intention de nous faire comprendre, ce qu'il a plu à Dieu de nous faire connaître par leur parole. Pour découvrir l'intention des hagiographes, il faut entre autres choses être attentif aussi « aux genres littéraires ». En effet la vérité est proposée et exprimée de manière différente dans les textes qui sont historiques à des titres divers, dans les textes prophétiques, les textes poétiques, ou les autres sortes de langage.

Il faut donc que l'interprète recherche le sens qu'en des circonstances déterminées, l'hagiographe, étant donné les conditions de son époque et de sa culture, a voulu exprimer et a de fait exprimé à l'aide des genres littéraires employés à cette époque (46). Pour comprendre correctement ce que l'auteur sacré a voulu affirmer par écrit, il faut soigneusement prendre garde à ces façons de sentir, de dire ou de raconter, qui étaient habituelles dans le milieu et à l'époque de l'hagiographe, et à celles qui étaient habituellement en usage ça et là à cette époque, dans les relations entre les hommes (47).

L'Écriture doit être lue et interprétée avec le même Esprit qui l'a fait écrire, c'est-à-dire « dans l'analogie de la foi ».

Mais comme l'Écriture doit être lue et interprétée avec le même Esprit qui l'a fait écrire (48), pour découvrir correctement le sens des textes sacrés, il ne faut pas donner une moindre attention au contenu et à l'unité de l'Écriture tout entière, compte tenu de la Tradition vivante de l'Église tout entière, et de l'analogie de la foi.

Il appartient aux exégètes de travailler selon ces règles pour comprendre et expliquer plus profondément le sens de l'Écriture, pour que, par une étude qui l'aurait pour ainsi dire préparé à l'avance, le jugement de l'Église puisse mûrir. Car tout ce qui concerne la manière d'interpréter l'Écriture est soumis en dernier lieu au jugement de l'Église, qui s'acquitte de l'ordre et du ministère divin de garder et d'interpréter la parole de Dieu (49).

Les paroles de Dieu, exprimées en des langues humaines, se sont faites semblables au langage humain

  1. Dans la Écriture, se manifeste donc, la vérité et la sainteté de Dieu demeurant toujours intactes, l'admirable « condescendance » de la Sagesse éternelle, « pour que nous apprenions l'inexprimable bonté de Dieu. et quelle immense adaptation de langage il a employée, prenant un soin très attentif de notre nature » (50). Les paroles de Dieu, en effet, exprimées en des langues humaines, se sont faites semblables au langage humain, tout comme autrefois le Verbe du Père éternel, ayant pris la chair de la faiblesse humaine, s'est fait semblable aux hommes.

(Extrait de la Constitution dogmatique Dei Verbum sur la Révélation divine)


(39) Cf. Jn. 20, 31 ; 2 Tim. 3, 16 ; 2 Pet. 1, 19-21 ; 3, 15-16.

(40) Cf. Conc. Varie. I, Const. dogm. sur la loi cath., ch. 2, La révélation : Denz. 1787 (3006) ; Comm. bibli. décret du 18 juin 1915 : Denz. 2180 (3629) ; Enchir. bibli. 420 ; Supr. Congr. du Saint Office : Lettre du 22 décembre 1923 : E. B. 499.

(41) Cf. Pie XII, encycl. Divino afflante Spiritu. 30 sept. 1943 : AAS 35 (1943), 314 ; E. B., 556.

(42) Dans l'homme et par l'homme : cf. Hébr. 1, I, et 4, 7 (dans) : 2 Sam. 23, 2 ; MI. I, 22 et passim (par) ; Conc. Vatic. I, schéma de la doctr. cath., note 9, Collect. Lac. VII, 522.

(43) Léon XIII, Encycl. Providentissimus Deus, 18 nov. 1893, Denz. 1952 (3293) : E. B., 125.

(44) Cf. Saint Augustin, Comment. litt. de la Genèse, 2, 9, 20 : P.L. 34, 270-271 ; CSEL 28, 1, 46-47 et Lettre 82, 3 : P.L. 33, 277 : CSEL 34, 2, 354 ; -- S. Thomas, La Vérité, q. 12, art. 2, C. -- Conc. de Trente, sess. IV, Les Écritures canoniques : Denz. 783 (1501). -- Léon XIII, Encycl. Providentissimus, E. B.. 121, 124. 126-127. -- Pie XII, Encycl. Divino afflante Spiritu : E.B. 539.

(45) S. Augustin, La Cité de Dieu, XVII, 6, 2 : P.L. 41,537 ; CSEL, XL, 2, 228.

(46) S. Augustin. La doctrine chrétienne, III, 18, 26 : P.L. 34, 75-76 ; CSEL 80, 95.

(47) Pie XII, loc. cit. : Denz. 2294 (3829-3830) ; E. B. 557-562.

(48) Cf. Benoît XV, Encycl. Spiritus Paraclitus, 15 sept. 1920, E. B., 469 ; S. Jérôme, Sur l'épître aux Galates, 5, 19-21, P.L. 26, 417 A.

(49) Cf. Conc. Vatican I, Const. dogm. sur la loi cath., eh. 2, La révélation : Denz. 1788 (3007).

(50) S. Jean Chrysostome, Sur la Genèse 3, 8, (hom. 17, 1) : P.G. 53, 134. Le terme grec employé, traduit ici par « adaptation », est synkatabasis

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