Les trois périodes de la généalogie de Jésus

La généalogie de Jésus selon saint Matthieu révèle, à travers une structure soigneusement rythmée en trois temps, le dessein divin qui conduit de la promesse faite à Abraham jusqu’à la plénitude incarnée en Jésus-Christ, né de Marie, véritable source de bénédiction et de salut pour l’humanité. Cette lignée sacrée souligne la continuité de l’histoire du salut et la place unique de Marie dans le mystère de l’Incarnation.


Observations sur l’ensemble

Les premières paroles de Matthieu sont : « Livre de l’origine de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham ».

La généalogie est construite avec le schéma : A engendra B, B’ engendra C ; C’ engendra D, etc.

Le verset le plus important est le v. 16 : « Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie de laquelle naquit Jésus que l’on appelle Christ » qui forme une inclusion avec le v. 1.

Dans le v. 17 se reconnaît l’effort de l’évangéliste de donner un sens théologique à la généalogie en la rythmant en trois groupes de quatorze générations chacun :

  • d’Abraham à David quatorze générations ;

  • de David à la déportation à Babylone quatorze générations ;

  • de la déportation au Babylone au Christ quatorze générations.

Première période

La première période est située sous la figure d’Abraham de qui sortira un grand peuple et de qui tous les peuples recevront les bénédictions futures. Dans la tradition rabbinique, Abraham reçoit les titres de messie, roi et prophète ; il est l’oint qui récapitule son peuple. Il relie ensemble les générations passées et futures. Il est lui-même une bénédiction. En Matthieu, cette splendide figure de patriarche est orientée et subordonnée au Christ.

Deuxième période

Dans la deuxième période, la bénédiction des patriarches repose sur le roi David et sur sa famille. Les successeurs de David sont d’inégale valeur pour soutenir le poids de la bénédiction messianique, le sens de la responsabilité qui repose sur eux s’est embué et ils sombrent dans l’abîme de l’humiliation avec la déportation à Babylone, où leur histoire finit.

Troisième période

Dans la troisième période, il n’y a ni roi, ni patriarches, mais les hommes d’un peuple battu qui a perdu sa liberté politique et religieuse. En ce temps obscur, le peuple, guidé par Sesbassar (Esd 5, 16) et Zorobabel (Esd 3 ; 4,24-5, 2), revient d’exil comme dans un nouvel exode (2Chr 36, 22-23 ; Esd 1, 1-4) et reconstruit le Temple.

Un crescendo imprévisible conduit à l’intervention la plus extraordinaire de Dieu : la génération de Jésus, le Christ, de Marie. C’est le temps de la plénitude de l’amour de Dieu. En Jésus, auquel Dieu lui-même donne le titre de Christ, toute chose et toute promesse atteint la plénitude : plénitude non pas chronologique, mais théologique. La structure de la généalogie avec sa répétition monotone avance vers un tel mystère. (1)


[1] Cf. CAVALLETTI S., “Abramo come messia e ricapitolatore del suo popolo”, in Studi e materiali di storia delle Religioni, 35, 1964, 251-264.


Elio PERETTO

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