Zacharie, Jean, Joseph et Marie dans l'attente du Messie
Dans ce mystère de l’Incarnation, la Vierge Marie se révèle comme le cœur ouvert où l’Esprit Saint fait irruption, accomplissant une promesse messianique qui dépasse toutes les attentes prophétiques. À travers la foi courageuse de Joseph et le rôle unique de Jean-Baptiste, se dévoile la présence nouvelle et vivante de Dieu, qui transforme le Temple et renouvelle l’alliance avec son peuple.
Zacharie officie au Temple. Pour lui, le Temple suffit à pardonner les péchés. Il attend "le prophète comme Moïse" annoncé par le Deutéronome (Dt 18, 18), mais il n'attend pas que la Shekhinah (la présence de Dieu) revienne dans le Temple puisqu'il considère qu'elle y est.
L'ange annonce à Zacharie que Jean viendra "avec la puissance d'Elie" (Lc 1, 17), pour "ramener le cœur des pères vers les enfants" selon Malachie 3, 23. C'est une invitation à appliquer aussi la suite du texte Malachie "soudain il entrera dans son sanctuaire, le Seigneur que vous cherchez" (Ml 3,1) - ce qui implique que le Seigneur n'est plus dans son sanctuaire !
Zacharie, qui officie au Temple, semble douter "À quoi connaîtrai-je cela ?" (Luc 1, 18), ce que l'on peut interpréter en pensant à la naissance d'un enfant, mais que l'on peut aussi interpréter en incluant tout ce que cette naissance va impliquer.
Jean le Baptiste se distancie de son père, il s'en va baptiser au Jourdain... Il n'officie pas au Temple parce qu'il considère que Dieu n'y est pas et parce qu'il attend qu'il y vienne, selon la prophétie de Malachie (Ml 3, 1) ou selon des traditions telles que : « Le saint, béni soit-il, pleura et dit : Malheur à moi, qu'ai-je fait ! J'ai fait que la Shekinah descende pour Israël, et maintenant qu'ils ont péché, je suis retourné à mon lieu d'origine. »[1]
Saint Joseph manifeste une foi exceptionnellement courageuse en accueillant l'annonce de l'ange : "Marie enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus : car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés" (Mt 1, 21), ce qui signifie que Jésus est associé au pouvoir saint et salvifique de Dieu.
La Vierge Marie manifeste une ouverture de cœur étonnante. Elle accueille la visite d'un ange et l'Incarnation. « L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. » (Luc 1, 34).
L'événement s'inscrit dans l'attente messianique, mais la dépasse tellement... Les prophètes avaient annoncé un messie, mais ils n'avaient osé imaginer l'Incarnation !
[1] Eikhah rabbah 24
Françoise Breynaert
Dans ce chapitre :
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