L’homme roi de la création. Dans quel sens ?

Face aux défis des sciences modernes, la foi chrétienne affirme que l’homme, créé à l’image de Dieu et doté d’une âme spirituelle, conserve sa dignité de roi de la création, appelé à exercer avec responsabilité son mandat sur la terre. À l’image de Marie, humble servante et modèle de vertu, cette vocation invite à une relation respectueuse et consciente avec le monde, éclairée par l’Esprit Saint.


Nous nous demanderons tout d’abord si l’on peut encore dire de nos jours que l’homme est le roi de la création, et, ensuite, à quelles conditions il est roi de la création. Nous suivons le livre du Cardinal Schönborn[1].

Les sciences modernes ont-elles détrôné l’homme ?

Objection 1. La terre n’est pas au centre de l’univers, elle n’est qu’une planète du soleil, poussière dans une galaxie parmi des millions d’autres galaxies.

Réponse : la vie sur terre existe dans une niche extraordinairement protégée, merveilleusement mise à part, dans laquelle sont utilisés les produits de toute l’histoire du cosmos...

Note mariale : Marie n’était pas au centre de son pays, à Jérusalem, mais en Galilée, à Nazareth, et c’est là qu’a eu lieu l’évènement privilégié de l’Annonciation et de l’Incarnation. Alors, que la terre ne soit pas au centre... Cela importe-t-il ?

Objection 2. L’homme est le fruit d’un immense processus d’évolution. Son ADN est à peine différent de celui du singe. Nous ignorons si cette évolution s’arrête là.

Réponse : Si la foi chrétienne nous dit que le monde a eu un commencement, qu’il est en devenir, et qu’il aura un terme, nous pouvons réfléchir à notre place dans l’évolution du monde, et en tirer les conséquences responsables.

Note mariale : La résurrection de Jésus nous montre le but de tout le processus de la création ; l’Assomption de Marie aussi, de manière seconde et associée.

Objection 3 : L’esprit ne serait que matière. L’homme ne serait pas le roi de l’univers parce qu’il est inconsciemment conduit par ses bas instincts.

Réponse : Il est exact que nous sommes des êtres « instinctifs », mais nous pouvons chercher à y voir clair, à dominer nos instincts et nous conduire en être responsables.

La Bible dit que l’homme est tiré de la terre, mais il ne devint homme que lorsque Dieu lui insuffla « le souffle de vie » (Gn 2, 7). La foi de l’Église enseigne que « l’âme spirituelle est immédiatement créée par Dieu »[2]

Le corps humain peut être un produit de l’évolution, mais l’âme spirituelle ne peut pas être un produit de l’évolution, elle n’est pas non plus produite par les parents.

Note mariale : Les vertus mariales sont des victoires sur les instincts, elles sont obtenues par la volonté humaine en réponse au don de Dieu, à l’action de l’Esprit Saint.

L’homme est-il roi de la création n’importe comment ?

  1. L’homme n’est pas roi de la création tout seul, mais ensemble, homme et femme (Gn 1, 27), et « les biens de la création sont destinés à tout le genre humain »[3].

  2. L’homme a un « mandat ». Si tout n’est que le produit du hasard et de la nécessité, il n’émane du monde aucun précepte. En revanche, si la créature a un « être » qui lui est propre, un « être » voulu par Dieu, alors nous avons une responsabilité envers la terre. Comme par exemple un enfant nouveau-né adresse un « devoir » à son entourage : s’occuper de lui[4].


[1] Cf. Cardinal Christoph Schönborn, Hasard ou plan de Dieu ? Cerf, Paris 2008

[2] Pie XII, encyclique Humani generis. 1950.

[3] Catéchisme de l’Eglise catholique § 2402

[4] Cf. Hans Jonas, Le Principe de la responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique (1979) - traduction française éd. du Cerf, Paris 1990


Synthèse F. Breynaert

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