Patristique avant Nicée
Certains, qu’ils soient juifs ou païens, pensent qu’il est impossible à une Vierge de devenir féconde. Un Dieu qui naît et meurt ? Honteux ! Ces mystères ne sont pas reçus par ceux qui prétendent enfermer Dieu dans leurs propres schémas limités, et ils sont cachés à Satan. Mais à ceux qui acceptent d’entrer dans ces mystères sont révélées de grandes choses. Ainsi, dès les premiers siècles de l’Église, certains Pères ont pensé la maternité de Marie, pour défendre l’humanité du Christ contre le docétisme, hérésie des premiers siècles de l’Église, qui niait la réalité de l’Incarnation et n’attribuait à Jésus-Christ qu’une apparence humaine.
Saint Ignace d'Antioche († 107 environ)
Saint Ignace d'Antioche, premier successeur de saint Pierre à Antioche, et martyr sous Trajan, est parti des faits et a recherché leur sens dans la Parole de Dieu. Il insiste sur la vérité biologique de la naissance de Jésus : le Christ est vraiment le Fils de Dieu fait homme. Ainsi, et seulement ainsi, notre divinisation peut avoir lieu. La fécondité de la Vierge prépare la destruction de la mort.
Saint Irénée, saint Justin, Origène et Tertullien
Irénée à Lyon, Justin à Rome, Origène et Tertullien en Afrique du Nord s'exprimeront de manière analogue, et progressivement l'expression « Mère de Dieu (Theotokos) » (Origène) résumera le mystère qui nous ouvre à tous la voie de la divinisation.
La Commission internationale anglicane - catholique romaine (ARCIC) résume ainsi cette position des premiers Pères de l’Église :
« Pour la défense de l'humanité vraie du Christ et contre le docétisme, l'Église ancienne a souligné que Jésus est né de Marie. Il n'avait pas simplement « apparence » humaine ; il n'est pas descendu du ciel dans un « corps céleste » et, pour sa naissance, il n'est pas simplement « passé à travers » sa mère. Au contraire, c'est de sa propre substance que Marie a enfanté son fils. Pour Ignace d'Antioche († 110 env.) et Tertullien († 225 env.), Jésus est pleinement homme parce que « vraiment né » de Marie. [...] Celui qui est né de Marie est le Fils éternel de Dieu. Les Pères d'Orient et d'Occident -- comme Justin († 150 env.), Irénée († 202 env.) [...] -- ont exposé cet enseignement du Nouveau Testament dans les termes d'Isaïe 7, 14 - elle accomplit la vision du prophète et donne naissance à "Dieu avec nous". [...] Le titre de Marie Theotókos était officiellement invoqué pour sauvegarder la doctrine orthodoxe de l'unité de la personne du Christ. Ce titre fut en usage dans des Églises sous l'influence d'Alexandrie. »[1]
La Vierge Marie nous communique la vraie foi, et les conséquences spirituelles sont immenses : Jésus est adoré (il est Dieu), et il peut être imité (il est homme).
Ce mystère est source d'espérance, car l'Homme-Dieu vivifie notre humanité.
[1] Commission internationale anglicane - catholique romaine (ARCIC), « Marie : grâce et espérance dans le Christ », 2 février 2004, 32.33
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