Virginité et mariage de Marie: valeurs pour aujourd’hui
Marie incarne le signe vivant de l’alliance divine, choisissant la virginité non comme renoncement, mais comme un don total d’amour à Dieu, dans un engagement profond qui unit pureté intérieure et fidélité conjugale. Son exemple courageux, à contre-courant des mentalités de son temps, révèle une spiritualité où la virginité se fait témoignage d’une liberté authentique et d’une communion d’amour, invitant chacun à redécouvrir sa valeur profonde à la lumière de l’Évangile.
Marie, signe des noces de l’alliance
« J’éprouve à votre égard en effet une jalousie divine ; car je vous ai fiancés à un époux unique, comme une vierge pure à présenter au Christ. »
(2Co 11,2)
Comme le mariage était devenu dans l’Ancien Testament lieu de la révélation et de la prophétie de l’amour de Dieu (Os 2,21-22), la virginité est ainsi pour Paul le symbole de la situation de l’Église devant le Christ. Le concile Vatican II - à la suite des pères - affirme que l’église est « est vierge, ayant donné à son Époux sa foi, qu’elle garde intègre et pure » (Lumen Gentium 64).
Marie a choisi la virginité : un choix courageux qui parle aujourd’hui
Le sens aigu de la liberté comme valeur fondatrice de la personne humaine et la redécouverte de la sexualité comme élément fondamental de la vie rendent les hommes et les femmes d’aujourd’hui méfiants ou allergiques devant la virginité. Le féminisme, en particulier, proteste contre la manière matérialiste de présenter "l’intégrité de l’hymen comme valeur suprême", qui donne lieu à une éducation de contrôle rigide et inspire une féminité désexualisée.
Sans éliminer l’importance de l’aspect corporel de la virginité dans une culture maintenant connotée par le culte du corps, il faut aujourd’hui souligner l’attitude intérieure qui fait de la virginité une valeur humaine et religieuse. Justement cette valeur se révèle en Marie, à la lumière de l’évangile et dans le contexte de la tradition hébraïque. Comme Grégoire de Nysse et Augustin l’ont souligné, les paroles de Marie à l’ange : "je ne connais pas d’homme" (Lc 1,34) révèlent la décision de la Vierge de renoncer aux relations sexuelles et à la maternité.
Quand on pense à la mentalité biblique qui exalte la maternité (Ps 128,3-6) et qui considère longtemps la virginité comme l’équivalent de la stérilité, donc une honte (Jg 11,37-38 ; 1 Sam 1,11), on peut comprendre que la décision de Marie de rester vierge a été un choix à contre-courant, mûri dans le cadre de la spiritualité des pauvres du Seigneur. Un tel choix apparaît riche d’un point de vue anthropologique, parce que Marie se montre capable de défier son milieu et d’en supporter les immanquables critiques.
Marie a choisi le mariage, autre choix courageux qui parle aujourd’hui.
Un fait encore peu observé par la tradition chrétienne est que Marie entend vivre sa vie virginale dans un contexte matrimonial, car elle est promise en mariage à Joseph (Lc 1,27). Le mariage était probablement pour Marie une nécessité pour protéger sa virginité ; mais l’avoir accepté montre comment pour elle la donation première et totale d’amour pour Dieu n’excluait pas les relations d’affection horizontales, non-sexuelles, avec Joseph son authentique compagnon de vie, et pas seulement son eunuque protecteur. L’évangile laisse transparaître une telle communion existentielle.
Ainsi se comprend bien l’invitation faite par Paul VI à la femme contemporaine de recourir à l’évangile, car ainsi elle se rendra compte que le choix de la virginité de la part de Marie... ne fut pas une fermeture devant certaines valeurs matrimoniales, mais constitua un choix courageux, accompli pour se consacrer totalement à l’amour de Dieu. (cf. Paul VI, Marialis Cultus 37).
S. De Fiores Extraits de S. DE FIORES, "Vergine",
Nuovo dizionario di mariologia, a cura di de Fiores, ed. san Paolo 1985, p.1317-1322