Notes de lecture sur 'Marie' de Jacques Duquesne

Marie, au cœur du mystère de l’Incarnation, se révèle à travers les Évangiles comme un témoin privilégié dont la connaissance ne se limite pas aux seuls textes sacrés, mais s’enrichit aussi de la foi vivante de l’Église, de ses traditions et de l’expérience spirituelle du peuple de Dieu. Ce contenu invite à dépasser les critiques superficielles pour découvrir la profondeur théologique et historique qui confirment la vérité de Marie, Mère immaculée et toujours vierge, choisie par Dieu pour porter le Sauveur.


Tout le début du livre vise à montrer que l’on ne connaît Marie que par les . Le deuxième point de la démonstration consiste à dire que les parlent très peu de Marie. Le troisième consiste à montrer que les ne sont pas historiques.

Avec de telles prémisses, on est sûr de ne pas aller très loin ! …

- P. 9 « Les qui la firent connaître ne disent mot ni de ses parents, ni de sa naissance, ni même de sa rencontre avec Joseph » :

La source de la connaissance est réduite à l’Évangile, sans considération de tout ce que l’Esprit Saint donne par ailleurs pour accéder à la vérité toute entière (la connaissance de la foi passe aussi par d’autres canaux, même s’ils sont de poids différents : Églises, liturgies, traditions, méditations des Pères, des docteurs, des saints, enseignements des Conciles et du Magistère, apports des mystiques, des révélations et apparitions venues du Ciel, signes et miracles, expérience et sens de la foi du Peuple de Dieu qui vit la vérité sur Marie et constate la puissance de son intercession, etc.).

P. 10 "Marie apparaît comme une femme sans passé, ce qui permit à quelques Pères de l’Église puis à une cohorte de théologiens et de prédicateurs d’établir de riches (et parfois hasardeuses) comparaisons avec Ève " :

Hasardeuses ? Le Cardinal Newman disait que la mise en lumière de Marie « Nouvelle Ève » était « le grand enseignement rudimentaire de l’Antiquité chrétienne » …

P. 10 « Matthieu ne lui consacre que 17 versets sur les 1068 que comporte son Évangile » :

Il ne faut pas mesurer l’Évangile au kilo : combien Matthieu consacre-t-il de versets à l’Esprit Saint qui reçoit même adoration et même gloire que le Père et le Fils ? Encore moins : mais qu’est-ce que ça prouve ?

P. 12 « À travers l’image que l’on a donnée de Marie, c’est celle de la femme qui est en question. Mais aussi une conception de la sexualité, une vision de l’Église … » :

Détruire la réalité de la connaissance de Marie aurait bien sûr des conséquences. Mais ce passage annonce l’orientation du livre : on va montrer que l’Église nous trompe depuis longtemps, que ses idéaux, ses enseignements et ses dogmes sont faux.

P. 25 « Le Magnificat que Luc fait prononcer à Marie rassemble des textes sacrés des juifs. Jean Daniélou, grand exégète et futur cardinal l’avait noté : "Dans l’Évangile de Luc, les cantiques de la première partie semblent des compositions de Luc ou des textes liturgiques utilisés par Luc. Il en est de même, par exemple, du discours de l’Ange à Marie" :

Conclusion : non seulement l’Évangile dit peu de choses, mais en plus c’est faux …

P 26 : « De toute évidence, Luc a connu l’Ange Gabriel grâce au livre de Daniel » :

L’évidence ne serait-elle pas plutôt que Marie, seul témoin, l’ait dit directement à Luc ou bien à d’autres personnes qui lui auront transmis ensuite l’information ?

P 27 : « Il s’agit donc de textes soigneusement composés qui tiennent plus de la littérature que de l’histoire. À leur lecture, il importe moins de s’attacher à la précision des faits qu’à leur sens. Je répèterai volontiers dix fois cette phrase tant elle me paraît capitale » :

Il serait "capital" de comprendre que l’Évangile est faux et que c’est de la littérature … Ce présupposé gravissime n’est même pas justifié par un essai de raisonnement, mais ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit d’une vision toute à fait opposée à celle de l’Église qui a rappelé au concile Vatican II que

« De façon ferme et absolument constante, la Mère Église a affirmé et affirme que les quatre Évangiles, dont elle atteste sans hésiter l’historicité, transmettent fidèlement ce que Jésus le Fils de Dieu, pendant qu’Il vivait parmi les hommes, a réellement fait et enseigné en vue de leur salut éternel, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel » (Constitution Dogmatique Dei Verbum n°19).

Il suffit d’ailleurs de lire les sans a priori pour comprendre que les auteurs cherchent à nous dire ce qui s’est réellement passé, après s’être bien renseigné, au témoignage de Luc lui-même : "j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé exactement de tout depuis les origines d’en écrire pour toi l’exposé suivi, excellent Théophile, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements que tu as reçus" (Lc 1,1).

Luc veut être sûr et il s’en donne les moyens. Pourquoi imaginer compliquer ce qui est tout simple ?

P. 30 « Tant de signes, d’annonces, de messages pour arriver à l’incompréhension manifestée lors de l’épisode du Temple ! C’est évidemment impossible. Il faut le répéter : le récit de l’Annonciation par Luc est du domaine du symbolique » :

Pourquoi serait-il impossible que Joseph et Marie soient surpris par l’attitude divine de Jésus ? On ne voit vraiment pas et aucune raison sérieuse n’est donnée pour remettre en cause les signes, annonces et messages rapportés par l’Évangile. La conclusion est aussi nulle que le raisonnement ....

P. 30 « La thèse du vœu de virginité perpétuelle ne tient guère puisque Marie est fiancée à Joseph, qu’elle ne peut lui faire le tort et l’affront de le laisser sans descendance et que le judaïsme ignorait totalement le vœu de virginité consacrée » :

Aucune démonstration, aucun argument pour contredire l’Évangile où Marie affirme sa situation de vierge : « Comment cela se fera-t-il puisque je suis vierge ? ».

La venue du Messie a été préparée par des siècles d’enseignement à Israël et cette préparation tout à fait unique culmine en Joseph et Marie : est-ce si difficile d’imaginer qu’ils sont choisis depuis toujours et qu’ils peuvent avoir un comportement nouveau et inspiré ? Est-ce dur d’imaginer qu’ils sont tous deux spécialement consacrés à Dieu ? C’est au contraire parfaitement logique : ils sont choisis de toute éternité pour cette mission.

P. 32 « Il n’est fait nulle part, aucune allusion à un récit "composé" et transmis par Marie "comme source principale du récit". On peut penser que si Luc avait disposé des confidences de celle-ci, il l’aurait signalé » :

Pourquoi l’aurait-il forcément signalé ? Pourquoi les Évangélistes auraient-ils dû tout dire ? Comment auraient-ils pu tout dire ? C’est le seul argument souvent répété mais il est particulièrement faible … Il est évident, comme le dit le Concile Vatican II que

"les auteurs sacrés ont composé les quatre Évangiles, en triant certains détails entre beaucoup de ceux que la parole ou déjà l’écriture avait transmis".

Les Évangélistes font comme faisait souvent Jésus, en donnant assez de lumière pour que les hommes de bonne volonté voient, mais ils ne surchargent pas les récits.

Dans le cas qui nous occupe, Luc précise en plus qu’il a rédigé son Évangile d’après le témoignage de ceux "qui furent dès le début témoins oculaires et serviteurs de la Parole" et il insiste deux fois en disant que "Marie conservait et méditait dans son cœur tous ces événements". Marie n’était-elle pas le principal témoin oculaire depuis le début ?

Et est-il si difficile d’imaginer que c’est elle qui a transmis ce qu’elle seule pouvait connaître et conserver dans son cœur ?

P. 33 « Mais si Marie a été mise à part dès l’origine par son Immaculée Conception, alors elle n’était plus une femme libre, alors elle ne pouvait pas refuser, son avenir était tout écrit, elle était prédestinée » :

On comprend de moins en moins … Ève n’était-elle pas immaculée ? Et Jésus, immaculé n’a-t-il eu aucun mérite à obéir jusqu’à la mort sur la Croix ? N’étaient-ils pas tous deux libres pour autant ? Ces raisonnements ne tiennent pas debout : nous sommes sauvés par les mérites du Christ qui était immaculé mais libre, évidemment.

P. 34 « On ne peut à la fois louer le « oui » de Marie à Gabriel et croire en l’Immaculée Conception » : Affirmation gratuite, faible et tout à fait incroyable, qui montre seulement que l’auteur n’a rien compris à l’Immaculée Conception et qu’il ne croit pas à ce dogme …

P. 35 « Les anciens avaient une conception de la personne bien différente de la nôtre. À leurs yeux toute la personnalité de l’enfant était innée, renfermée dans la semence paternelle, la femme ne jouant qu’un rôle limité » :

Faux et comme d’habitude gratuit, sans la moindre preuve : les anciens sont facilement caricaturés par ceux qui se croient évolués et savants. Mais Dieu révèle la vérité aux tout-petits et il la cache aux sages et aux savants.

P. 38 « Matthieu fait aussi naître Jésus à Bethléem, cité de David » :

La thèse est que ce n’est pas parce que Jésus est né à Bethléem que Matthieu le dit, mais parce qu’il veut démontrer quelque chose et il est prêt à inventer n’importe quoi pour justifier sa démonstration.

C’est tout simplement incroyable ! Comment peut-on avoir ce type de soupçons ? Les choses sont bien plus simples : les témoins de la foi sont véridiques et il faut redire avec Vatican II que "les quatre Évangiles transmettent fidèlement ce que Jésus a réellement fait et enseigné" (Dei Verbum n°19).

Pascal disait : "je ne crois que les histoires dont les témoins se feraient égorger" (pensée 593). Les témoins sont amoureux de la vérité et ils donnent leur vie pour elle.

P. 40 « Quatorze générations : pour parvenir à ce résultat, Matthieu a quelque peu joué avec les chiffres. Et sa généalogie est très différente de celle de Luc » :

Matthieu est encore présenté comme un menteur alors que la question de la différence des généalogies se résout très facilement : l’une est descendante ("engendra" : filiation charnelle, par le sang) et l’autre ascendante ("fils de" : paternité légale, incluant le lévirat). Dès qu’il y a un orphelin adopté, la différence des listes devient obligatoire …

P. 46 « En dehors des de Luc et Matthieu, aucun texte du Nouveau Testament n’indique que Marie était vierge en concevant Jésus, et le demeura » :

Phrase surréaliste à tout point de vue. L’insistance de 2 sur 4 ne suffit pas ? Et puisque les autres textes commentent les faits et gestes du Christ adulte, comment pourraient-ils évoquer les circonstances de son enfantement ?

P. 47 « Jean-Paul II semble affirmer hardiment que Luc tenait ses informations de Marie elle-même. L’Évangile de Luc a été écrit dans les années 80, voire plus tard. Il est donc difficile, nous l’avons dit, de penser que celui-ci ait connu Marie » :

Qui dit que l’Évangile a été écrit en 80 ? Qui dit que Marie était au Ciel à cette date ? Qui dit que Luc ne l’avait pas rencontrée avant ? Qui dit que Marie n’a pas transmis le récit à un autre qui l’aurait transmis à Luc ? Etc. La démonstration que Luc n’a pas Marie pour source principale reste d’une faiblesse absolue.

P. 48 « Ces chapitres des consacrés à la naissance sont considérés par la plupart des spécialistes comme des textes poétiques. Ou de la théologie. Pas de l’histoire » :

Donc les sont historiquement faux. Mais c’est le raisonnement qui est faux car la plupart des spécialistes sont catholiques et adhèrent donc à la foi de l’Église sur l’Écriture, rappelée par Vatican II :

« Les auteurs sacrés ont composé les quatre Évangiles, en triant certains détails entre beaucoup de ceux que la parole ou déjà l’écriture avait transmis, en en faisant entrer quelques-uns en une synthèse, ou en les exposant en tenant compte de l’état des églises, en gardant enfin la forme d’une proclamation, afin de pouvoir ainsi toujours nous communiquer des choses vraies et authentiques sur Jésus » (Dei Verbum n°19).

Les de l’Incarnation rapportent des faits historiques avérés, incarnés. La vraie théologie se construit sur la vérité de l’Incarnation et la vérité de l’histoire. Le Christ est la vérité.

P. 58 « On ne peut guère croire à la fois à l’Incarnation et en la conception virginale » :

Toujours aussi ahurissant ! Après une série de raisonnements et de présupposés tordus (par ex. "ils ne savaient pas à l’époque comment se faisaient les enfants", "le verset 35 a sans doute été ajouté plus tard", "si la partie paternelle vient de l’Esprit Saint, c’est l’Esprit Saint qui s’incarne (sic)"), on nous explique que s’il n’y a pas d’homme, Jésus n’est pas homme véritable et que l’Incarnation exclut la conception virginale alors que c’est tout le contraire : la conception virginale est le sceau de l’Incarnation !

Car il est vraiment descendu du Ciel. Il s’est fait chair et Il a habité parmi nous comme dit Saint Jean qui – selon l’auteur – "ne croyait pas en la conception virginale" (sic) …

Or Jean proclame dès le début de son Évangile qu’Il est « venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli. Mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, lui qui ne fut engendré ni du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu. Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité ».

Quand il décrit la venue du Verbe au monde, est-ce que Jean parle d’un engendrement humain naturel ou du mystère d’une conception tout à fait particulière ?

P. 80 « Que Marie ait été Mère de famille nombreuse, voilà une affirmation qui ne pose plus de problème aux historiens, ni aux exégètes (même si tous ne l’avouent pas nettement) » :

N’importe quoi à la puissance 10, mais c’est la partie centrale du livre … Il faut savoir par ailleurs que l’affirmation que Marie est « toujours Vierge » fait partie de la foi commune de toutes les Églises catholiques et de toutes les Églises orthodoxes depuis toujours. C’est même un dogme de foi catholique, rappelé par Pie XII lorsqu’il a défini le dogme de l’Assomption :

« Marie, l’Immaculée, Mère de Dieu, toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste ».

P 90 « L’auteur de l’Évangile signé de Jean était imprégné de culture grecque et s’adressait à un public de même culture. Il utilise le mot adelphoï pour parler des frères de Jésus. L’argument d’un texte primitif araméen ou hébreu ne peut être retenu » :

Tout est inexact. Jean était de culture hébraïque d’abord et sa langue maternelle était l’araméen, comme pour Jésus et tous les Apôtres. C’est dans cette culture orale que se sont fixés les récits et le titre des "frères de Jésus" qui honorait ses proches.

Impossible évidemment de reprendre ensuite ce "titre de gloire" reconnu aux proches cousins de Jésus, quand l’Évangile fut écrit ou traduit en grec des dizaines d’années plus tard …

P. 91 « Il se trouve que seul Jean raconte la scène de Marie au pied de la Croix. Pour les trois autres évangélistes, Marie n’y était pas » :

Quand un Évangile affirme quelque chose et que les autres n’en parlent pas, c’est faux. Ce principe est complètement absurde et heurte le sens commun. Il est évident qu’ils ne pouvaient pas tout dire et qu’ils ont sélectionné parmi 1 000 choses importantes : « Les auteurs sacrés ont composé les quatre Évangiles, en triant certains détails entre beaucoup de ceux que la parole ou déjà l’écriture avait transmis (…) afin de pouvoir ainsi toujours nous communiquer des choses vraies et authentiques sur Jésus » (Constitution dogmatique Dei Verbum n°19).

Si Jean dit que Marie était à la Croix c’est tout simplement parce qu’elle y était. Jean écrit après les autres et il "corrige" les synoptiques, en rapportant les faits importants qu’ils n’ont pas mentionnés, et il choisit lui aussi car "il y a encore bien d’autres choses qu’a faites Jésus" (Jn 21,25).

P. 91 « À propos de Cana, Xavier Léon-Dufour avait écrit : "La conclusion s’impose, le récit de Cana n’est pas de type biographique" » :

Cana serait une parabole ! On trouve toujours toutes les opinions possibles dans les théories des exégètes mais pourquoi ne pas donner le moindre argument sérieux pour crédibiliser une affirmation aussi contraire au récit des ?

Notons en passant qu’aux dernières nouvelles (P. 198), le P. Léon-Dufour nie lui-même avoir affirmé que le récit n’aurait "aucun appui événementiel". Que reste-t-il de l’argumentation qui ne

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