Les pères de l’Eglise méditent la sainteté de Marie

Dès les premiers siècles de l’Église, les Pères ont reconnu en Marie une pureté exceptionnelle, reflet de sa vocation unique comme Mère du Christ, en la présentant comme l’archétype de l’humanité restaurée par la grâce divine. Cette doctrine, fondée sur une riche tradition patristique, éclaire la profondeur spirituelle de l’Immaculée Conception, soulignant le privilège accordé à Marie d’être préservée du péché dès l’origine de sa vie.


Dès le II° siècle, la doctrine de l'Immaculée conception est implicite dans le fréquent parallélisme Ève/Marie (St Irénée, St Justin, Tertullien).

St Hyppolite dit que le Sauveur est « une arche faite avec des bois (la Bienheureuse Vierge Marie) non sujets à la putréfaction de la faute.

La théologie patristique emprunte la "voie de la beauté" : « Toute l'humanité, dans toute la splendeur de sa noblesse immaculée, reçoit son ancienne beauté » (St André de Crète), etc.

S'appuyant sur Lc 1, 28 et Lc 1,35, les Pères grecs et orientaux avaient admis une purification opérée en Marie par la grâce de l'Esprit Saint,

  • soit au moment même de l'Incarnation (saint Ephrem, Sévérien de Gabala, Jacques de Saroug)

  • soit avant l'Incarnation (saint Grégoire de Nazianze, Oratio 38, 16)

  • soit dès le commencement de sa vie :

Theoteknos de Livias semble réclamer pour Marie une pureté absolue dès le commencement de sa vie. « Elle naît comme les chérubins, celle qui est d'une argile pure et immaculée » (Panégyrique pour la fête de l'Assomption, 5-6). Cette dernière expression rappelle la création du premier homme formé à partir d'une glaise non marquée par le péché.

Saint André de Crète développe encore cette perspective en montrant qu’il s'agit d'un privilège personnel accordé à la femme choisie pour être la Mère du Christ, qui inaugure le temps de la grâce abondante, voulu par Dieu pour toute l'humanité.

Cependant, saint Augustin († 430), tout en admettant que la sainteté personnelle ait été totalement accordée à Marie en tant que Mère de Dieu, refuse néanmoins que celle-ci, à la différence des autres humains, ait été conçue sans péché. En effet, elle bénéficiait, elle aussi, de la grâce de la régénération. De plus, pour saint Augustin, le péché originel se transmettait par le moyen de la libido des parents.


F. Breynaert et Bogusław Gil MIC

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