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© CC BY-SA 4.0/Miguel Palafox
Les mystiques
Italie
Nº 774
1694 – 1775

Saint Paul de la Croix, un grand passionné du Christ

Grande figure de la sainteté, Paul François Danei voit le jour en 1694 à Ovada, au nord de Gênes, au sein d’une famille noble, mais ruinée. Après sept années de vie d’ermite, il crée une nouvelle congrégation axée sur la charité et l’amour de la croix. Celle-ci est tout de suite encouragée par le clergé, et par le pape en personne en 1727. L’ordre des Passionnistes est né. Jalonnée d’expériences mystiques de toutes sortes, la vie de saint Paul de la Croix témoigne d’une proximité permanente avec Dieu et d’un amour extraordinaire du Ciel comme des hommes. Il meurt à Rome le 18 octobre 1775.


Les raisons d'y croire

  • Paul de la Croix a beaucoup écrit : nous avons conservé près de 10 000 lettres de sa main. On n’y trouve absolument aucune erreur doctrinale. C’est d’autant plus remarquable que le saint n’a jamais reçu de formation, ni en théologie ni en philosophie.

  • Loin de se réduire à un simple « changement de cap », ce qu’il vit à l’été 1713 est une authentique illumination surnaturelle, restée inexplicable en termes psychologiques, et dont l’origine est une vision du Christ souffrant. Paul rompt avec tout ce qui constituait son identité et, en quelques semaines, il embrasse une vocation érémitique avec succès sans jamais s’être essayé à la vie contemplative au préalable, ce qui est extrêmement rare.

  • Son désintéressement est total : il refuse l’important héritage d’un oncle qui l’aurait mis à l’abri du besoin sa vie entière.

  • Paul de la Croix mène une vie d’ascèse extrême : jeûnes, veilles, pauvreté volontaire, longues heures de prière. Tout son entourage témoigne de l’extrême frugalité de son alimentation : un seul repas par jour, sans viande ni vin, sans poissons ni sucreries. Cette austérité n’est pas du fanatisme ; elle est joyeusement offerte par amour pour le Christ crucifié. Ce style de vie, incompréhensible du point de vue purement humain, prend sens à la lumière de la foi chrétienne et suggère une profonde union à une réalité transcendante.

  • D’ailleurs, son ascèse est si forte que, sans intervention surnaturelle, il ne pourrait pas vivre et travailler comme il le fait. Un médecin qui l’a examiné a déclaré : « Il devrait être épuisé, mais son regard est clair, son esprit vif. Il vit contre les lois naturelles de la santé. »

  • Par ses prédications et sa présence, il amène des milliers de personnes à la conversion. Les fruits spirituels de son ministère renforcent l’idée que le message chrétien touche l’âme humaine dans sa profondeur.

  • Des miracles dûment authentifiés jalonnent la vie du saint. Paul de la Croix entre par exemple régulièrement en extase pendant la messe, l’adoration, ou même lors de ses prédications. Il reste alors immobile, absorbé, parfois pendant des heures. On doit alors le secouer pour qu’il revienne à lui. Ce genre de phénomène est observé à plusieurs reprises par des prêtres, des laïcs, et même des sceptiques.

  • Durant certaines extases, son corps se soulève légèrement du sol. Un frère passioniste raconte : « Je l’ai vu un soir dans la chapelle, les bras en croix, les yeux levés. Ses pieds ne touchaient plus le sol, même si ce n’était que de quelques centimètres. » Ce phénomène n’est pas fréquent, mais il est mentionné par plusieurs témoins oculaires.

  • Lors de confessions ou d’entretiens spirituels, Paul révèle parfois des péchés ou des blessures spirituelles que les personnes n’ont jamais exprimés . Il le fait avec douceur, dans le but d’amener à la repentance et à la guérison.

  • Dans des situations précises, des témoins voient une chaleur inexplicable envahir le corps du saint, allant jusqu’à roussir ses vêtements au niveau du cœur. Après sa mort, on s’aperçoit que deux côtes se sont soulevées sans qu’on puisse avancer la moindre explication. Ces « incendies d’amour » ne se sont produits que dans un contexte spirituel lié à la Passion.

  • Paul lui-même ne cherche ni à montrer ni à valoriser ces phénomènes. Il les attribue toujours à la miséricorde de Dieu et non à sa propre sainteté. L’Église, lors de son procès de canonisation (il est béatifié en 1853 et canonisé en 1867), a scrupuleusement examiné ces phénomènes pour en écarter les illusions ou les explications naturelles. Ils sont des manifestations de la présence surnaturelle de Dieu dans la vie d’un homme profondément uni au Christ.


En savoir plus

Prêtre, fondateur et mystique italien, Paolo Francesco Danei vient au monde le 3 janvier 1694 à Ovada, au nord de Gênes. Il est l’aîné d’une famille de seize enfants, dont peu parviennent à l’âge adulte. Ses parents appartiennent à la noblesse locale, mais ils traversent alors une période de grandes difficultés économiques. L’enfant reçoit une éducation assez sommaire et doit aider son père, qui tient un commerce. Mais l’adolescent ne caresse qu’un projet : servir Dieu. En 1713, un double événement va décider de son destin : il a une vision du Christ souffrant, puis il fait la rencontre d’un curé qui perçoit rapidement en lui un élu du Ciel.

Il rompt brutalement avec son milieu et devient ermite. Il le restera sept ans. Il revêt un habit noir propre aux pénitents, sur lequel il coud lui-même un cœur surmonté d’une croix portant les mots : Jesu Christi Passio. Il se fait remarquer des autorités ecclésiastiques comme des fidèles de la région, mais personne ne trouve jamais rien à dire au sujet de son orthodoxie doctrinale ou de sa spiritualité.

L’évêque de son diocèse l’autorise bientôt à s’installer dans une cellule derrière l’église de Castellazzo Bormida. C’est là qu’il crée une nouvelle congrégation, axée sur la charité et l’amour de la croix, et dont la finalité est la conversion des pécheurs les plus endurcis, ceux en qui le fondateur voit immédiatement le visage de Jésus crucifié. La congrégation portera le nom évocateur des « pauvres de Jésus ». En 1727, le pape Benoît XIII l’autorise à être rejoint par quelques compagnons. L’ordre des Clercs déchaussés de la Sainte-Croix et de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ (ou Passionnistes) vient de naître. L’un de ses frères de sang, Jean-Baptiste, le rejoint dans cette aventure.

En 1725, tandis qu’il séjourne à Rome pour le Jubilé, le pape Benoît XIII, qui a entendu parler de ce jeune ermite et de sa congrégation naissante, le rencontre. Il l’apprécie et l’ordonne prêtre le 7 juin 1726. Son successeur, Clément XII, l’autorise ensuite à prêcher des missions. Paul et son frère Jean-Baptiste organisent des missions dans différentes paroisses avec un succès jamais démenti.

La nouvelle règle des Passionnistes est promulguée le 15 mai 1741 par le pape Benoît XIV (à qui nous devons notamment une grille d’interprétation et d’authentification des miracles, toujours en vigueur). La règle des Passionnistes comprend les trois vœux habituels (chasteté, pauvreté et obéissance), auxquels se rajoute un quatrième : vivre et enseigner la Passion du Christ.

À cette époque, saint Paul de la Croix vit des expériences mystiques impressionnantes et inexpliquées : visions, locutions, extases, lévitations, charisme de connaissance, chaleur corporelle supérieure aux capacités d’un corps humain, etc. Aimé des fidèles les plus humbles comme des cardinaux, Paul est l’humilité faite homme : toute sa vie il résiste aux honneurs et à la publicité que maints de ses contemporains voudraient lui faire.

Plus tard, en 1771, il parachève son œuvre en fondant à Tarquinia la branche féminine de la congrégation : les Sœurs Passionnistes de Saint-Paul-de-la-Croix. La cofondatrice et la première supérieure du monastère des sœurs passionnistes n’est autre que la vénérable de Dieu Marie Crucifiée Costantini (Maria Candida Crocifissa, † 1787), figure importante de la spiritualité catholique au XVIIIe siècle. Elle a rencontré Paul de la Croix en 1734.

Lorsqu’il rend son âme à Dieu, le 18 octobre 1775, la congrégation des Passionnistes est déjà considérée comme l’un des plus beaux fleurons de l’Église catholique. Béatifié puis canonisé après de longues enquêtes théologiques et médicales, saint Paul de la Croix a marqué son siècle par sa transparence évangélique et sa recherche de la vérité.

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Au delà

La spiritualité développée par Paul de la Croix a porté beaucoup de fruits spirituels ; les Passionnistes canonisés sont nombreux et illustres. Citons : saint Vincent-Marie Strambi († 1824), confesseur du pape Léon XII, sainte Gemma Galgani († 1903), laïque stigmatisée, saint Gabriel de l’Addolorata († 1862), sainte Maria Goretti, le père Candido Amantini, exorciste du diocèse de Rome, dont la cause en béatification est en cours…


Aller plus loin

Philippe Plet, Saint Paul de la Croix, prédicateur : le fondateur et l’apôtre, Nouvelle Cité, 2008. Peut être consulté en ligne .


En complément

  • Le récit d’ une conversion suscitée par Paul de la Croix , sur le site Internet Codex Dei.

  • Paul de la Croix, Correspondances intégrales, Ecco, 2013.

  • Des extraits de ses écrits peuvent être trouvés en ligne .

  • Philippe Plet, Saint Paul de la croix, mystique : le Journal des 40 jours, Nouvelle Cité, 2008.

  • Saint Paul de la Croix, Lettres à Agnès Grazi, Pierre Téqui, 1982.

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