
Maria Pierina regarde le Visage qui sauve
Née à Milan le 11 septembre 1890, Mariana Pierina De Micheli, voulant mener une vie évangélique, entre dans l’institut des Filles de l’Immaculée Conception de Buenos Aires, fraîchement installé à Milan. Elle approche de ses vingt-quatre ans. Charitable, intelligente, obéissante et humble, elle se verra confier des responsabilités importantes, puisqu’elle sera nommée provinciale de sa congrégation pour l’Italie et supérieure d’un couvent romain. Parallèlement, elle mène une vie mystique d’une rare intensité. Visions, locutions, extases : elle gravit, d’expérience en expérience, le chemin menant à l’union au Christ, qui lui demande de répandre la dévotion à sa Sainte Face. Malgré maintes embûches, elle réussit à faire frapper une médaille représentant le visage du Crucifié. De multiples miracles sont rapportés. Mariana Pierina a été béatifiée le 29 mai 2010.
Les raisons d'y croire
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La bienheureuse n’a rien d’une personne déséquilibrée, illuminée ou immature. Au contraire ! Elle fait preuve d’un solide bon sens, d’une capacité remarquable à « gérer » les soucis quotidiens, à soutenir et à encourager ses sœurs dans des moments difficiles et à lier des contacts fructueux et amicaux avec les laïcs de tous horizons. Elle a occupé des postes à responsabilité au sein de sa congrégation : supérieure d’un couvent à Rome, provinciale pour l’Italie…
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À douze ans, Mariana vit une intense expérience spirituelle en priant devant un crucifix qui lui apparaît comme vivant, empreint d’une expression de tristesse et d’amour. Bouleversée, elle embrasse tendrement le visage de Jésus. Ce geste marque le début de sa dévotion pour la Sainte Face du Christ.
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Lors d’une extase, en 1938, le Christ lui dit : « Je voudrais que ma Face, qui reflète les souffrances et l’amour de mon Cœur, soit plus honorée ; qui me contemple me console […]. Toutes les fois que l’on contemplera ma Face, je répandrai l’amour dans les cœurs... » Du jour de cette locution, qui fait écho au crucifix devenu vivant dans son enfance, la bienheureuse va consacrer sa volonté et son intelligence à faire frapper une médaille qui verra le jour malgré d’innombrables embûches inexplicables.
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Cette vision du Christ est suivie peu après d’une apparition de la Vierge Marie, le 31 mai 1938, dans la chapelle du noviciat de son couvent. Marie tient ce jour-là un scapulaire représentant la Sainte Face, appelé par elle le « gage de miséricorde et remède divin » aux maux du monde. Elle lui demande de diffuser cette image et de l’honorer, en particulier le dernier mardi avant le carême. Ces faits sont relatés dans un courrier de la bienheureuse envoyé personnellement au pape Pie XII, qui n’a jamais remis en question les dires de la sœur.
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Comme c’est le cas pour toutes les saintes et les mystiques chrétiens authentiques, les expériences extraordinaires qui jalonnent la vie de la bienheureuse Mariana, loin de l’isoler, de la marginaliser, ou de la rendre malade, lui donnent une énergie inconcevable, lui permettant d’affronter et de surmonter toutes les difficultés du quotidien, que ce soit dans l’ordre économique, administratif, psychologique, moral ou spirituel. Ses dialogues avec Jésus et sa dévotion à la Sainte Face emplissent manifestement la religieuse d’une force intérieure et de dispositions très supérieures à ses facultés naturelles.
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Douée d’un solide sens pratique, la bienheureuse s’aperçoit qu’il est difficile de fabriquer des scapulaires. Elle a l’idée de faire graver le visage de Jésus sur les deux faces d’une médaille. Peu après, la Vierge lui apparaît une seconde fois en la rassurant : les médailles seront accompagnées des promesses liées au port du scapulaire.
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Un miracle a rendu possible la diffusion des médailles, dont les circonstances ont été transmises par la bienheureuse à Pie XII, également par courrier : après avoir retenu une photographie du Saint Suaire par Giovanni Bruner comme future image pour la médaille, Mariana obtient l’autorisation de l’archevêché de Milan, le 9 août 1940, de diffuser celle-ci. Mais l’argent manque totalement et l’opération risque de tourner au fiasco. « Quelques jours avant qu’on me livre les médailles, je trouvai sur la table de ma chambre une enveloppe, je regarde et je vois 11 200 lires. C’était exactement la somme que je devais payer. Les médailles furent toutes distribuées gratuitement et la Providence se répéta plusieurs fois pour d’autres commandes. »
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La diffusion à grande échelle des médailles portant l’image de la Sainte Face est tout à fait remarquable. Répandue rapidement dans toute l’Italie dès 1940, dans toutes les couches sociales, cette médaille génère des miracles ; en particulier, les nombreux militaires de tous grades qui la portèrent n’ont jamais été blessés ni tués lors de la Seconde Guerre mondiale, bien qu’il était très improbable de sortir indemne des combats effroyables auxquels ils prirent part.
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Lors du procès de béatification, le confesseur de Mariana, le père Gregori, bénédictin, a témoigné sous serment du fait suivant : plusieurs condamnés à mort reçurent la médaille de la Sainte Face au cours de la guerre ; pour aucun d’entre eux, la sentence ne fut exécutée.
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La bienheureuse souffrit également d’attaques démoniaques, y compris sur le plan physique, qui ont été constatées à plusieurs reprises par les religieuses des communautés où elle vécut. Parmi ces sévices, il y eut notamment un vacarme nocturne, entendu la nuit dans tout le couvent, des médailles étrangement abîmées, des voix gutturales inconnues proférant des menaces à l’encontre de la bienheureuse, etc.
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La guérison survenue après la mort de Mariana et qui a permis sa béatification est incroyable : Vittorio Ianni, italien de cinquante ans, est frappé en 1988 d’une « attaque cérébrale ischémique ». Il s’en sort de justesse. Mais, en 1993, il est hospitalisé en raison d’un anévrisme de l’aorte suivi d’une hypertension sévère qui provoque un grave accident vasculaire cérébral. Paraplégique, plongé dans le coma, le diagnostic vital est engagé. Son fils attache alors au poignet de son père une médaille avec l’image de la Sainte Face, en priant la servante de Dieu pour sa guérison. Le lendemain, 26 janvier 1994, Vittorio sort du coma, se réveille, demande de la nourriture et montre une « nette reprise de l’activité motrice ». Le mois suivant, des examens médicaux poussés confirment une guérison absolument surprenante.
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En la proclamant bienheureuse en 2010, l’Église, après plusieurs années d’enquête pluridisciplinaire et rigoureuse à tous niveaux, a pleinement authentifié la qualité exceptionnelle des vertus de Maria Pierina, la profondeur de sa foi et la vérité de ses miracles.
En savoir plus
Mariana Pierina (née Giuseppina) De Micheli vient au monde à Milan (Italie), le 11 septembre 1890, dans une famille pieuse de treize enfants. Ses parents lui transmettent la foi dans une atmosphère de joie et de paix que la bienheureuse n’oubliera jamais. Malheureusement, son père meurt de façon prématurée. La fillette éprouve une grande douleur et il lui faudra bien des mois pour qu’elle retrouve sa joie de vivre.
Autre difficulté, sa santé est chancelante et elle doit périodiquement subir des examens médicaux et garder la chambre. Cependant, elle parvient dans la prière à surmonter ces épreuves avec un courage exemplaire.
Scolarisée dans un établissement catholique de Milan, elle apprend d’abord la couture, puis reçoit une formation musicale, apprenant le clavecin et le violon, et étudie le latin. Dès son adolescence, elle fait le catéchisme aux enfants de sa paroisse.
Sa vie spirituelle est très tôt comblée de faveurs extraordinaires. En 1902, tandis qu’elle prie devant un crucifix, celui-ci lui apparaît comme vivant pendant quelques instants. Elle entend intérieurement une voix, qu’elle reconnaît comme celle de Jésus, lui dire : « Personne ne me donne un baiser d’amour sur le visage, pour réparer le baiser de Judas. » Très émue, Mariana s’approche du crucifix et embrasse le visage de Jésus avec une grande tendresse. Ce geste simple, inspiré, devient le point de départ de toute sa vie spirituelle et de son amour pour la Sainte Face.
Deux de ses sœurs deviennent religieuses et un frère est ordonné prêtre. Giuseppina veut elle aussi servir Dieu du mieux qu’elle le peut. Le 15 octobre 1913 – elle a alors vingt-trois ans –, elle entre à l’institut des Filles de l’Immaculée Conception de Buenos Aires, fraîchement installé à Milan, où elle prend le nom de sœur Maria Pierina, après une période d’hésitation pendant laquelle elle éprouve quelques remords d’abandonner sa mère âgée, devenue veuve quelques années auparavant.
Elle fait sa première profession le 23 mai 1915. Elle se révèle une moniale modèle en tous points. D’une obéissance absolue, parfaitement intégrée dans sa communauté, elle fait preuve d’une charité sans limite et d’une immense délicatesse envers toutes les religieuses. Consciencieuse, intelligente, organisatrice désintéressée, elle se verra confier des responsabilités importantes au sein de sa congrégation. En 1919, elle est envoyée en Argentine. Elle y reste deux ans, puis, après sa profession solennelle, elle est renvoyée en Italie, où elle est chargée de fonder une nouvelle communauté, à Rome. En 1940, elle est nommée provinciale pour tout le pays.
La dévotion à la Sainte Face de Jésus est l’œuvre de sa vie. Elle informe le pape Pie XII de ses visions : « Le 31 mai 1938, alors que je priais dans la chapelle de mon noviciat, une Belle Femme se présenta à moi : elle tenait à la main un scapulaire formé de deux morceaux de flanelle blanche, unis par un cordon. L’un des morceaux portait l’image du Saint Visage de Jésus, l’autre une hostie entourée de rayons. Elle s’approcha […] : "Écoute bien […]. Ce scapulaire est […] un bouclier de force, un gage d’amour et de miséricorde que Jésus veut donner au monde […]. Des filets diaboliques sont tendus pour arracher la foi des cœurs […]. Un remède divin est nécessaire et ce remède, c’est le Saint Visage de Jésus. Tous ceux qui endosseront un scapulaire comme celui-ci et feront, si possible tous les mardis, une visite au saint sacrement pour réparer les outrages qu’a reçus Son Saint Visage durant sa Passion, et qu’il reçoit tous les jours dans le sacrement eucharistique, seront fortifiés dans la foi [...], ils auront de plus une mort sereine sous l’aimable regard de mon Divin Fils." » Aucune des paroles recueillies lors des dialogues avec le Christ ne souffre de la moindre erreur, approximation ou imprécision doctrinale.
La vie mystique de la bienheureuse est d’une élévation extraordinaire, allant jusqu’à l’union avec Dieu. En février 1942, Jésus lui explique : « Sois tranquille, ton cœur, c’est moi qui l’ai conservé pur, sans aucun mérite de ta part, pour en faire l’objet de mes complaisances. »
Mariana s’éteint le 26 juillet 1945 à Centonara di Arto (Piémont, Italie).
En 1962, l’Église ouvre sa cause en béatification. Le 17 décembre 2007, le pape Benoît XVI lui reconnaît le titre de vénérable, puis, le 29 mai 2010, béatifie cette humble religieuse dans la basilique Sainte-Marie-Majeure, à Rome. Pour beaucoup, la bienheureuse était avant tout l’apôtre de la Sainte Face.
Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.
Aller plus loin
Sur le site Internet 30 jours dans l’Église et le monde, l’article de Davide Malacaria et la galerie photo « Mère Pierina et le Visage de Jésus ».
En complément
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Sur le site Santi e Beati : « Beata Maria Pierina (Giuseppa Maria) De Micheli » (en italien).
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Maria Ildefonsa Rigamonti, Missionary or messenger of the Holy Face : Sister Maria Pierina de Micheli, St. Leonards-on-Sea, King Bros., 1957.
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Une vidéo de présentation de la médaille, diffusée par Maria Perina : « The Holy Face Scapular & Medal » (en anglais).
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L’apparition du 31 mai 1938 est relatée dans la rubrique Un saint, un miracle .
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La notice biographique de la bienheureuse, sur le site Internet de sa congrégation (en italien).
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Une biographie et une vidéo sont disponibles sur le site Internet des Filles de l’Immaculée Conception de Buenos Aires .
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L’association de la Sainte Face , en anglais.