
Les reliques miraculeuses de saint Nicolas de Tolentino
Les reliques de saint Nicolas de Tolentino († 1305) sont particulièrement vénérées et entourées d’une riche tradition spirituelle et miraculeuse. Fêté le 10 septembre, il est reconnu comme un intercesseur puissant, notamment pour les âmes du purgatoire. Aujourd’hui, son corps repose dans la basilique Saint-Nicolas, à Tolentino, dans la région des Marches (Italie centrale), où il attire de nombreux pèlerins. La chapelle où se trouve sa dépouille est richement décorée d’une série de peintures illustrant sa vie, ses miracles, et le culte fervent qui lui est rendu au fil des siècles.
Les raisons d'y croire
-
Nicolas de Tolentino incarne un idéal de vie religieuse : prière constante, dépouillement, charité et service. Dès son vivant, il jouit d’une réelle renommée de sainteté, renforcée par de nombreux témoignages de guérisons et de miracles .
-
Plusieurs exhumations de sa dépouille furent réalisées au cours des siècles, notamment dans le cadre de son procès en canonisation. En 1345, la première exhumation révèle que ses bras sont miraculeusement préservés, tandis que le reste du corps présente les marques normales de décomposition. Ce phénomène mystérieux est non seulement interprété comme un signe manifeste de sainteté, mais il fait aussi écho à la vie éternelle et à la résurrection corporelle promise par le Christ.
-
Un moine allemand, désireux de prélever les bras du fameux thaumaturge, tente de les détacher du corps. Mais les membres se mettent alors à saigner, comme s’ils étaient encore animés de vie. Nicolas de Tolentino est pourtant décédé depuis près de quarante ans. Les bras sont soigneusement déposés dans des reliquaires en argent, où ils sont demeurés jusqu’à aujourd’hui des objets de vénération.
-
Nicolas de Tolentino est canonisé dès 1446 par le pape Eugène IV, confirmant ainsi la ferveur populaire qui l’entoure. À cette époque, lors de la reconnaissance des reliques pour la canonisation, les bras sont encore intacts, malgré le temps écoulé.
-
Les chroniques religieuses rapportent plusieurs périodes durant lesquels les bras de saint Nicolas de Tolentino ont recommencé à saigner, spontanément. On recense environ une vingtaine d’effusions de sang documentées, survenant chaque fois dans des contextes de crise spirituelle, de guerre ou d’épidémie (chute de Rhodes en 1522, peste de Rome en 1656…). Ces phénomènes extraordinaires rappellent que Dieu se manifeste pour soutenir son peuple, pour appeler à la conversion et pour offrir l’espérance dans les épreuves.
-
Ces signes ont profondément marqué la piété populaire locale. Ils sont le fondement d’un rite spécial à Tolentino : chaque 10 septembre, à l’occasion de la fête du saint, les linges du reliquaire, imbibés de sang, et les reliques sont solennellement portés en procession à travers la ville.
-
Dans la basilique San Nicola da Tolentino, une chapelle spécialement dédiée à la vénération de ses reliques, appelée la « cappella delle Sacre Braccia » (« chapelle des Bras Sacrés »), a été édifiée au cours du XVIe siècle. Les murs de la chapelle sont couverts d’une remarquable collection d’ex-voto – près de 400 pièces datant du XVe au XIXe siècle – qui offrent un témoignage unique des grâces reçues par l’intercession du saint ou par ses reliques, médiatrices de la grâce divine.
En savoir plus
Nicolas de Tolentino (1246 – 1305) est un moine augustin italien. Entré très jeune au couvent, il se distingue par ses prières incessantes et ses actes de charité. Il consacre sa vie à la compassion et à l’intercession spirituelle, faisant preuve notamment d’un dévouement exceptionnel envers les âmes du purgatoire, pour lesquelles il prie avec ferveur afin de faciliter leur délivrance. Il est gratifié de nombreux miracles, notamment des guérisons par l’intermédiaire des « petits pains », qu’il bénit avant de distribuer , sans jamais chercher la gloire personnelle.
Il encourage les personnes souffrantes à poser un acte de foi et croit fermement que c’est par la grâce de Dieu, et non par ses propres mérites, que les miracles se réalisent. Sa confiance totale en la puissance divine le rend particulièrement serein et humble lors de ces événements extraordinaires, qu’il perçoit comme des signes de la miséricorde de Dieu envers les souffrants.
Après son décès, le culte en son honneur se répand rapidement, porté par des témoignages de miracles qui confirment sa réputation de sainteté. Sa canonisation officielle a lieu en 1446, par le pape Eugène IV. Nicolas de Tolentino devient le premier saint de son ordre, les Ermites de Saint-Augustin.
Un aspect important de ce culte réside dans la distribution et la conservation de ses reliques – ossements, vêtements liturgiques, ceinturon ou corde –, que l’on retrouve dans divers monastères augustins à travers le monde, notamment en Italie, en Espagne et même jusqu’aux Philippines. Parmi ces reliques, les bras de Nicolas de Tolentino sont particulièrement vénérés, conservés dans la basilique San Nicola da Tolentino, située dans sa ville natale de Tolentino, dans la région des Marches, en Italie.
La basilique San Nicola da Tolentino, construite principalement aux XVIe et XVIIe siècles, est un joyau de l’architecture religieuse baroque. Elle témoigne du rayonnement du culte de saint Nicolas à travers son riche décor intérieur, ses fresques et ses chapelles ornées de peintures évoquant sa vie et ses miracles. L’édifice présente une façade sobre contrastant avec un intérieur lumineux et orné, où les reliquaires, notamment celui contenant les bras du saint, occupent une place centrale dans la dévotion des pèlerins. Ce sanctuaire continue d’attirer des visiteurs du monde entier, témoignant de l’importance historique, spirituelle et artistique de Nicolas de Tolentino dans la tradition augustinienne et catholique.
Solveig Parent
Au delà
Les reliques, vestiges corporels ou objets ayant appartenu à un saint, occupent une place importante dans la tradition chrétienne depuis les premiers siècles de l’Église. L’Église reconnaît officiellement leur rôle spirituel : elles favorisent la communion des fidèles avec le Christ par l’intercession des saints. Les reliques rappellent que les saints vivent en Dieu et intercèdent pour l’Église. Elles ne sont donc pas vénérées pour elles-mêmes, mais en tant que médiateurs de la grâce divine. La vénération des reliques participe ainsi à la dimension sacramentelle de la foi, où le visible devient instrument de la présence invisible de Dieu parmi son peuple.
Aller plus loin
Nicola Occhioni, Il processo per la canonizzazione di San Nicola da Tolentino, Publications de l’École Française de Rome, 1984. Cette étude approfondie de la documentation du procès de canonisation peut être consultée en ligne (en italien).
En complément
-
Antonin Tonna-Barthet, Vie de saint Nicolas de Tolentino, Éditions Saint-Rémi, 2011. Une édition antérieure peut être consultée en ligne (Desclée, de Brouwer et Cie, 1896).
-
Pietro da Monterubbiano, Historia beati Nicolai de Tolentino, édition commentée par F. Santi, 2007.
-
L’étude d’Élisabeth Antoine pour le musée national du Moyen Âge : « L’image d’un saint thaumaturge : les ex-voto de Saint-Nicolas de Tolentino ». En ligne .
-
Plusieurs pages consacrées à saint Nicolas sur le site du sanctuaire de Tolentino (en italien).
-
Le récit de la première exhumation de la dépouille de Nicolas de Tolentino.
-
Le récit d’ un miracle obtenu par son intercession .
-
L’article 1 000 raisons de croire : « Les panini benedetti de saint Nicolas de Tolentino ».