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© Shutterstock/Al Carrera
Les apparitions et interventions mariales
El Cajas (Équateur)
Nº 730
28 août 1988 – 3 mars 1990

Dans le Jardin de la Vierge, Marie parle au monde

Du 28 août 1988 au 3 mars 1990, l’Équatorienne Patricia Talbot Borrero, dix-sept ans, voit la Vierge à cent douze reprises. Elle reçoit aussi la visite du Christ et d’anges, et reçoit des messages d’allure prophétique. En juin 1989, Marie montre à la voyante un lieu situé à 3 500 mètres d’altitude, le « Jardin de la Vierge » (El Cajas), où elle désire être honorée. Des foules y accourent bientôt. Constatant les fruits spirituels qui surgissent en ce lieu, El Cajas a été proclamé sanctuaire marial le 8 décembre 2002 par Mgr Vicente Rodrigo Cisneros Duran, président de la Conférence épiscopale d’Équateur.


Les raisons d'y croire

  • La famille de Patricia est de tradition catholique, mais ne pratique qu’occasionnellement. Ses parents sont divorcés et aucun membre de la famille n’est particulièrement attiré par les choses de la foi. À l’été 1988, la jeune fille ne songe qu’à devenir mannequin, bien loin de toutes préoccupations mystiques. Son vécu, son éducation et ses goûts ne la portent nullement au merveilleux, et son existence est guidée par une rationalité manifeste. Sur ce point, tous les témoignages concordent.

  • Personne n’est aujourd’hui capable d’expliquer la réalité des multiples fruits évangéliques qui sont survenus, parallèlement aux apparitions, sur le lieu d’El Cajas, mais qui ont été constatés et consignés par les enquêteurs : guérisons inexplicables, prophéties, conversions extraordinaires, inattendues ou inexplicables, retours à la pratique religieuse, création de groupe de prière en lien avec le clergé diocésain, vocations sacerdotales et contemplatives, climat de paix, redécouverte de la Parole de Dieu, vagues de charité sur tout le diocèse de Cuenca…

  • À commencer par Patricia elle-même : tout au long des apparitions, puis dans les années qui suivent, Patricia Talbot fait montre d’une pratique religieuse sincère, d’une foi et d’une charité débordantes. En 1991, elle se marie à Andres Vega Cordoba, avec lequel elle a construit une famille chrétienne exemplaire.

  • Son comportement est celui d’une personne parfaitement honnête : obéissance à l’évêque de Cuenca, même lorsqu’il lui ordonne de ne pas évoquer les messages reçus, esprit de pauvreté (elle ne bénéficie d’aucun enrichissement consécutif à la venue des très nombreux pèlerins), humilité (jamais elle ne recherche la moindre publicité).

  • Patricia fait aussi l’objet d’un examen psychiatrique, mené par le docteur Ricardo Castanon Gomez. Les résultats attestent qu’elle est psychiquement saine, sans pathologie détectée ni anomalie de personnalité. Cela soutient l’idée qu’elle ne souffre pas d’hallucination, n’invente et ne simule pas.

  • À l’instar d’autres apparitions authentiques, celles d’El Cajas ne se réduisent pas à des expériences intérieures, à des phénomènes sensoriels. Ces apparitions mariales comportent un enseignement chrétien de premier plan, dont une urgence à croire et à se convertir sur laquelle chacun des messages recueillis insiste. Les messages de la Vierge transmis par Patricia ne présentent aucune tentative d’ajout ou de suppression doctrinale, ni d’invention liturgique. Ce sont des invitations de portée évangélique à la prière, à la paix, à la pénitence, etc.

  • Lors de l’une des apparitions d’octobre 1988, à Mexico, Patricia demande un signe à la Vierge Marie. L’instant d’après, la responsable du groupe, Bernardita Gerves, vingt-neuf ans, voit à son tour et reçoit aussi des « grâces spéciales de conversion et de mission ». C’est pour Patricia une confirmation supplémentaire qu’elle ne se trompe pas dans ce qu’elle vit.

  • En janvier 1990, un chapelet appartenant à Patricia verse des larmes. Les témoins oculaires se comptent par dizaines. Personne n’a jamais pu expliquer ce phénomène.

  • Lors de la dernière apparition, le 3 mars 1990, près de 115 000 personnes sont rassemblées sur le lieu des apparitions, à El Cajas. Une telle affluence renforce la conviction d’un événement réel, objectif et partagé collectivement.

  • Les apparitions ont lieu sur une période de dix-huit mois. Elles se produisent dans différents lieux : initialement dans la chambre de Patricia, puis en divers sites (Mexique, chapelles de Quito, Guayaquil, Paute), et surtout dans un lieu spécifique à El Cajas. Au total, Patricia comptabilise cent douze apparitions de la Vierge. Cette constance, sur un an et demi, est perçue comme un gage d’authenticité.

  • Informé, l’évêque de Cuenca, Mgr Luis Alberto Luna Tobar, se montre d’abord réservé. Les révélations privées ont un statut bien défini dans l’Église, et la prudence en matière de discernement est une vertu essentielle reçue par grâce. Mgr Tobar, par sa formation au sein des Carmes et sa sensibilité spirituelle, est un remarquable connaisseur de la mystique catholique et des révélations privées. Avisé et rigoureux jusque dans les moindres aspects du phénomène, il est à l’opposé du croyant crédule et de la religiosité populaire. Il assouplit progressivement publiquement sa position vis-à-vis d’El Cajas et rencontre la voyante à plusieurs reprises.

  • Ses successeurs sont allés plus loin en déclarant le lieu sanctuaire marial. Puis, le couronnement officiel d’une statue en 2013 représente un acte ecclésial d’une grande importance qui légitime le sanctuaire et le pèlerinage d’El Cajas.


En savoir plus

À l’été 1988, Patricia Talbot Borerro, dix-sept ans, habitante de Cuenca, en Équateur, songe à devenir mannequin. Troisième enfant de parents divorcés, elle n’a jamais été attirée par les choses de la foi, quoique sa famille soit catholique de tradition.

Le 28 août 1988, à 4 h 30 du matin, Patrica est réveillée dans sa chambre par une « lumière brillante » dont elle ignore l’origine. Quelque peu effrayée, elle se cache sous sa couverture, puis relève la tête l’instant suivant. Elle voit alors une « belle dame à l’intérieur de la lumière ». Elle entend ces mots : « Ne crains pas. Je suis ta mère du Ciel. Croise les mains sur ta poitrine et prie. Prie beaucoup pour la paix du monde. Je t’aime beaucoup, ma petite. Prie pour les prêtres, les religieux, parce que Satan est en train de les tenter […]. Je désire que toi, ma petite fille, tu me fasses un autel ici avec des cierges bénits. Je suis la gardienne de la foi et je serai toujours avec toi. »

Patricia n’en mène pas large. Elle croise les bras et commence à dire un Notre Père. « Pas ainsi, pas ainsi ! », lui dit l’apparition, qui lui apprend alors à réciter doucement la prière. Lorsque Patricia termine le Notre Père, l’apparition disparaît, laissant derrière elle un parfum de roses extraordinaire.

La Vierge apparaît de nouveau à Patricia à deux reprises dans les jours qui suivent, dans sa chambre puis dans la cathédrale de Quito.

Le mois suivant, la jeune fille se rend au sanctuaire Notre-Dame de Guadalupe, à Mexico. Là, Marie la visite en fin d’après-midi. La voyante racontera qu’elle vit ce jour-là la Mère de Dieu comme une personne bien vivante, avec un corps humain. Avec une belle voix inoubliable, l’apparition lui dit : « Ma petite, je suis heureuse de te voir. N’aie pas peur. »

Très émue, Patricia lui demande pourquoi c’est elle que Dieu a choisie, une personne modeste sans connaissances particulières, qui n’est en rien une sainte. « Jésus est un médecin qui vient guérir les malades », lui répond l’apparition. Patricia lui demande alors un signe. L’instant d’après, sa camarade, Bernardita Gerves, vingt-neuf ans, avec laquelle elle est venue à Mexico, voit à son tour.

L’instant d’après, Patricia a une nouvelle vision : celle d’enfants nus de toutes les races, portant des plaies sur leur corps, dans un « grand champ d’où sortaient des nuages de fumée ». Marie lui prend les mains. La voyante sent avec une certitude absolue la chaleur et la souplesse de la peau de la Vierge contre la sienne. Elle reçoit ce message : « Prie beaucoup pour la paix du monde […]. Je suis en train d’arrêter la main de mon Fils : changez et convertissez-vous. »

Le lendemain, la Vierge lui apparaît à nouveau, à l’intérieur de la basilique du sanctuaire de Guadalupe, « posée sur un nuage, déchaussée, avec un voile bleu qui lui couvre la tête et descend jusqu’aux chevilles, de grands yeux en amande couleur miel comme la chevelure qui sont du côté du voile et une couronne de douze étoiles autour de la tête ». Ses bras sont tendus en avant et elle porte un chapelet de couleur café dans la main droite. Patricia reçoit ce message : « Priez le rosaire qui est le bouclier contre le mal [...]. Ayez dans vos foyers le Cœur de Jésus qui vous maintiendra unis et en paix. Faites pénitence et jeûnez. Avec la prière, vous arriverez au Cœur de mon Fils. » Ce jour-là, Marie invite la voyante à faire connaître ses demandes.

Trois jours plus tard, les apparitions se poursuivent. Marie lui enseigne un « secret » que Patricia devra garder pour elle jusqu’à nouvel ordre, et lui annonce : « Mes enfants, si vous vous convertissez, le Cœur de mon Fils s’adoucira. »

Bouleversée, Patricia, une fois revenue dans son pays, informe l’évêque de Cuenca, qui, en qualité de religieux carme, est un fin connaisseur des apparitions et des révélations privées. Le prélat ne s’empresse guère de prendre une quelconque décision mais réunit en revanche toutes les informations disponibles sur les événements. De son côté, Patricia réunit un groupe de prière chaque samedi.

Le 1er décembre 1988, dans la chapelle du collège des dominicaines de Cuenca, Patricia tombe en extase et recueille un nouveau message de la Vierge : « Je veux que le chapelet du 8 décembre soit récité dans un lieu ouvert : faites qu’il soit connu de toutes parts dans votre pays. » Malgré ses réserves, l’évêque de Cuenca autorise cette réunion dans une rotonde où saint Jean-Paul II avait célébré la messe en 1985. Deux mille personnes s’y rendent.

Le 26 décembre suivant, l’apparition demande l’ouverture d’un « vestiaire des pauvres », sorte d’asile où les démunis pourront trouver aide et réconfort. Puis, en juin 1989, Marie montre à Patricia un lieu qu’elle a choisi pour être honorée, le « jardin de la Vierge » : El Cajas, à 3 500 mètres d’altitude. Cette fois, des foules entières y grimpent, quelle que soit la météo.

Le 16 juillet 1989, la Vierge apparaît accompagnée des archanges saint Michel et saint Raphaël, et demande des prières pour les âmes du purgatoire, du pape et des prêtres. Enfin, le 5 août 1989, Patricia voit le Christ dans une lumière indescriptible. Peu après, un message de Marie demande à nouveau la conversion du monde et la consécration des fidèles au Sacré-Cœur de Jésus et à son Immaculée Conception. Un crucifix appartenant à Patricia verse des larmes sans que quiconque puisse expliquer ce phénomène.

Au total, du 28 août 1988 au 3 mars 1990, Patricia a comptabilisé cent douze apparitions de la Vierge.

Mgr Tobar, réservé et circonspect au commencement, a enquêté discrètement et a rencontré plusieurs fois Patricia. Il lui a ordonné de ne pas évoquer publiquement qu’elle a reçus. Puis, peu à peu, l’évêque de Cuenca a mesuré l’ampleur du phénomène et la qualité inexplicable des fruits spirituels se produisant depuis des mois autour du sanctuaire. En 1995, il a autorisé le père J. Teran, recteur de l’université de Quito, à organiser un symposium sur ces événements.

Les successeurs de Mgr Tobar ont analysé à leur tour chaque information disponible et interrogé une foule de témoins. C’est ainsi que El Cajas, jardin de la Vierge, a été reconnu publiquement sanctuaire marial, et qu’en 2013, une statue de Notre Dame a été couronnée, attestant officiellement de l’importance spirituelle des événements.

Patrick Sbalchiero, membre de l’Observatoire international des apparitions et des phénomènes mystiques.


Aller plus loin

Mayra de Casares, La Virgen de el Cajas : testimonio de las apariciones, Editorial de la Palabra de Dios, 2021 : témoignage sur les événements liés à El Cajas, les expériences de conversion et de guérison vécues par des témoins, dont l’auteur elle-même.


En complément

  • Patrick Sbalchiero, « Cuenca (Équateur) », dans Dictionnaire des « apparitions » de la Vierge Marie, sous la direction de René Laurentin et Patrick Sbalchiero, Paris, Fayard, 2007, p. 1089-1091.

  • J. Teran Dutari, El Amor de Dios triunfa. La santisima Virgen Maria Madre Guardiana de la fe y las manifestaciones de el Cajas en el Ecuador, Quito, 1991.

  • Le site Internet Maria Por el Mundo, « Nuestra Senora Guardiana de la Fe », qui décrit les principaux messages attribués à la Vierge et le contexte des apparitions.

  • Le site Internet de Siervas de los Corazones Traspasados de Jesus y Maria , « Nuestra Senora Guardiana de la Fe », qui présente le récit biographique de Patricia Talbot, sa vision initiale en août 1988, etc.

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